Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Le ministre Diop a la veille de la reprise des pourparlers : «Nous n’accepterons pas n’importe quoi; on n’est pas désespéré à ce point»
Publié le jeudi 12 fevrier 2015  |  Le Prétoire
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse du ministre malien des Affaires étrangères, S.E.M Abdoulaye DIOP




Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée quelques heures avant de s’envoler pour Alger, le ministre des Affaires étrangères a appelé les Maliens à ne pas être exagérément optimistes, mais à ne pas être non plus pessimistes.

Chef de file de la délégation gouvernementale aux négociations, Abdoulaye Diop a rappelé que si le document proposé par la médiation ne franchit pas les lignes rouges tracées par le chef de l’Etat, il comporte toutefois des points qu’il faut revoir.

Le moins que l’on peut dire, c’est que le ton, côté gouvernemental, est on ne peut plus confiant, même si le chef de la diplomatie malienne se dit conscient des difficultés qui les attendent à Alger. Devant un parterre d’hommes de média, ce lundi 9 février 2015, en compagnie de son collègue de la Communication, le ministre Diop a réaffirmé la volonté du gouvernement malien à faire en sorte que le futur accord ne contienne pas de compromissions.

En effet, après qu’il se soit félicité du fait que les rounds précédents se sont déroulés dans une ambiance suffisamment responsable, l’orateur s’est dit conscient de l’urgence de la situation, due notamment à la recrudescence des attaques au Nord, y compris dans les zones qui n’en n’ont pas connu auparavant.

«Il faut que nous soyons conscients des dangers qui guettent les pourparlers», prévient-il, même s’il est par ailleurs vrai que des mesures sont en cours pour geler les différentes positions sur le terrain. Selon lui, ce serait faire le jeu de ceux qui ne veulent pas que la paix revienne si nous refusons le dialogue tant que les armes n’aurons pas arrêté de crépiter dans le nord de notre pays.

Parlant du préaccord proposé par la médiation conduite par l’Algérie, Abdoulaye Diop a estimé que le fait de croire que ce document est rejeté par les Maliens n’est ni plus ni moins qu’une question de perception. «Je n’ai pas fait de sondage en tant que tel. J’écoute tous ceux qui s’expriment. Il y a des débats, il y a des tables rondes qui s’expriment sur la question; il y a même eu une réunion parallèle ce week-end.

Je crois que c’est absolument normal que des points de vue divergents s’expriment sur la question. Même dans ces points de vue, il y a des éléments qui nous aident, nous», a estimé le ministre Diop. Quoi qu’il en soit, explique-t-il, tout le monde n’a pas à être d’accord avec le gouvernement dont cette affaire ne saurait être l’apanage.

Ce document constitue d’autant une bonne base de discussion, ajoute-t-il, que l’intégrité territoriale, la souveraineté, la forme territoriale et républicaine y sont préservées. Toutefois, rappelle l’orateur, cela n’occulte pas le fait qu’il contient toujours des éléments qui doivent être discutés. D’où son appel aux Maliens à ne pas être ni exagérément optimistes ni pessimistes.

Comment jongler les désidératas d’une communauté internationale qui, de plus en plus, exprime son impatience et la soif des Maliens de se doter d’un accord digne de ce nom ? En réponse à cette question, le conférencier trouve absolument normal que nos partenaires soient préoccupés par la situation et veuillent que l’on aille vite.

Mais, l’évidence, à l’en croire, c’est que le gouvernement malien ne signera un document que s’il est conscient que celui-ci va dans le sens de l’intérêt du peuple malien. «Nous n’allons pas accepter n’importe quoi; on n’est pas désespéré à ce point», a rassuré le patron de la diplomatie malienne, convaincu qu’il n’y a pas d’alternative autre que le chemin de la paix.

Au sujet de l’ultime round des négociations qui s’ouvriras bientôt dans la capitale algérienne, Abdoulaye Diop affirme que le gouvernement sait cette fois-ci qu’il aura en face les vrais interlocuteurs. «Donc, nous fondons l’espoir au moins que nous allons discuter avec ceux qui décident et non ceux qui sont envoyés pour venir écouter et aller rendre compte à leurs bases», a-t-il fait savoir, espérant que cela leur permettra d’aller au fond des questions qui les divisent.

Appelé à se prononcer sur l’absence de l’opposition à la dernière rencontre du gouvernement avec les forces vives de la nation sur le préaccord, le ministre de l’Economie numérique, de l’information et de la Communication a dit vouloir éviter la polémique.

Ainsi, après qu’il soit brièvement revenu sur ce malentendu, Choguel Kokalla Maïga a estimé que dans la phase où nous sommes, et compte tenu de l’atmosphère de dialogue et de concertation que le Premier ministre a instaurée, le gouvernement souhaite enregistrer cette position de l’opposition et ne pas la commenter outre mesure. «Vous savez, l’opposition prend cette position pour ainsi dire en connaissance de cause. Nous devons respecter ce choix», a martelé le porte-parole du gouvernement.

Il y a lieu de souligner que jamais, depuis l’ouverture des pourparlers à Alger en juillet 2014, les enjeux sécuritaires sur le terrain n’ont été aussi grands que maintenant. Toute chose qui complique davantage la tâche au gouvernement.

C’est pourquoi, des observateurs sont à se demander si, indépendamment même de la pression de plus en plus exercée par la communauté internationale, celui-ci peut se donner le luxe de faire fi des actes terroristes presque quotidiens et la menace d’insécurité alimentaire dans lesquelles baignent les populations nordistes pour poursuivre encore longtemps les négociations.

D’où la crainte que le futur accord ne réponde beaucoup plus à un souci de se conformer au calendrier des partenaires internationaux et aux contraintes sécuritaires sur le terrain, que de doter le pays d’un accord que les Maliens auraient souhaité. Surtout quand on sait que le gouvernement veut éviter de tomber dans le piège de ceux-là qui entretiennent cette situation d’insécurité pour assouvir leurs intérêts.

Bakary SOGODOGO
Commentaires