Interpellé vendredi puis relâché samedi par les forces de l’ordre et de sécurité pour avoir mobilisé les associations contre le projet de paix et de réconciliation nationale proposé par le groupe de médiation et la publication des enquêtes indépendantes sur la violente manifestation qui a fait 3 morts et 18 blessés à Gao, le porte-parole de la Plate-forme Mali "Tè tila", Ibrahima Kébé réaffirme sa volonté de redescendre dans les rues contre la signature du projet.
La plate-forme des jeunes leaders d’association et d’opinion promet une mobilisation digne d’un sentiment de révolte contre le projet d’accord de paix et de réconciliation paraphé dimanche à Alger par le gouvernement et une partie des groupes armés du Nord du pays pour mettre fin aux violences.
Dans un entretien qu’il nous a accordé, le porte-parole de la plate-forme « Mali Tè tila », Ibrahima Kébé, a annoncé que la société civile va dénoncer les manœuvres orchestrées par le gouvernement dans les discussions de retour de paix au nord. Selon M. Kébé, l’accord dit de paix et de réconciliation paraphé dimanche à Alger par le gouvernement compromet l’unité nationale et l’intégrité du territoire.
Convaincue que le cadre institutionnel démocratique qui prévaut au Mali autorise et favorise la recherche de solutions pacifiques et politiques à tous conflits internes, la plate-forme estime que le gouvernement a manifestement ignoré les améliorations faites par les Forces vives de la nation dans le mémorandum de la délégation gouvernementale. Selon « Mali Tè tila », le gouvernement méprise la société civile dans le processus de dialogue inter-maliens pour le retour de la paix au Nord.
« Nous pensons que cet accord est une trahison en la mémoire des pères de l’indépendance. La manœuvre cousue est de fil blanc. Le complot est patent et s’ajoute à la longue liste de tentatives éhontées de sabotage de la résistance populaire à la démission nationale et à la partition du pays », s’est insurgé Ibrahima Kébé.
Pour lui, le projet d’accord d’Alger que le gouvernement a paraphé n’est qu’un moyen de pérenniser les groupes armés. « Que le gouvernement et ses partenaires le sachent une fois pour toutes : en quelque langue qu’ils s’expriment, les Forces vives de la nation seront toujours sur les remparts pour démasquer tous les complots contre le pays ».
« Au lieu d’être dans la dynamique d’une paix durable, le gouvernement tente de légitimer des féodalités locales sous le prétexte d’aider directement les populations à la base », a dénoncé le porte-parole. Et d’ajouter que la plate-forme n’a aucune ambition de se substituer aux institutions ou de mettre en cause les prérogatives des autorités, mais elle tient à faire savoir au public que le Mali, transcendant les clivages politiques, trace, à travers le Manifeste les lignes rouges à ne franchir et est prête à poursuivre pour parjure et haute trahison toute autorité qui signerait ou autoriserait que soit signé.
Selon « Mali Tè tila », le projet de paix et de réconciliation paraphé dimanche à Alger par le gouvernement avec une partie des groupes armés du Nord du pays pour mettre fin aux violences est un dangereux mirage dans le Sahara et un marché de dupes que le peuple malien rejette sans appel.
Bréhima Sogoba
Source: L'Indicateur du Renouveau