La violence conjugale est le mauvais traitement infligé par l'un des conjoints sur l'autre. Elle peut être un phénomène circonstanciel (violence situationnelle) et parfois un processus systémique et évolutif (terrorisme conjugal) au cours duquel l'un des partenaires exerce, dans le cadre d'une relation privilégiée, une domination qui s'exprime par des agressions physiques, psychologiques, sexuelles, économiques ou spirituelles.
La violence conjugale est le mauvais traitement infligé par l’un des conjoints sur l’autre. Elle peut être un phénomène circonstanciel (violence situationnelle) et parfois un processus systémique et évolutif (terrorisme conjugal) au cours duquel l’un des partenaires exerce, dans le cadre d’une relation privilégiée, une domination qui s’exprime par des agressions physiques, psychologiques, sexuelles, économiques ou spirituellesDes études ont prouvé que 86% des femmes maliennes sont victimes de violence conjugale. Vu l’ampleur de ce phénomène, une enquête a été menée par l’équipe de Bamako hebdo pour voir ses causes et ses conséquences.
La violence conjugale n’apparait pas de façon extrême et soudaine ; aucun homme ou femme ne s’impliquerait amoureusement avec une personne qui l’agresserait le premier soir. Les manifestations de violence se présentent généralement de façon progressive, dans une lente escalade qu’on a du mal à percevoir. Chez certains couples, la violence commence avec les coups, chez d’autres, elle demeure psychologique ou verbale. Cependant, dans la majorité des cas, la violence s’aggrave avec le temps. Cette escalade peut être rapide ou prendre des mois ou des années. Dans les couples, la violence peut changer de forme ou évoluer, mais ne disparait pas. Elle est souvent pratiquée par des personnes très sournoises qui peuvent endormir la vigilance des victimes et les empêchent de reconnaitre cette violence et de réagir.
Une personne qui subit constamment la violence conjugale se vide, littéralement, de son dynamisme et de son énergie vitale. Car elle se conditionne à subir constamment un climat de tension, doute de ses émotions et de sa propre compréhension de la situation. Et ce n’est pas surprenant de voir que toute cette insécurité permanente se traduire en maux physiques.
Les formes et les conséquences des violences conjugales
La violence conjugale peut revêtir plusieurs formes et elle se modifie avec le temps. Plus un conjoint est violent, plus il cherchera à dominer et à contrôler les paroles et les actes de sa compagne, essayant même de s’immiscer dans ses pensées. Ce qui peut avoir des conséquences désastreuses sur la personne qui subit.
Violence physique : c’est la plus connue, la plus médiatisée. Elle se manifeste par des coups et bousculades, brûlures et morsures, mutilations, laissant comme conséquences : meurtres, fausses couches, etc. Des cas souvent déguisés en accident.
Violence psychologique : elle est la plus subtile et la plus difficile à détecter par l’entourage et par la victime, influée par des dévalorisations, attitude et propos méprisants, humiliation, dénigrement, chantage et la négligence qui peut avoir comme conséquences : trouble du sommeil, problèmes de gastro-intestinaux, perte d’appétit, maux de dos, anxiété, crises de panique, désespoir, tentatives de suicide, stress post-traumatique, sentiment de peur ou d’impuissance, des cauchemars… Les victimes sont sous pression et des menaces constantes.
Violence sexuelle : c’est la plus taboue et la plus cachée. Elle se traduit en agression sexuelle, imposition d’actes dégradants, harcèlement, intimidation, manipulation, brutalité sexuelle non consentie, viol conjugal (reconnu depuis 1983 comme un acte criminel). Sa conséquence : le manque d’estime de soi-même.
Violence économique : Elle est de loin la plus répandue, mais demeure méconnue. Il s’agit d’une privation ou un contrôle des ressources financières et matérielles. Elle a comme conséquence : la création d’une dépendance.
Violence spirituelle : c’est la plus méconnaissable (contrôle des pratiques spirituelles ou religieuses, dénigrement des croyances, forcé à des pratiques, voire à des rituels extrêmes. Ses conséquences sont notamment : le changement de personnalité, la peur.
Violence verbale : C’est la plus banalisée et elle découle la plupart du temps de la violence psychologique. Comme conséquence, on peut citer: le manque d’estime de soi. La victime va même finir par croire que c’est normal.
Conséquences de la violence conjugale sur les enfants
On reconnait que les enfants des personnes victimes de violence sont profondément affectés par ces agressions. Lesquelles peuvent toucher l’enfant sur le plan psychologique ainsi que la façon dont il s’adapte au milieu scolaire. Les enfants témoins d’actes de violence risquent davantage d’adopter des comportements violents à l’âge adulte surtout les garçons. En effet, ce sont souvent ces derniers qui, une fois adultes, deviennent des maris violents et infligent des blessures graves à leurs partenaires. Les enfants qui voient l’un de ses parents user de la violence à l’endroit de l’autre sont victimes de violence psychologique. On estime que 40 à 80 % de ses enfants témoins d’agressions suivront les mêmes chemins.
Conséquences sur le plan social
Les conséquences de la violence sont très lourdes sur le plan humain, social, tant pour la personne qui subit que pour la société. En effet, la violence porte atteinte à l’autonomie personnelle et financière de la victime et peut affecter gravement sa santé physique et mentale. Les femmes, les hommes et les enfants aux prises avec ce problème ont besoin d’aide, d’un soutien ou d’un traitement adapté à leur situation pour arrêter le cycle de la violence dans leur vie.
Témoignages de Fatoumata Diawara, une femme victime de violence conjugale
» Je suis sortie avec mon mari pendant 3 ans avant notre mariage. Il ne m’avait jamais manqué de respect. Après une année de mariage, il a commencé à me manquer de respect et après il s’est mis à m’injurier et à m’humilier. Au début, quand il le faisait devant les gens, j’avais honte, mais à la fin c’est devenu presque normal pour moi.
Après, il a commencé à me brutaliser pour n’importe quelle raison. Je suis incapable de vous dire le nombre de fois qu’il m’a envoyé à l’hôpital. Il avait réussi à me faire croire que je n’étais rien sans lui et j’ai supporté tout ça pendant 10 longues années. Un jour en rentrant à la maison, je suis venue le trouver au lit avec mon aide-ménagère. J’étais tellement terrorisée par lui que je n’ai rien dit. Après avoir fini avec la bonne, il a pris le pilon et a commencé à me frapper avec. Je me suis réveillée deux jours plus tard à l’hôpital.
C’est là que j’ai fait la connaissance de l’association des femmes battues dont certains de ses membres sont venus à mon chevet. Ils m’ont demandé de porter plainte, mais je ne pouvais pas faire çà au père de mes enfants et surtout j’avais peur de sa réaction. Une semaine plus tard, il avait réussi à me convaincre et il a juré de ne plus lever la main sur moi.
Deux jours plus tard, il a renoncé à son engagement en m’envoyant de nouveau à l’hôpital. Cette fois-ci en venant à l’hôpital, l’association est venue avec des femmes qui étaient dans la même situation que moi. Après avoir entendu leurs histoires, j’ai ouvert les yeux et j’ai décidé de me consacrer uniquement à moi et à mes enfants.
La seule chose que je peux dire aux gens c’est » lorsque vous vous sentirez être menacés par une personne quelle que soit la nature de votre relation avec elle, courez le plus loin possible, car il y a rien de pire que de vivre dans la crainte« .
Les hommes, des victimes oubliées de la violence conjugale
Aussi minime qu’il soit il y a des hommes victimes de violence conjugale. Des études ont prouvé que 110.000 hommes sont victimes de violence physique et psychologique de la part de leur conjointe. Seuls 5% d’entre eux osent porter plainte. Un phénomène inquiétant qui s’aggrave souvent avec l’âge. Si ces chiffres sont largement inférieurs à ceux des femmes victimes de violence conjugale, ils ne peuvent pas pour autant être ignorés.
Le seul responsable est celui qui exerce la violence, quel que soit le comportement de la victime. L’auteur et la victime ne sont pas à égalité.
Flassoun Traoré et Hawa Touré