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Ozone à Bamako : Entre engouement général et inquiétudes des GIE
Publié le mardi 3 mars 2015  |  L’aube
Opération
© aBamako.com par A.S
Opération d`assainissement dans les rues de Bamako
Bamako, le 10 février 2015. Les agents balayeurs de la société de nettoyage Ozone Mali ont procédé à une grande toilette sur le boulevard du peuple.




Sur la base d’une convention signée avec la mairie du District, Ozone, la société marocaine d’assainissement vient de s’installer, dans la durée, à Bamako pour rendre propre et plus attrayante la ville des 3 caïmans, engloutie dans des montagnes d’ordures. A peine installée, Ozone Mali suscite autant d’engouement chez les chômeurs, de satisfaction des citoyens que d’inquiétudes des Groupements d’intérêt économique.
Les éboueurs, aujourd’hui visibles partout à Bamako, sont reconnaissables par leurs tenues aux couleurs Jaune-Orange. Ozone Mali, depuis plusieurs jours, les recrute, notamment des balayeurs et des chauffeurs. On les rencontre beaucoup plus sur les artères et autres voies, balayant et ramassant, sable, feuilles mortes et toutes sortes de déchets qui jonchent les routes et les rues.

Les Bamakois, accueillent avec un ouf de soulagement le travail qui vient de commencer avec la société Ozone Mali. «C’est une bonne chose. J’apprécie le travail qu’effectue cette société, on voit qu’elle a les moyens et l’équipement pour ça », a déclaré Seydou Bagayoko, mécanicien.

Habitant Bamako depuis 1983, Sidi Mohamed Sidi Maïga, un habitant de Banankabougou, estime que des endroits de la ville n’ont jamais été autant propres. Il se souvient de l’état de délabrement dans lequel se trouvait depuis plus d’un an le tronçon allant du Garage moderne à son domicile, à Banankabougou. Un nombre important de vieux habits jetés salissait la voie. Et pendant plus d’un an, ces détritus étaient restés sur la chaussée. «Tout l’hivernage de l’année passée les a trouvés là. Les eaux de pluie ont emporté une partie, mais une bonne partie était restée sur la voie, avec les voitures qui passaient et repassaient dessus ; ils ont fini par se confondre avec le bitume », a raconté Maïga.



Des moyens et des ambitions

Ozone Mali s’engage à atteindre un résultat précis : débarrasser Bamako de ses ordures et améliorer le cadre de vie de ses populations. Pour ce faire, elle n’entend lésiner ni sur les moyens, ni sur les conditions de ses agents. Ainsi, pour le travail de balayage et de ramassage des ordures, qui représente le premier volet du projet, la société est en train de procéder à des recrutements massifs.

Pour être pris dans le service de balayage ou comme chauffeur, des jeunes filles et garçons se bousculent à l’entrée de la voirie urbaine où la société a pris ses quartiers. A notre passage, on remarque la peine des vigiles à contenir la foule des demandeurs d’emplois voulant forcer l’entrée. Au même moment, deux agents d’une société de recrutement étaient occupés à faire le tri d’une pile de dossiers de candidatures. Beaucoup dans le lot sont d’anciens employés des GIE attirés par les conditions de travail plus favorables: un salaire attractif (45 000 francs F CFA comme salaire de base), l’inscription à l’Inps, à l’AMO (Assurance maladie obligatoire) avec aussi la possibilité de bénéficier d’un logement social sur le site Ozone.

Selon le directeur général adjoint d’Ozone Mali, Daouda Sogoba, le groupe a mobilisé des moyens techniques et des équipements (parc auto) assez importants pour débarrasser Bamako de ses déchets et améliorer l’environnement des populations.

D’après Sogoba, le travail comprend trois volets et se trouve aujourd’hui au premier niveau: l’enlèvement des déchets solides, leur acheminement jusqu’à la décharge finale où la société envisage l’installation d’une unité de tri (des déchets) et une autre unité de transformation. «Il y a aussi le volet concernant la gestion des dépôts de transit et de décharge. On s’est rendu compte qu’il n’y a que la décharge de Noumoubougou qui peut recevoir les déchets du District de Bamako, alors que Noumoubougou lui-même ne répond pas, techniquement, aux normes», a déclaré Sogoba.

L’objectif de la convention, c’est, d’une part, satisfaire les Bamakois dans le domaine de la gestion des déchets et, d’autre part, créer des emplois. L’article 41 qui en fait cas insiste sur la priorité à donner aux anciens travailleurs des GIE et de la voirie.

Les deux unités prévues (tri et transformation) donneront également lieu à des créations d’emplois. Des emplois pour lesquels la priorité sera donnée aux jeunes des zones qui abriteront les sites des décharges et de l’unité où il sera procédé à la transformation des déchets en énergie. Une énergie qui servira à alimenter en électricité les populations vivant dans les quartiers abritant les sites de ces deux unités. «Notre objectif, c’est aboutir en 2018, à la création de 15 000 emplois repartis entre le District et certaines régions où Ozone Mali entend ouvrir également des représentations locales pour faire stopper la menace des déchets solides… », -t-il confié.



Le dilemme des GIE

L’assainissement du District a aujourd’hui complètement dépassé les moyens de nos GIE (Groupements d’intérêt économique). Selon le directeur général adjoint d’Ozone Mali, en signant cette convention, la société entend rehausser le niveau d’enlèvement des ordures, pour une meilleure amélioration de la qualité de l’environnement. Ce qui passe nécessairement par un tri dans le recrutement des travailleurs. La question, selon lui, est clairement présentée dans l’article 41 de la convention. Au terme de cet article, Ozone Mali doit recruter, former et employer ses agents. Le même article donne la priorité à ceux qui travaillaient déjà dans le secteur, notamment les agents de la voirie urbaine et ceux des GIE. Si pour la première catégorie, il n’y a aucune difficulté avec Ozone qui a recruté plusieurs parmi eux, il n’en est pas de même pour ce qui concerne les promoteurs des GIE. La plupart d’entre eux refusent toujours la main tendue d’Ozone Mali. La pomme de discorde ? Les promoteurs des GIE refusent d’être soumis à un test avant d’être recrutés. Aussi, au lieu de travailler sous la responsabilité directe d’Ozone Mali, ils souhaitent pour la plupart passer avec la société marocaine un contrat de sous-traitance. Ça, Ozone n’y est pas favorable. Ses arguments ? La convention signée avec la mairie du District engage sa responsabilité au cas où une partie du travail n’est pas fait. Or, c’est ce que craint Ozone, sachant surtout les limites des GIE au Mali. « Certains GIE sont venus se faire recruter. Mais, beaucoup d’autres restent encore accrochés à leur demande de sous-traitance. Nous sommes toujours en négociation avec ces derniers pour les amener à reconsidérer leur position. D’autres sont venus se plaindre, mais nous leur avons fait comprendre qu’ils doivent d’abord se soucier de leurs travailleurs qu’ils payaient à 15 000 francs CFA et qui ont aujourd’hui la possibilité d’avoir un bon salaire, en plus d’être assurés à l’Inps et à l’AMO», explique Daouda Sogoba.

Selon le DGA, pour donner la chance à certains anciens agents, notamment les chauffeurs de la voirie, un test leur est organisé. Ceux qui ne sont pas admis, sont formés et seront bientôt injectés dans le système d’Ozone.

«Le travail qu’a commencé Ozone Mali est un plus. Mais, il y a quelques jours, nous avons été touchés par certains GIE. Ils craignent pour leurs emplois. Ce sont des diplômés chômeurs. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas les moyens. Ozone doit les comprendre et les aider », nous a confié le vieux Adama Koné, chef de quartier de Badalabougou…

Oumar Diamoye

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