Paris - L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a estimé dimanche que les interventions militaires françaises à l’étranger "nourrissent le terrorisme" et que la liberté d’expression doit s’accompagner de "responsabilité".
Invité de 18h00 Politique sur iTélé, il a jugé que face à des "actes odieux", comme ceux commis samedi à Copenhague, "il y a des erreurs à ne pas commettre", dont "la tentation systématique du recours au langage guerrier", a-t-il dit. Selon lui, "nous ne sommes pas en guerre contre le terrorisme, nous faisons face à des actes odieux".
Pour Dominique de Villepin, "nous nourrissons le terrorisme chaque fois que nous intervenons militairement".
"Il n’y avait pas de terrorisme dans cette région, l’Irak et la Syrie, à cette échelle avant l’intervention militaire américaine de 2003", a ajouté celui qui s’y était opposé comme ministre des Affaires étrangères.
"C’est la guerre qui nourrit le terrorisme et il faut prendre la mesure de cela pour utiliser d’autres moyens, en particulier l’action diplomatique et politique", a-t-il insisté.
"Nous sommes engagés militairement aujourd’hui en Irak à travers une coalition sans véritablement chercher à apporter une réponse forte aux tribus sunnites qui ont constitué et constituent le vivier à partir duquel se nourrit l’organisation Daech", a dit M. de Villepin.
"De la même façon au Mali, nous sommes intervenus militairement sans régler la question touareg qui constitue là encore dans les provinces du nord le vivier à partir duquel se nourrit le terrorisme", a-t-il poursuivi.
En revanche, avec "ce qui se passe avec Boko Haram au Nigeria, nous avons l’exemple de ce qu’il faut faire: les pays de la région se mobilisent, ils constituent une coalition, ils sollicitent l’aval et la légitimité de l’Union africaine et après des Nations-Unies, et nous apportons une aide logistique à ces différentes armées".
Interrogé sur les caricatures de Mahomet, Dominique de Villepin dit "oui totalement à la liberté d’expression" mais estime qu’elle "doit s’accompagner de responsabilité".
"Une insulte -perçue comme telle- dans un pays du nord de l’Europe est évidemment véhiculée, augmentée dans un certain nombre de pays qui la considèrent comme inadmissible. Cela ne veut pas dire qu’il faut porter des limites à la liberté d’expression mais chacun doit intégrer les conséquences de ce qu’il fait et ce qu’il dit", a-t-il expliqué.
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