Selon M. Tiona Mathieu Koné, actuellement les coupures d'électricité constatées actuellement sont dues à deux facteurs conjugués: la maintenance des machines qui devait se faire au moment de la précédente édition de la CAN en Guinée Equatoriale et le faible taux de production d'électricité du Mali, qui oscille autour de 280 MGW contre 1 148 MGW pour la Côte d'Ivoireet 35 000 MGW pour l'Afrique du Sud.
Selon M. Tiona Mathieu Koné, actuellement les coupures d’électricité constatées actuellement sont dues à deux facteurs conjugués: la maintenance des machines qui devait se faire au moment de la précédente édition de la CAN en Guinée Equatoriale et le faible taux de production d’électricité du Mali, qui oscille autour de 280 MGW contre 1 148 MGW pour la Côte d’Ivoireet 35 000 MGW pour l’Afrique du Sud.
» Il y avait la CAN.Tout le monde est fan de football au Mali. En plus les Aigles y participaient ainsi que certaines équipes de la sous-région. Donc, tous les Maliens avaient les yeux rivés sur leur écran de télévision surtout les jeunes fous de ballon rond. Aussi, pour ne pas qu’on nous crie dessus, on a attendu la fin de la CAN pour effectuer la maintenance des machines car, c’est comme une voiture, il faut de l’entretien. Nous avons des groupes électrogènes qui tournent nuit et jour. Pour éviter qu’ils ne tombent en panne, il faut bien assurer leur entretien. Donc les arrêter de temps en temps. EDM S.A bien sûr possède des centrales comme à Sélingué (44 MGW)mais cela n’est rien comparé à des usines qui font plus de 30 MGW. Sotuba aussi ne produit que 6 MGW. Donc nos grands fournisseurs sont le barrage de Manantali, l’IPS et la Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire, par l’intermédiaire de la CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité) nous vend 35 MGW, parfois 50MGW. Cela dépend du climat. Nous préférons avoir l’électricité par interconnexion parce qu’elle nous revient moins cher que s’il faut la produire par des combustibles. «
Il y a eu plusieurs phases de privatisation qui ont tant bien que mal fonctionné
Quid de la privatisation ? Pour le directeur des relations publiques et de la communication, il y a eu différentes phases. En 2000, EDF (Energie de France) s’est retirée du capital, ouvrant la voie à la privatisation de l’entreprise. SAUR international, filiale du groupe Bouygues est entré dans le capital, à hauteur de 39%, et Industrial Promotion Services (IPS West Africa), filiale de AGA KHAN Development network a acquis 21%. Le ministère des Mines, de l’Energie et des Ressources en eau n’a gardé que les 40%. Plus tard, en 2005, SAUR s’est désengagée pour des raisons de non rentabilité d’EDM et a vendu ses parts à IPS qui est monté à 60% IPS, à son tour, a légué 26% au ministère de l’Energie qui est passé alors à 66% entrainant de facto une rationalisation de la compagnie qui a gardé le statut de Société anonyme d’économie mixte. A ce jour, IPS est actionnaire à 34%. »
Et d’ajouter que la privatisation d’EDM a été positive en ce qu’elle a permis au Mali de faire face à plusieurs grands événements comme la CAN 2002. « J’affirme que si l’on n’avait pas privatisé EDM, le Mali n’aurait pas pu organiser la CAN 2002 faute d’électricité. Il ne faut pas se leurrer. Le Sénégal a organisé la CAN 1992 avec les stades de Dakar et Ziguinchor. En outre, au Mali en 2002, il y avait 5 stades dont : Bamako, Sikasso, Kayes, Mopti et Ségou. Donc, c’est facile de dire : on ne veut pas de la privatisation, mais on ne privatise pas sans raison. Nous prenons toujours l’exemple des Européens. Il y a combien d’Etats là-bas qui ont des sociétés d’électricité privatisées ? Quand on dit moins d’Etat, mieux d’Etat…
Rares sont les sociétés africaines qui font des bénéfices
Toujours selon M. Tiona, l’électricité se vend à perte en Afrique. » Nous avons installé un compteur pour pourvoir déterminer avec exactitude les frais que nous devons verser à la Côte d’Ivoire et depuis un an et demi, c’est l’électricité de ce pays qui est consommée par les localités de Sikasso, Ségoua, Kadiolo, Koutiala, Ségou, Markala, Fana, Niono, Kati et le reste est envoyé à Bamako. Le tarif ivoirien est de 86 francs CFA le KWH et on le revend à peu près à 100 francs CFA. Donc, on perd 86 francs alors que nous avons des charges de fonctionnement sans compter les pertes en ligne de l’électricité qui transite et c’est nous qui supportons tout ça. Imaginez le parcours d’Abidjan à ici.
Pour qu’il y ait de l’électricité, il faut qu’on amène des branchements, des compteurs, des turbines et toutes ces charges-là sont encore à nos frais. Et avec ça, les gens pensent que nous avons une marge très confortable. C’est vrai que l’électricité du barrage est la moins chère. Cependant, nous partageons celle de Manantali avec la Mauritanie et le Sénégal et disposons 52%. Le barrage de Manantali produit en moyenne 200 MGW et si la Mauritanie et le Sénégal ne prennent pas leurs parts, ils nous la revendent, car il y a des moments où il fait très frais à Dakar. Et pourtant, Manantali est en territoire malien mais, ce sont les clauses de l’OMVS.
L’électricité du barrage de Gouina, en construction à 45 km de Kayes, a déjà été répartie dans la sous-région et le Mali en détiendra 50%. Donc, il faut savoir que toute l’énergie conjuguée des barrages ne suffit pas pour combler la demande énergétique de la population.Il nous faut des centrales thermiques avec du gasoil ou du fuel lourd. D’ailleurs, on est en train de transformer le gasoil en fuel lourd parce que le fuel lourd est plus économique mais son transport est très spécifique. Cela, pour pouvoir dégager des petits profits. Mais, sachez que c’est un secteur à très lourd investissement.On ne construit pas un barrage en un, deux, trois ou quatre ans. Et c’est à coup de milliards de F CFA ne serait-ce que pour tirer des lignes. De plus,nous sommes toujours en déficit.D’ailleurs, le bilan de nos activités pour l’année 2014 est déficitaire comme vous pouvez l’observer.
Cependant, l’Etat accepte de nous subventionner à hauteur de 50 milliards de F CFA tout en nous exploitant parce qu’il sait que nous vendons à perte et on a encore la première tranche sociale des 50 kWh pour laquelle il n’y a pas de charge, ni de TVA (taxe sur la valeurajoutée) parce que le Mali n’est pas encore autosuffisant énergétique. Malgré l’apport de l’OMVS et de la Côte d’Ivoire, nous sommes encore en train d’étendre les centrales thermiques pour éviter les coupures. Cependant, nous enregistrons des déficits pendant les périodes de forte chaleur. C’est la raison pour laquelle nous demandons généralement le soutien de la population et la sensibilisons pour économiser l’électricité. Malheureusement, les gens disent oui! Mais, il n’en est rien et c’est nous qui casquons. Heureusement que nous avons le soutien des opérateurs économiques maliens. D’ailleurs, je profite de cette occasion pour les remercier, surtout les industriels à qui nous demandons souvent de « s’effacer », c’est-à-dire de quitter notre réseau pour se mettre sur groupe électrogène. Nous aussi, nous fonctionnons avec des groupes et quand nous les arrêtons pour l’entretien, les gens sont irrités pendant le week-end. C’est pourquoi, nous les informons à l’avance, généralement par le biais de la presse. Rares sont les sociétés d’énergie qui font des profits en Afrique.Je n’en connais même pas. Il y a des délestages au Sénégal. Le délestage ça veut dire quoi ? C’est l’incapacité à faire face à la demande mais nous, nous n’en sommes pas encore là. Donc EDM-SA est déficitaire sur le plan financier et je ne connais pas de société d’énergie bénéficiaire en Afrique. La Côte d’Ivoire se débrouille, le Ghana est en délestage en ce moment, bien vrai qu’il fût un grand fournisseur d’énergie avant « .
Entretien réalisé par Mohamed HAÏDARA et Paul DAO