Après avoir ordonné à ses troupes de tirer, à balles réelles, sur les manifestants aux mains nues de Gao, qui ne demandaient que le retrait de « l’accord partisan » signé entre la Minusma et le MNLA, à l’insu du gouvernement malien, le Forum des organisations de la société civile exige le départ du général Christian Thibault, chef d’état-major de la Minusma. Mais aussi, la prise à son encontre de sanctions à la hauteur de son crime à Gao.
Partout, l’indignation le dispute à la colère. Au nord comme au sud de notre pays. A l’intérieur, comme au sein des Maliens de l’extérieur.Partout, la même question sur toutes les lèvres : pour qui roule la Minusma, dont le chef-d’état major n’est autre que le général Christian Thibault, un Gaulois ?
Informées de la signature d’un « accord secret », visant à faire de la localité de Tabankort une « zone temporaire de sécurité », – parce que reprise au MNLA par les groupes unionistes composés du GATIA, du MAA-loyalistes et des Groupes d’auto-défense comme le Ganda-Koy, le Ganda-Izo etc… – , les populations de Gao se sont rendues au quartier général de la Minusma pour demander son retrait. Car, il a été signé à l’insu du gouvernement malien, disent-elles.
Réponse du chef d’état-major de la Minusma aux manifestants : des tirs à balles réelles, qui se sont soldés par quatre morts et 16 blessés. Colère dans les rangs de la jeunesse songhoï, décidée à finir avec la politique de deux poids, deux mesures, pratiquée au nord par la France à travers le chef d’état-major de la Minusma. Pour les populations de Gao, plus question d’accepter cette discrimination, dont la France s’est rendue coupable, en faisant la part belle au MNLA. Un exemple : deux semaines auparavant, les troupes de la Minusma ont été frappées à coup de pierres, de barres de fer, de gourdin… à Kidal. Mais la Minusma n’a pas daigné tirer le moindre coup de feu. Alors pourquoi a-t-elle ouvert le feu sur les manifestants aux mains à Gao, avec à la clé des morts et des blessés ?
De retour de Gao où, ils viennent de présenter leurs condoléances aux familles des victimes, les organisations de la société civile jugent cette situation inacceptable. Au cours de leur conférence de presse, organisée la semaine dernière à la Maison de la Presse, elles condamnent – avec la dernière rigueur – l’usage de la force contre les populations civile que la Minusma est censée protéger. Mais aussi, le traitement – pour le moins discriminatoire – dont les populations sont victimes de la part de la France, à travers son bras armé : le général Christian Thibault. Ce n’est pas tout.
Mamoutou Diabaté, président du Forum des organisations de la société civile a, en outre, exigé le départ du chef d’état-major de la Minusma, l’artisan de ce bain de sang. Mieux, que des sanctions exemplaires soient prises à son encontre. Sanctions à hauteur de son crime à Gao.
Au –delà des organisations de la société civile, c’est l’ensemble du peuple malien, toutes communautés confondues, qui réclament le départ du général Christian Thibault. Les Maliens dénoncent, aussi, la complaisance de la France et de la Minusma vis-à-vis du MNLA.
Mais du côté des autorités maliennes, le silence est assourdissant. Aucune condamnation de cet acte criminel, perpétré contre nos populations par la Minusma, censée les protéger contre les assauts des narcotrafiquants. Pas une seule journée de deuil décrétée à la mémoire de ces patriotes, tombés sous les balles assassines de la Minusma. Maliens, réveillons-nous ! Car, cette fois-ci, c’est un sommeil de trop. Dormir, c’est mourir un peu ; c’est mourir tout court.
Oumar Babi