Le taux de croissance de l’ordre de 4,8% en 2012, pourrait atteindre 6 % l’année suivante
L’économiste en chef de la région Afrique à la Banque mondiale, Shanta Devarajan, a animé jeudi une conférence de presse par vidéoconférence à l’intention de journalistes africains depuis le siège de l’institution à Washington. Il était entouré de ses proches collaborateurs notamment d’experts en économie, finances et développement. L’institution financière internationale désirait expliquer au public africain le contenu du rapport 2012 sur la croissance et le développement de l’Afrique, les progrès enregistrés par le continent en matière de développement macroéconomique.
Dans son exposé préliminaire, Shanta Devarajan annoncera un taux de croissance prévu de 4,8% en 2012 et de 6 % en 2013 en Afrique subsaharienne.
Malgré les turbulences de l’économie mondiale, la croissance en Afrique subsaharienne demeure donc solide, constate-t-il. Car, les pays africains dans leur majorité commencent à se doter de cadre institutionnel favorable. Et les prix élevés des ressources minières exportées continuent de rehausser l’activité économique, sans oublier les demandes nationales. Ainsi, la consommation nationale relativement soutenue et la forte croissance de l’exportation des pays qui ont récemment découvert des minéraux devraient consolider la croissance économique pour le reste de l’année 2012.
L’expert note que le taux élevé de la croissance économique de la région dépasse même celle de l’Asie. Si en Chine, les récessions économiques et les risques ont entraîné un ralentissement de la croissance, l’Afrique a, elle, maintenu sa croissance à un bon niveau. Pourtant, signale Shanta Devarajan, il y a des risques pour l’économie globale africaine car, l’Europe consomme 33% des exportations de l’Afrique. Du coup, la récession en Europe entraînera des problèmes pour l’économie de l’Afrique. S’il y a crise en Chine, l’Afrique connaîtra aussi des problèmes. Mais pour l’heure, la probabilité de crise en Europe et en Chine est faible. On peut donc conclure que l’Afrique maintiendra un taux de la croissance élevé. Car, au-delà de tous les facteurs qui concourent à cette situation, l’amélioration des politiques macroéconomiques est remarquable en Afrique.
Une croissance supérieure ou égale à 6%. Selon le rapport, développera l’économiste, un tiers des pays africains connaitront une croissance supérieure ou égale à 6%. Les pays africains riches en ressources naturelles devraient alors faire le choix judicieux d’investir dans l’amélioration de la santé et de l’éducation et dans la création d’emplois, tout en réduisant la pauvreté au sein de la population.
Il faut trouver de l’emploi productif, recommande l’expert de la Banque mondiale. Si la plupart des populations africaines travaillent dans le secteur agricole et dans l’informel, il y a de grandes catégories de mesures à prendre. Shanta Devarajan préconise ainsi d’augmenter les infrastructures, d’améliorer le climat des affaires pour les entreprises afin d’accroitre leur chiffre d’affaires. Ensuite, il faut former les travailleurs. Car dans nombre de cas, les gens n’ont pas achevé leur formation du cours primaire et ne peuvent donc pas prétendre à des emplois productifs. Il y a aussi un risque lié à la découverte de ressources minières, a souligné l’économiste en citant les exemples de pays disposant de pétrole comme le Gabon et le Nigeria.
Ce survol de la situation économique du continent a suscité beaucoup des questions des journalistes. Comment l’institution financière entend-t-elle aider les pays africains producteurs de ressources minières à mieux profiter de ce potentiel ? Peut-on parler d’un réveil du continent africain ? Quels sont les freins à la réussite des réformes économiques dans les pays africains concernés ? Comment rendre cette croissance inclusive au profit des populations défavorisées ? Et quelles sont les moyens d’assistance de l’institution financière internationale à un pays en difficulté comme le Mali ?
Répondant à cette dernière question, l’économiste a indiqué que notre pays connaissait un véritable progrès dû essentiellement aux réformes macroéconomiques engagées par les autorités depuis une décennie et surtout à une assistance technique fournie par la Société financière internationale (IFC en anglais), membre du groupe Banque mondiale. Cependant, depuis le coup d’Etat du 22 mars, l’économie malienne s’est considérablement fragilisée. « Ces dernières années, le Mali avait réalisé des progrès économiques réguliers et renforcé sa gouvernance démocratique. Naturellement, nous travaillons pour trouver les moyens d’assistant à des pays comme le Mali notamment dans les programmes d’urgence », a indiqué Shanta Devarajan. Il faut rappeler qu’avant le coup d’Etat, la Banque avait un stock d’opérations de 12 projets dans notre pays pour un montant mobilisé de plus de 800 millions de dollars (environ 400 milliards de Fcfa) dont à peu près 500 millions dollars (environ 250 milliards de Fcfa) avaient été décaissés.