Face à des interlocuteurs venus lui remettre un manifeste sur la situation sécuritaire et humanitaire de la région, le ministre en charge de l’Action humanitaire s’est dit conscient du calvaire que vivent les populations tombouctiennes. Cette situation, sur laquelle l’Etat est loin d’être indolent, ne devrait pas, a-t-il promis, perdurer.
Ce lundi 9 février 2015, ils étaient des élus locaux et leaders de la société civile venus des différents cercles de la région de Tombouctou à prendre part à une rencontre avec le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du nord, Hamadoun Konaté. Au centre des échanges : un manifeste, fruit d’une concertation au niveau régional sur la situation d’insécurité qui prévaut dans le septentrion, particulièrement dans la 7ème région administrative du Mali.
Dans ce document, auquel ils ont joint un état non exhaustif des actes de banditisme récemment perpétrés dans la région, élus et société civile sollicitent du Gouvernement le déploiement des forces de défense et de sécurité sur toutes les zones non couvertes; l’organisation de patrouilles permanentes entre les localités; le retour effectif de l’administration et de tous les agents de l’Etat à leurs postes. S’y ajoutent la mise à disposition des collectivités des agents pour leur sécurité ; la reprise effective des travaux de la route Gouma Coura-Tombouctou et la sécurisation des partenaires au développement, entre autres.
En effet, il ressort du témoignage d’Abathina Touré, président de la société civile de Goundam, que les équipes des PTF sont quotidiennement braquées et leurs matériels de travail enlevés. Ce, au nez et à la barbe de la Mission onusienne de stabilisation du Mali. «Nous ne comprenons pas le comportement de la Minusma, parce que dans son mandat, l’une de ses missions prioritaires est de protéger la population», soutient Oumou Sall Seck, maire de Goundam.
A en croire l’élue locale, les forces onusiennes sont restées plusieurs fois sourdes aux sollicitations des élus, alors que les forces armées maliennes manquent lamentablement d’effectif et de moyens. Et Madame le maire de caricaturer : «l’armée est isolée, la Minusma en java, la population souffre». Selon elle, si rien n’est fait, les refugiés et autres déplacés qui sont revenus dans leur localité d’origine risquent malheureusement de repartir.
De son côté, le maire de Léré, Cheickna Dicko, a mis l’accent sur la situation de cette zone frontalière de la Mauritanie, dit-il, restée un vrai no man’s land. Une situation qui, a-t-il affirmé, expose plusieurs autres villages au banditisme et au terrorisme.
Aux dires des visiteurs du jour, la situation semble bien pire en ce sens que les Tombouctiens, et même les animaux de la région, risqueraient également une insécurité alimentaire. «Il y a des zones où on ne peut plus parler de culture, à plus forte raison de récoltes», déplore Abithina Touré.
Après avoir religieusement écouté ses interlocuteurs du jour, le ministre Konaté a souligné l’importance de tels échanges, en ce qu’ils se tiennent à une étape particulière de l’histoire de notre pays. Et au moment où l’on s’achemine vers la mise en œuvre des recommandations des états généraux de la décentralisation.
Tout en se montrant conscient de leurs préoccupations, Hamadoun Konaté a rappelé à ses interlocuteurs qu’il n’y a pas une indolence de l’Etat par rapport à cette situation. Il en veut pour preuve le renforcement de la présence des FAMa dans les contrées peu denses en forces, et l’organisation d’une rencontre avec les forces internationales pour mieux sécuriser la population.
«Croyez-moi, cette situation ne perdurera pas. Ceux qui sont en charge du domaine y sont attelés, et nos partenaires sont en train de se ressaisir», a rassuré le ministre de la Solidarité, rappelant toutefois que le Mali reste engagé par rapport à certaines positions qu’il a prises dans le cadre du processus de négociation.
Sur le plan humanitaire, M. Konaté a affirmé qu’il n’est pas question d’attendre que la sécurité revienne avant d’intervenir. D’ailleurs, après les attaques de Bamba et de Youwarou, le Premier ministre a, dit-il, donné des instructions dans ce sens. «Mais, nous ne pouvons rien faire sans votre engagement. Il ne s’agit ni de chasse aux sorcières encore moins de règlement de comptes, mais de développer une chaîne de vigilance», a-t-il interpelé, conscient que l’insécurité est le premier frein à toute action, y compris celles d’urgence.
Bakary SOGODOGO