Fruit d’âpres négociations menées huit mois durant par une médiation internationale dirigée par l’Algérie, » un accord de paix et de réconciliation au Mali » a été paraphé hier entre le gouvernement de Bamako et les groupes politico-militaires du nord dits de la Plateforme, qui se battent depuis plusieurs semaines sur le terrain pour préserver l’unité et l’intégrité territoriale du Mali.
En revanche, les séparatistes ramenés aux seuls deux groupes kidalois (le MNLA et le HCUA) après le lâchage récent de leur allié arabe de Tombouctou (MAA-dissident) ont refusé d’apposer leurs initiales au bas du document.
Ce faisant, ils apportent une démonstration supplémentaire à ce que tous les observateurs un tant soit peu avertis de la crise au nord du Mali savent déjà : c’est sous forte pression de la communauté internationale, donc à leur corps défendant, qu’ils ont accepté d’être présents aux pourparlers d’Alger. Mais pas à proprement parler d’y participer, car leur attitude a consisté, du début à la fin, à multiplier les entraves pour que lesdits pourparlers ne puissent aboutir à l’objectif recherché : l’adoption par toutes les parties d’un accord qui scelle la paix et la réconciliation entre tous les fils du Mali.
Au nombre de ces entraves, on citera l’opposition, à l’entame des travaux, des séparatistes à une participation d’autres groupes armés au motif qu’ils ne sont pas signataires de l’Accord de Ouagadougou alors que ledit Accord établit le caractère inclusif des négociations annoncées. Jusqu’à la fin des pourparlers d’Alger, ils resteront sur cette position puisque pas une seule fois, ils n’ont consenti à s’asseoir autour de la même table que les représentants de la Plateforme. A fortiori prendre langue directement avec eux.
Ajoutons-y la tentative désespérée, voire insensée à laquelle ils se sont livrés de prendre en otage la rencontre en remettant sur le tapis le projet fédéraliste ou autonomiste tombé en déshérence avec le même Accord de Ouagadougou qui a fait de l’unité du Mali, du respect de son intégrité territoriale, de la préservation de la laïcité et de la forme républicaine de l’Etat des préalables à toutes négociations de paix.
Enfin, relevons que tout le temps que se déroulaient les pourparlers, les séparatistes n’ont quasiment jamais cessé de chercher à exploiter à leur profit l’avantage acquis sur l’armée malienne depuis le désastreux 21 mai 2014, en élargissant leur contrôle sur de nouvelles localités, y compris dans les régions de Gao et Tombouctou.
C’est dans cette offensive d’extension territoriale, en violation flagrante de tous les accords de cessez-le-feu ou de cessation des hostilités qu’ils ont signés à Kidal même (avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz alors président en exercice de l’Union africaine) ou à Alger (accord du 24 juillet 2014) qu’ils ont trouvé en face d’eux le GATIA et le MAA-loyaliste notamment.
Déterminés à la fois à sauvegarder l’Etat unitaire du Mali et à empêcher les boucheries pratiquées par les bourreaux du MNLA et du HCUA partout où ils passent, ces groupes de la Plateforme ont non seulement stoppé leur avancée vers Gao, mais transformé celle-ci en déroute. Et n’eûssent été les manœuvres dissuasives auxquelles se sont adonnées la MINUSMA et la Force Barkhane, les vaillants combattants du GATIA et du MAA-loyaliste auraient, depuis belle lurette, conquis et nettoyé Kidal de la vermine qui l’a envahie, infligeant à sa population misère et résignation.
Il n’est donc pas étonnant que les séparatistes kidalois n’aient pas paraphé l’accord de paix proposé à Alger. La question est de savoir maintenant s’ils pourront conserver ce comportement totalement négatif longtemps. Partout, en effet, des voix se sont élevées pour saluer le paraphe de l’accord d’Alger par le gouvernement malien et les groupes armés de la Plateforme.
La France et la MINUSMA, principaux partenaires du Mali dans la quête d’une paix durable et de la stabilité, ont exprimé leur volonté d’accompagner les parties dans la mise en œuvre de ce texte afin qu’il produise l’effet attendu tant pour les populations maliennes durement éprouvées par une crise qui n’en finit pas finir que pour la sous-région ouest-africaine et, pourquoi pas, le monde.
Il n’est assurément pas dans l’intérêt des groupes armés séparatistes de Kidal, déjà désavoués par la chefferie traditionnelle de l’Adrar des Ifoghas qui, par la voix de l’Aménokal, a réitéré son attachement à un Mali unitaire, de s’enfermer dans l’isolement, de s’exclure de la dynamique de paix portée par la communauté internationale.
Une telle conduite ne leur laisserait d’autre choix que la poursuite de la guerre dont ils ont de moins en moins le moyen, à en juger par les nombreux revers subis ces dernières semaines face aux groupes armés dédiés à la sauvegarde d’un Mali un et indivisible.
Par Saouti Labass HAIDARA