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Le Combat N° 477 du 9/10/2012

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Milieux carcéraux et universitaires : au cœur de la fabrication de documents falsifiés
Publié le mardi 9 octobre 2012  |  Le Combat




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De nos jours, les milieux carcéraux et universitaires maliens sont devenus de véritables laboratoires au service de diplômes contrefaits

Ce n’est plus un secret pour personne : De nos jours, les faux diplômes se fabriquent au Mali comme de petits pains. Aussi, pour être titulaire d’un Baccalauréat, d’une Licence ou même d’un Diplôme d’étude approfondie (DEA) dans n’importe quelle spécialité que ce soit, il suffit d’en exprimer le besoin à la personne indiquée. Pourtant, les lieux de fabrication de ces « parchemins d’un autre genre » sont connus tant des usagers que des autorités administratives et judiciaires.

Des indiscrétions révèlent que la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako-Coura est l’endroit par excellence de délivrance de ces diplômes. Et très souvent, les relais sont des personnes en liberté. «Je connais un ami qui travaille dans une importante société commerciale de la place et qui a eu une ascension grâce à un diplôme fabriqué à la Maison centrale d’arrêt de Bamako-Coura. Lorsque vous exprimez le vœu et que vous versez l’argent, on vous demande des informations sur votre filiation. Et votre négociateur vous informe progressivement de la conduite à tenir », révèle un acteur du « réseau » qui requiert l’anonymat pour des raisons évidentes. Et d’ajouter : «Lorsque la date de composition de l’examen dont vous exprimez le besoin approche, on vous demande de faire semblant d’être un peu plus surchargé que d’habitude pour donner l’impression que vous étudiez.

Et lorsque les résultats de cet examen sont publiés, vous jubilez et annoncez à vos amis votre succès. Le diplôme vous est alors délivré quelques temps après ». Selon cette source, un impressionnant « arsenal » (de faux documents) est disponible dans le « laboratoire » de fabrication de ces diplômes à la prison centrale de Bamako-Coura : cachets ronds et nominatifs de hautes personnalités constitueraient la matière première. « Même les papiers en-tête de la Présidence et de nombreuses administrations s’y trouvent. Si vous voulez même une lettre de recommandation de n’importe quelle autorité pour chercher un emploi, vous y trouverez », indique la même source. A la prison centrale de Kati, c’est le même cas, apprend-on.

A l’université aussi

Les milieux universitaires sont également de véritables « sites » de fabrication de ces « diplômes ». Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour au Centre commercial qui abrite la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSJP). Sur la colline de Badalabougou, au niveau de toutes les Facultés, ces « laboratoires » de fabrication de faux documents, logées dans les cités universitaires, sont fonctionnels. Il suffit d’exprimer le besoin au premier passant pour être orienté vers un intermédiaire. Mais la prudence y est de rigueur. Et lorsqu’on se rend finalement compte que l’usager désire autre chose que le diplôme, il court le risque d’y laisser sa peau. « Tous les diplômes se fabriquent ici, sauf le Doctorat.

Dans les Facultés, vous pouvez également obtenir des notes d’avancement, des contrats de toutes sortes, des lettres de recommandation pour obtention d’un visa, des mises en demeure et tous les autres documents administratifs qui puissent exister, signer de l’autorité de votre choix», informe, avec une indifférence déconcertante, un étudiant logé au Campus universitaire de Badalabougou.

Mais ce qui est pour le moins surprenant, c’est surtout l’indifférence des autorités face à cette situation : personne n’est interpellée, encore moins arrêtée. D’où la prospérité de cette activité mafieuse qui nourrit d’ailleurs très bien son homme au Mali, hélas.

Jean Pierre James

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