L’opposition qui a justifié son boycott par un manque de considération de la part du Gouvernement, s’est dite sidérée par le mépris dont elle a fait l’objet dans une correspondance qu’elle a adressée le 14 Janvier 2015 au Président de la République l’invitant à tenir une concertation avant la reprise des négociations inter-maliennes.
Cet extrait de la lettre de l’Opposition en dit long sur les raisons de son boycott que nous trouvons tout a fait inopportunes. La politique de la chaise vide n’a jamais été une bonne solution pour une opposition qui aspire á l’alternance. Donc plus jamais ça. En voici les raisons évoquées : « Demandeurs de cette réunion depuis des mois, nous nous attendions à être approchés par le gouvernement pour convenir des termes de référence et du format de la concertation. Curieusement, dans l’après-midi du 5 février 2015, nous avons reçu une lettre du ministre des Affaires étrangères nous invitant à une Table ronde prévue pour le 7 février 2015. Dans l’espoir d’avoir des échanges féconds sur le projet d’accord, les partis de l’opposition ont recommandé au Premier ministre, par lettre en date du 6 février 2015, un report d’une semaine afin de tenir des consultations nécessaires notamment sur les termes de référence. Fidèle à lui-même, le gouvernement a maintenu son approche unilatérale et son calendrier ».
Aucun sacrifice n’est de trop quand la nation est en danger, l’opposition, en boycottant la table ronde organisée par le gouvernement sur le préaccord d’Alger, a commis une grosse erreur de lecture quand bien même que les arguments qu’elle a avancés sont pertinents et convaincants. Par ce geste l’opposition a non seulement donné l’occasion à la majorité d’affirmer qu’elle se soucie moins de la paix et de la stabilité, et qu’elle ne mise que sur les erreurs de la majorité pour tirer profit et se faire une bonne santé politique. Cet acte qui a laissé pantois tous les observateurs neutres de la scène politique a , en même temps, donné l’occasion au Peuple de s’interroger sur l’attitude des hommes politiques qui ne sont mus en réalité que par leurs intérêts sordides, jamais par celui pour lequel ils cherchent le pouvoir.
L’idéal aurait été la participation de l’opposition à cette Table ronde après avoir reçu le projet de document du Préaccord. Et sur la base de ce document elle faisait des contre propositions concernant les points qu’elle jugeait inacceptables ou tout simplement dangereux pour l’unité, l’intégrité et la cohésion du Mali. Autrement dit en cas de refus ou de mauvaise foi de la majorité d’intégrer les propositions par elle soumise en dépit de leurs pertinences ; elle se donnait en ce moment le droit de faire un communiqué de presse pour non seulement prendre à témoin le peuple de la périlleuse entreprise du Gouvernement, mais aussi et surtout se désolidariser, en dénonçant les points de désaccord. Elle aurait du s’inspirer fortement de la méthode du PARENA qui dans son mémorandum sur les 7 mois de gestion d’IBK avait adressé au Président de la République un document de haute facture devenu historique. Non loin de nous, elle aurait du prendre l’avis d’un vieux renard de la politique sénégalaise, Maitre Abdoulaye Wade qui n’a jamais été partisan du boycott de l’Opposition en Afrique. Ce qui se fait sans toi se fait contre toi, dit-on.
Ne dit-on pas qu’une Opposition intelligente est celle qui regarde d’abord l’humeur de son peuple avant toute prise de décision ? Avait-elle fait un petit sondage avant de prendre cette décision de boycotter la table ronde du Gouvernement ? La réponse à la dernière question est sans nul doute Non. Sinon elle ne serait jamais tombée dans un tel piège aux conséquences politiques non négligeables. Un petit sondage suffirait pour se rendre compte de la véritable soif de paix du peuple Malien dans cette sempiternelle crise du Nord aux conséquences désastreuses. Quand la case du « Faso » brule il n’a y a pas de place pour les procédures et le protocole. Alors que s’il s’agissait d’apporter des CV pour l’entrée au gouvernement, elle n’aurait pas trouvé ce délai trop court. Quand on est prêt pour diriger le pays, on a toujours des propositions prêtes sur tout et a tout moment.
Le souhait le plus ardent du peuple Malien est que ces négociations soient les dernières de la crise touareg. Il souhaite vivement qu’elles aboutissent à une paix définitive et durable seule gage de l’amorce d’un véritable développement du Mali tout entier. Que cette diversité ethnique, culturelle et même économique soit un atout et non un obstacle.
Youssouf Sissoko