Au regard des nombreux cas de fraudes et d’anomalies révélés au niveau du PMU-Mali, les parieurs attendent un véritable changement suite à la venue d’un nouveau PDG.
Enfin, le PMU Mali a désormais un PDG. Il s’agit de l’ex Directeur Général de l’Agence Nationale pour l’Emploi, M. Arouna Modibo Touré dit Papou. A la suite d’un appel à candidatures, il remporté le gros lot. Ceci reste cependant la première manche aussi vrai que ce qui reste à faire restera toujours plus important que ce qui a été fait. Alors, quels défis ?
Le PMU-MALI, Société anonyme à 100% malienne et au capital de 300.000.000 de francs CFA a été constituée par l’Etat du Mali qui détient (75%) et diverses personnes physiques et morales (25%). C’est parce qu’il s’agit d’une société pourvoyeuse d’emplois et de ressources pour des millions de maliens (donc rentable) qu’il faille la préserver.
C’est la loi N°94-020, dans sont article 3 qui autorise les paris sur les courses de chevaux au Mali, et donne le monopole au PMU-Mali d’organiser des paris sur les courses de chevaux, mais seulement en dehors des hippodromes. Cette loi a été délibérée et adoptée par l’Assemblée Nationale en sa séance du 29 avril 1994, et promulguée par le Président de la République le 6 mai 1994 ; suivie par un décret d’application n°94-273 / P.RM fixant le règlement du pari sur les courses de chevaux, signé le 12 aout 1994 par les hautes autorités du pays au moment des faits, à savoir, le Président de la République (Alpha Oumar KONARE), le Premier Ministre (Ibrahim Boubacar KEITA) (IBK), le Ministre des Finances du Commerce (Soumaïla CISSE) (Soumi), Le Ministre du développement Rural et de l’environnement (feu Dr Boubacar Sada SY) et le Ministre de l’Artisanat et du Tourisme, (Madame Fatou HAIDARA).
Le Président Alpha Oumar KONARE et son Premier Ministre IBK Ibrahim Boubacar KEITA (ce dernier a été pour beaucoup dans la création de cette société) ont été contesté, en son temps par les islamistes au même titre que la Tontine ABS de BADIALLO. Ceci est la petite histoire.
En engageant l’Etat malien dans les actions du PMU-Mali, nos autorités lui ont assigné Comme missions : Participer à la mobilisation de l’épargne intérieure en vue de l’orienter vers la réalisation d’investissements d’intérêt public. Résorber le chômage, renflouer les caisses du trésor national.
Et la société a connu, depuis sa création, quatre Présidents Directeurs Généraux (PDG). Il s’agit de feu Nouhoum Traoré, le Père fondateur du PMU- Mali, HarounaNiague, Youssouf Keita, Idrissa HAIDARA et aujourd’hui, M. Arouna Modibo Touré dit Papou.
Voilà une Société qui ne produit ni bétail, ni coton, ni or, encore moins du pétrole. Son seul produit est et demeure les parieurs qui engagent les paris, dont les gains des gagnants proviennent de la mise des perdants, c’est à dire que les parieurs jouent contre eux sous la supervision de l’organisateur du jeu (le PMU Mali).
En clair, les parieurs du PMU constituant pourtant le seul produit, sont cependant négligés et relégués au second plan. Quel paradoxe ! Ces parieurs sont, en fait très nombreux, et le PMU Mali ignore leur le nombre. Cette évaluation du nombre de parieurs n’a jamais été faite. Aucune statistique par les services de la société ! Seul intéresse le chiffre d’affaire et point de considération pour le parieur ! Une erreur !
De même, le PMU Mali ne dispose pas d’éléments d’appréciation sur la moyenne hebdomadaire des mises et des pertes des joueurs. Des statistiques permettant pourtant de voir clair et du coup, améliorer la rentabilité de la société. Et puis après tout, les parieurs ne constituent-ils pas le seul et unique produit du PMU-Mali ?
A propos des prélèvements
Le saviez vous: 70% des gains sont réservés aux parieurs, 20% à la société (dont 3,5% aux revendeurs et 17% aux actionnaires et le PMU-Mali), 10% au Trésor public. Il y a cependant un hic !
Il est déduit de la part des parieurs, le coût de fabrication des tickets et du programme officiel, que les parieurs considèrent comme gratuits. Dans les faits, ils paient et hélas, à hauteur de centaines de millions, voire des milliards de Francs CFA.
Aussi, il est retenu sur leur part, une provision de 1% pour faire face au paiement des tickets payables omis lors du traitement. Mais quel traitement est donc réservé aux tickets gagnant non réclamés portant souvent sur des millions F CFA ?
Par ailleurs, les actionnaires de la société du Pari mutuel urbain du Mali ne se réunissent jamais pendant l’A.G reste la seule instance compétente pour décider de la répartition ou de l’affectation des bénéfices. Faut-il rappeler c’est l’A.G du 4 août 1994, qui s’est réunie le même jour que l’Assemblée générale constitutive de la société, qui a donné le droit aux actionnaires de percevoir tous les trimestres, 5% du chiffre d’affaires ?
Toujours à propos des prélèvements, signalons que le PMU Français a décidé de les réduire depuis le 15 avril 2001. En clair, les prélèvements sur les paris enregistrés par le PMU France ont baissé d’environ 20 % depuis cette date. Toute chose ayant permis d’augmenter considérablement la part redistribuée aux parieurs à près de 83 % des enjeux. Et par ricochet, le nombre des nombres des parieurs français a augmenté.
A propos des revendeurs et Agents de Traitement des Tickets PMU Mali
Pourtant en contact direct avec les parieurs et surtout les plus-en vue, ces travailleurs ne sont pas des agents du PMU Mali. Et puisque ne disposant pas de contrat travail, ils ne sont pas reconnus par l’Etat et les structures de défense des intérêts des travailleurs. Ils restent cependant la cheville ouvrière de la société puisque s’occupant de la vente des paris et la rétribution des gains aux parieurs gagnant…. Sans eux, point de PMU !
En somme, c’est un Contrat de prestation qui les lie au PMU-Mali. Toute chose à l’origine des Grèves à répétition en 2009. Au fait, ces revendeurs sont soumis à des règles éditées par la Société PMU Mali. Eux, n’ont rien à dire. La seule règle, c’est : « travailler et se taire, ce, étant entendu que c’est la société PMU-Mali qui vend ses services et non les Prestataires.
Pour ces différentes raisons, «ces nègres» avaient décidé de traduire la société au niveau des instances judiciaires en août 2009.
Pour tout dire, les conditions de travail de ces ouvriers se sont beaucoup dégradées. On n’est loin de cette époque de feu Nouhoum Traoré lequel, à titre d’encouragement, offrait aux meilleurs d’entre eux, des billets d’avion et un séjour payé en France à l’occasion du «Grand Prix France Afrique ».
A propos des PCD ou «Point Course en Direct»
La série de grève que le PMU Mali à connu en Aout 2009 était en partie due au fait que l’ancien PDG Idrissa Haïdara, de manière unilatérale avait décidé d’ériger en département, le PCD (Point Course en Direct) en changeant l’organigramme du service commercial alors qu’à l’origine, tout ceci s’avérait des produits du PMU Mali. Comme pour dire qu’un même service commercial ne saurait gérer les différents produits. Et pourtant, ce produit du Pari mutuel urbain n’a pas prouvé sa rentabilité commerciale pour qu’il soit érigé à part. Il revient donc au nouveau PDG de procéder à sa régularisation (nous reviendrons plus longuement sur cet aspect).
A propos de la fraude au niveau des moyens d’enregistrement des paris
Il faut impérativement aller vers la modernisation et l’informatisation du système au regard des nombreux cas de souches arrachées, ou de paris non enregistrés… Des pratiques courantes chez certains revendeurs. Illustration : les tickets PMU Mali sont cédés moyennant la somme correspondant au nombre de chevaux joués, c’est-à-dire, 200 f pour un nombre de trois chevaux en tiercé, 500 pour les deux Chevaux en couplé, et 200 f pour les 4 chevaux en quarté. Mais au moment de remplir le ticket destinée au parieur, le revendeur indélicat insère un papier entre le carbone et la souche destinée au PMU Mali, enfin que l’écriture n’apparaisse pas sur la souche destinée au service de contrôle du PMU Mali. Après cette opération et le départ du parieur, il réécrit cette fois ci avec un Bic noir afin de rendre le document conforme. Mais au lieu des numéros joués par le parieur, le revendeur écrit toute autre chose. Une manœuvre qui lui permet de gagner des dividendes au détriment du parieur
Et le PMU Mali n’a aucun moyen lui permettant de déceler cette pratique, car les éléments d’identification du ticket en possession à la fois du parieur et des services de contrôle du PMU Mali restent les même. Les seules différences restent le montant misé et le nombre de chevaux joués par le parieur. Le phénomène prend tant d’ampleur que certains ont désormais renoncé à miser. Cet autre aspect de la question fera l’objet d’un autre article.
En attendant, les services du grand PMU Mali risquent de rater la marche du progrès. Grace à la révolution technologie, les paris peuvent être enregistrés par internet, à travers les tablettes ou par téléphones à l’aide de codes appropriés. Le nouveau seigneur des parieurs est donc interpellé sur la question.
Nécessité de la formation de la presse privée et Spécialisée
Seul l’Essor et le quotidien « l’Indépendant » publient des informations sur les paris organisés par le PMU Mali. Les autres journaux, plus d’une centaine ne s’y intéressent. Et pourtant, une grande majorité des lecteurs des journaux sont également des parieurs. En clair, il est facile de faire d’une pierre deux coups. Mais la formation et la réglementation de cette presse hippique tardent à voir le jour.
Et pourtant, l’ancien PDG Youssouf Keïta a été formel sur la question à la faveur d’une conférence de presse à l’occasion du 5ème anniversaire du lancement du quarté au Mali en septembre 1999 dans la salle Benso du Grand Hôtel de Bamako, et devant l’expert français auprès des PMU africains, M. Daniel Bourgoin ainsi que les journalistes des différents organes d’information. Le PDG d’alors Monsieur Keïta a mis un accent particulier sur l’implication des journaux et la formation de la presse hippique. L’idée a été appuyée et soutenue par l’expert français qui par ailleurs, a déclaré qu’au moment opportun il enverra des cassettes vidéo pour les besoins de la cause.
Il est donc demandé au nouveau seigneur des parieurs, M. Arouna Touré de poser son harnais sur la monture et d’étriller la société, donc de concrétiser les décisions et les projets inachevés par ses prédécesseurs.
Sinon nous ne cesserons jamais de rappeler que cette presse hippique, à travers sa physionomie actuelle fait la honte du PMU-Mali aujourd’hui.
Nous reviendrons sur de nombreux autres aspects dans nos prochaines livraisons.
A suivre donc
Issiaka Coulibaly