Depuis 2012 « Mali-Mètre », en collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert réalise des sondages d’opinion sur les questions de gouvernance au Mali. La spécificité de cette année a été Kidal qui a été sondé. Outre Kidal, les villes de Gao et de Menaka ont été concernées. Pour, faire la restitution des travaux Mali- Mètre a convoqué une conférence de presse jeudi dernier à la maison de la presse. Objectif attirer l’attention des leaders et des décideurs sur le point de vue des populations de ces zones de tension.
Pour, le président de la maison de la presse Dramane Alou Koné, le choix de sa structure pour faire la restitution des résultats de ce sondage d’opinion traduit le partenariat fécond qui a toujours prévalu entre la presse et la Fondation germanique. Selon, Mr Koné dés qu’on parle du nord l’opinion pense à un événement important.
Aussi, ajoute t-il cette question du nord intéresse de près l’analyste politique, journaliste et autres leaders d’opinion. Dans son intervention Jan Fahlbusch représentant résident de la Fondation Friedrich Ebert dira que ce sondage d’opinion n’est pas comme les sondages habituels, c’est une édition spéciale. Ces dernières années explique -t-il, Kidal a été évité à cause de l’insécurité. Mais en raison du contexte, il fallait essayer ce pari risqué.
En dehors de Kidal ce sont les régions de Gao et la ville de Ménaka qui ont été sondées. Pour mener à bien ce sondage d’opinion poursuit-il un sondage a été mené auprès de 200 citoyens à Kidal, 180 à Ménaka et 300 à Gao. Le résultat à en croire Jan Fahlbusch n’est pas reluisant. Il révèle que l’inefficacité des institutions de la république, le niveau d’injustice et de corruption sont très élevés. A, sa suite Abdourhamane Dicko, membre de la fondation Friedrich Ebert dira que quand on est malade on pose le diagnostic et on trouve le remède d’où l’intérêt de cette enquête d’opinion.
Certes, les événements de Tabankort et la marche de Gao ont eu lieu après le sondage, mais ils démontrent à à quel point l’atmosphère est délétère dans le septentrion malien. Dans les sondages, il sied que la proportion des citoyens qui font confiance au président de la république est de 69% à Ménaka, 62,6% à Gao et 41,2% à Kidal. Dans cette ville, la majorité, soit 47% déclare ne pas lui faire confiance. Au total ils sont 50% de la population à lui faire confiance.
Pour le gouvernement et le premier ministre (Moussa Mara), au moment de l’enquête, les résultats indiquent qu’une majorité importante des citoyens à Menaka 92,2%, et à Gao 75,8%, lui font confiance contre 26,9% à Kidal. Dans les trois localités les préoccupations des populations portent sur la lutte contre la corruption, les injustices et l’insécurité, les négociations avec les groupes armés, plus de 80% des enquêtés dans chacune des zones concernées , indépendamment du sexe et du lieu de l’enquête, ont très confiance ou juste confiance aux négociateurs.
Si à Gao et à Ménaka, le développement des régions du nord et le désarmement des groupes rebelles sont prioritairement cités, à Kidal l’accent est plutôt mis sur le statut particulier, l’indépendance ou l’autonomie. Le point- non négligeable plus fréquemment cité, pour la majorité des enquêtées et dans les trois zones, est la préservation de l’intégrité territoriale du Mali. La majorité des résidants de la ville de Kidal 81% pensent que les négociations déboucheront sur un accord de paix, contre 62% à Gao et 68% qui partagent cet espoir.
Quant à la présence des forces internationales, notamment « BARKHANE », elle, est appréciée par une majorité des populations de Gao et Kidal soit 60% , contre 32,6% pour Ménaka qui la juge positive ou très positive . Plus de la moitié de la population de Ménaka soit 58% et une importante minorité des habitants de Kidal 43% et de Gao 27,5% apprécient négativement la MINUSMA. Dans l’ensemble moins de 50% des populations font confiances aux forces armées maliennes.
Par rapport à l’organisation des communales à Gao et à Ménaka ; ils sont respectivement 60 et 66% qui pensent qu’il conviendrait d’organiser les élections municipales aussitôt après les négociations. Cet avis est partagé à Kidal par seulement 37% de la population et plus du quart ne se sent pas concerné par l’organisation des élections communales.
Dans les zones de Kidal, et Gao une minorité importante soit 45% est pour l’intégration des groupes armés dans le forces armées nationales à Ménaka plus de 74% pensent le contraire. Faut-il, le rappeler « Mali-Mètre » est un instrument d’analyse sociopolitique initié par la fondation Ebert depuis 2012. Aux cinq éditions déjà réalisées s’ajoute la présence d’édition spéciale réalisée dans les cercles de Gao, Kidal et Ménaka
Badou S. Koba