Pour le président du groupe parlementaire de l’opposition, l’honorable Mody Ndiaye, le texte final de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali proposé au gouvernement et aux groupes armés du Nord par la médiation internationale est loin d’être équilibré.
Il estime même qu’il contient quelques passages qui dérangent la Vigilance républicaine et démocratique (VRD). « Le conception du terme d’Azawad dans le document, la signature unilatérale… le caractère sincère du texte final n’est pas matérialisé », a-t-il indiqué. Interview.
Indicateur du renouveau : Le gouvernement et les groupes armés ont paraphé un accord de paix et de réconciliation. Quelle analyse l’URD en fait ?
Mody Ndiaye : Cette question à une importance capitale. Je pense un peu nuancer ce que vous venez dire. L’accord dont il est question n’a pas encore été paraphé par les groupes armés. Ce qui nous amène à poser un certain nombre de questions parce que l’objectif de ce 5e round était l’élaboration d’un projet de paix et de réconciliation avec toutes les parties. Nous pensons que c’est une condition essentielle pour le rétablissement d’une paix durable. Mais le fait que les groupes armés ont ajourné leur signature nous inquiète.
La raison en est toute simple. Pour arriver à une paix durable, il faut que les parties soient sincères. Les parties doivent reconnaître que la première garantie de l’aboutissement de l’accord réside dans leur sincérité, leur bonne foi et leur engagement à assumer le contenu de l’accord et à œuvrer à la mise en œuvre de l’ensemble de ses dispositions dans l’intérêt de la réconciliation du pays. Or, le caractère sincère de notre point de vue n’est pas immédiatement matérialisé.
L’autre point qui échappe à la vigilance est la référence faite à l’Azawad. Dans l’accord, le gouvernement reconnaît que l’Azawad recouvre une réalité socio-culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord-Mali, constituant des composantes de la communauté nationale. Une compréhension commune de cette appellation qui reflète également une réalité humaine devra constituer la base du consensus nécessaire, dans le respect du caractère unitaire de l’Etat malien et de son intégrité territoriale. C’est une zone d’ombre pour nous.
Les recherches que nous avons menées nous indiquent que l’Azawad était une cuvette utilisée comme un lieu de pâturage. Mais faire de cette cuvette, un élément pour toutes les régions du Nord est exagéré. Il est très important de n’est pas présenter l’Azawad sous cet angle.
Il y a aussi la faisabilité des promesses par rapport aux délais. La partie gouvernementale a beaucoup d’engagements. Et généralement dans les accords un délai non respecté peut constituer un alibi. Il y a beaucoup de délais pris certes dans la volonté d’accélérer les choses, mais qui peuvent paraître très courts.
IR : Quelles peuvent être les conséquences de cet ajournement de signature par la Coordination des mouvements armés de l’Azawad ?
M. N. : Ce qu’on peut noter comme conséquences, c’est que les termes de l’accord jusqu’à ce que la partie gouvernementale signe portent à sujet. Du sens que les négociations du genre recommandent que la dernière journée se matérialise par un fil blanc. Il s’agit d’action concertée caractérisée par la confiance. Malheureusement, l’acte des belligérants semble loin d’être cousue de bonne foi.
IR : Est-ce on peut parler de l’équilibre ?
M. N : Le terme équilibre est relatif. Parce que le Premier ministre même a indiqué qu’effectivement qu’il n’y a pas eu de compromission, mais des compromis. Nous comprenons cela. Dans un accord, il y a des concessions surtout cet accord intervient après une crise. Et dans tous les cas de figure, il faut qu’on ait des éléments qui nous intéressent.
IR : Pour le rétablissement de l’ordre social, quelles sont les propositions de l’opposition ?
M.N. : Primo, nous exigeons de l’Etat de prendre les dispositions requises pour l’adoption des mesures règlementaires, législatives, voire constitutionnelles nécessaires à la mise en œuvre des dispositions du présent accord et créer les conditions d’une paix juste et durable au Mali, contribuant à la stabilité sous-régionale, ainsi qu’à la sécurité internationale. Il consacre solennellement le règlement concerté du conflit.
Ceci a comme avantage de discuter et de faire ressortir dans les rapports de l’Assemblée nationale les détails d’un certain nombre d’éléments qui permettront de faciliter la compréhension et la mise en œuvre dudit projet.
Propos recueillis par Bréhima Sogoba