Profitant de la tribune de la table ronde sur la justice transitionnelle et les droits de l’Homme, le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme s’est prononcé sur le processus de paix : "Il serait difficile de promouvoir la réconciliation lorsque les vérités n’auront pas été dites", a-t-il fait valoir.
Pour promouvoir la justice transitionnelle, la Commission nationale de droits de l’Homme (CNDH) a organisé une table ronde. A cette tribune, plusieurs acteurs du monde des droits de l’Homme ont participé et du coup ils ont formulé des recommandations pour la sortie de crise.
Pour la présidente de la CNDH, Me Kadidia Sangaré Coulibaly, le Mali a l’obligation d’enquêter sur les cas de violations graves de droits de l’Homme pendant la crise. Selon elle, le Mali doit assurer aux victimes des voies de recours efficaces et veiller qu’elles aient réparation. Le représentant de la Fondation Friedrich Ebert, Katja Muller, ajoutera que le partenariat avec la CNDH se justifie par le partage des mêmes idéaux ; à savoir : la protection des droits de l’homme.
Travailler sur les racines
En présidant la table ronde, le ministre de la Justice dira que le thème est une importante capitale parce que des réponses conditionneront en bonne partie le devenir de notre pays. Le souci est de préserver notre Etat, sa stabilité et faire en sorte qu’il continue de vivre dans la paix, la cohésion et l’unité comme hier.
Selon lui, « quel que soit le postulat que l’on prend, au cœur du sujet, il demeure la question essentielle de l’impunité, de la réparation de préjudices subies par les victimes. Mais il y a la question essentielle de préserver la paix et de la stabilité ».
Et au ministre Diarra d’expliquer que « quand bien même les réponses peuvent être données par la justice étatique, il importe, dans un contexte comme celui-là, de recourir à la justice transitionnelle parce qu’elle permet la participation de l’ensemble des forces vives de la nation ».
Mieux, a précisé le garde des Sceaux, la justice transitionnelle donne l’opportunité de définir par nous-mêmes les voies et moyens de sortie de la crise en prenant en charge les préoccupations, des manquements graves aux droits de la personne.
Selon lui, le recours à la justice transitionnelle favorise la prise en charge à une proportion insoupçonnée des périls qui peuvent guetter une nation, lorsque le recours à la justice étatique n’offre pas toutes les réponses appropriées.
« En choisissant de recourir à la justice, nous choisissons de prendre notre responsabilité face à l’histoire. Nous choisissons d’être les acteurs, les responsables de notre devenir collectif, en mesurons la portée. Soyez autant que nous sommes conscients des enjeux de l’heure », a-t-il lancé.
A en croire le ministre Diarra, l’élément de vérité semble être important, car il serait difficile de promouvoir la réconciliation lorsque les vérités n’auraient pas été dites. Pis, soulignera le ministre, « il sera difficile d’obtenir le pardon des victimes et leurs ayants droit lorsque la vérité n’aura pas été dite. Alors la justice transitionnelle offre le parfum d’aller rechercher la vérité là où elle se trouve, auprès de qui elle se trouve et l’adresser à l’ensemble de la nation ».
Convaincu qu’il important de travailler sur les racines des maux qui nous ont conduit à la situation que nous connaissons.
Alpha Mahamane Cissé