Abdoulaye Wade, 88 ans, ancien président de la République, revient au Sénégal après trois ans d'éloignement volontaire. Le retour de l’ancien Président déferle une vague de remous sur la scène politique sénégalaise.
Il était parti en laissant derrière lui un pays en essor, sanctifié sur l’autel de plusieurs kilomètres de nouvelles routes et infrastructures qui auront coûté bonbon au peuple sénégalais. Il avait surtout réussi, la prouesse de réaliser des actions concrètes de bonne gouvernance en un laps de temps, boostant tous les leviers qui pouvaient permettre l’espoir d’un décollage économique. C’est avec lui que la démocratie, la bonne gouvernance et surtout l’innovation étatique avaient écrit leurs lettres de noblesse dans ce pays qu’il a dirigé pendant douze longues années et, avaient fini d’inspirer les diplomates étrangers sur la création d’une formule de modèle démocratique sénégalais. Symbole d’idées innovatrices de son passage, dont la statue de la renaissance qu’il a fait construire sur les hauteurs de Ouakam et la promotion du NEPAD à travers le monde, Wade fait toujours frémir ses concurrents politiques du haut de ses 88 ans.
Aujourd’hui, le père du Sopi réapparaît en clamant que "la démocratie doit revenir".
En effet, depuis le mois de décembre 2014, Macky Sall ne cesse d’empêcher le leader de l’Opposition de se réunir avec ses membres ou de faire des marches. Ce qui parait inadmissible dans un pays où la démocratie autorise la marche et la liberté d’expression.
Avec lui, la collusion du pouvoir avec les forces rétrogrades en vue de transformer le pays en un exemple sous régional était d’une évidence implacable au regard de toutes les manœuvres et combines auxquelles il avait échappé. Lui qui était un visionnaire hors pair tombera certainement des nues en voyant l’Etat recadré en une espèce de monarchie « mackyienne », ramené à des proportions plus modestes et drastiques de la gestion de son économie. Cette situation est rendue insoutenable par la recrudescence de la pauvreté marquée par la disparition du CFA. La liste est loin d’être exhaustive, mais le voile est levé sur le constat flagrant de deux modes de gestion aux antipodes : un Etat qui était droit dans ses bottes et qui devait faire face à la douleur ressentie par les populations sur le chemin des réformes visant à remettre les choses à l’endroit, et un autre qui marche sur la tête et suscite le sentiment que Macky devient de plus en plus un danger pour la nation.
La jeunesse estudiantine de Wade qui lui reste toujours dévouée se sent insultée quant celui qui les a mis à l’aise, surtout à travers l’enseignement, est dépossédé de tous ses droits politiques. Il serait alors sage pour Macky de lever un peu le pied. Le jugement de Karim Wade en plus de ses tentatives flagrantes et déloyales de stopper la course du Parti Démocratique Sénégalais et de Wade, risquent fort de lui couter cher lors des prochaines élections présidentielles.
Abdoulaye A. TRAORE
Doctorant en sociologie