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Accord de paix au Mali: la rébellion veut consulter sa base avant de signer
Publié le dimanche 1 mars 2015  |  tempsreel.nouvelobs.com
3eme
© Autre presse par DR
3eme phase des pourparlers d` Alger




Alger (AFP) - Les négociations de paix sur le Mali engagées en juillet à Alger se sont soldées dimanche par un accord encore inachevé, paraphé par le gouvernement malien, mais non par les rebelles du nord qui ont réclamé un délai pour consulter leur base.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, chef de file de la médiation internationale, a qualifié cet accord, dont l'accouchement a nécessité huit mois de laborieuses négociations, de "boussole crédible et efficace vers la paix". Il "sera signé par toutes les parties", a-t-il assuré.

"Les négociations sont terminées", avait déclaré auparavant le porte-parole de la médiation algérienne, signifiant la fin de cette cinquième session de pourparlers, lancée le 16 février.

Les protagonistes et la médiation algérienne étaient sous forte pression de la communauté internationale, notamment de la France, à l'origine de l'intervention internationale lancée dans le nord du Mali en 2013, l'opération Serval, pour aboutir à un résultat.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a salué "un texte équilibré et bénéfique pour le pays et la région" et appelé tous les groupes armés à le signer "sans délai".

Cependant, cet "accord de paix et de réconciliation", paraphé dans la matinée dans un palace algérois par les représentants du gouvernement et des groupes armés qui le soutiennent, ne l'a pas été par la Coordination des mouvements de l'Azawad, qui regroupe les principaux groupes rebelles à dominante touareg.

La Coordination, qui comprend le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), a demandé un "délai raisonnable" pour consulter les populations qu'elle représente, après avoir exigé en vain des amendements au projet d'accord présenté cette semaine par l'Algérie.

"Un accord non partagé avec les populations et les bases a peu de chances d'être appliqué sur le terrain", a expliqué à la tribune un de ses représentants.

"Cet accord ne répond pas aux aspirations du peuple Azawad (appellation du nord du Mali par les rebelles), a déclaré à l'AFP un autre représentant de la Coordination, Almou Ag Mouhamed, précisant que celle-ci avait "apporté un certain nombre d'amendements politico-institutionnels et surtout de défense et de sécurité" au projet, sans obtenir de réponse.

- Signature officielle au Mali -

Le délai demandé exprime "l'ambition d'obtenir le maximum de soutien" pour ce texte et non une volonté de "se désolidariser", a relativisé M. Lamamra.

La Coordination n'exclut pas de parapher le texte en cas d'approbation de la population, a indiqué à l'AFP un de ses porte-parole,Mohamed Ousmane Ag Mouhamedoun, se disant "optimiste quant à une signature dans quelques semaines au Mali".

Une source de l'ONU aux négociations a affirmé à l'AFP que le gouvernement avait menacé de ne pas parapher le document si les rebelles ne le faisaient pas également, mais s'était ravisé afin de les embarrasser.

Pour éviter l'impasse, l'Algérie a proposé que les parties qui ne parapheraient pas l'accord le fassent lors de la signature officielle, prévue à Bamako à la fin du mois, selon la même source.

Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, chef de la délégation gouvernementale à Alger, s'est d'ailleurs dit convaincu "que la signature aura lieu dans quelques semaines".

A Bamako, le Premier ministre Modibo Keïta a appelé les groupes rebelles à franchir le pas pour "construire l'édifice de la paix, du développement juste équilibré".

"Le projet d'accord soumis aux parties n'est certes pas parfait, mais il constitue un compromis que nous pouvons accepter tout en restant vigilants quant à sa mise en œuvre", a-t-il indiqué.

Le texte, qui, comme le souhaitait Bamako, ne parle ni d'autonomie ni de fédéralisme, et insiste sur l'unité, l'intégrité territoriale du Mali, ainsi que sur le caractère républicain et laïc de l'Etat, cite néanmoins l'Azawad, comme une "réalité humaine", une revendication des rebelles.

Il prévoit la création d'Assemblées régionales élues au suffrage universel direct, dotées de pouvoirs importants dans un délai de 18 mois, ainsi que le redéploiement progressif dans le nord d'une armée restructurée, intégrant notamment des combattants des mouvements de cette région "y compris dans le commandement".

Etaient exclus des négociations les groupes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé pendant près de neuf mois le nord du Mali avant d'en être partiellement chassés par l'opération Serval, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération Barkhane, dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.
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