La mobilisation pour le retour au pays de l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré alias ATT se poursuit. Après l’Association citoyenne pour le soutien à Amadou Toumani Touré (ACS-ATT) et d’autres mouvements associatifs des jeunes, c’est au tour des formations politiques comme le PDES, le PS Yelen Kura de se préparer, de concert avec l’association précitée, à saisir par une correspondance officielle le président de la République afin de faciliter le retour au pays, avec les honneurs dûs à son rang, du président Touré.
Après la conférence de presse tenue à la Maison de la presse, le samedi 28 février dernier, pour expliquer à l’opinion nationale et internationale sa volonté de mener un plaidoyer pour le retour d’ATT dans son Mali qu’il aime beaucoup, le Mali, l’ACS-ATT ne cesse de recevoir des messages de soutien et d’encouragement pour cette initiative.
Plusieurs acteurs politiques, toutes sensibilités politiques confondues (majorité ou opposition), se signalent pour expliquer la pertinence de la mobilisation pour que le pouvoir donne un écho favorable à cet appel. C’est ainsi que, déjà dans la salle de la conférence de presse, des formations politiques comme le parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) avec son président, l’ancien ministre Ahmadou Abdoulaye Diallo, le Parti socialiste (PS Yelen Kura) avec son président Amadou Koïta, se sont fait remarquer. Des cadres du parti FARE de l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé, comme le 1er vice-président, Souleymane Koné, Modibo Doumbia, Lamine Cissé, se sont faits remarquer par leur présence. Histoire de témoigner leur solidarité à la cause du jour : appeler le pouvoir à jouer sa partition pour permettre à l’ancien locataire du palais de Koulouba de regagner sereinement le bercail.
ATT démissionnaire pour faciliter la transition
Par ailleurs, l’on apprend que certaines formations politiques de l’opposition ou d’autres alliées au pouvoir sont aussi favorables au retour du président ATT. Certains de ces acteurs politiques se gênent à prendre clairement position dans ce sens. Faut-il signaler que de nombreux leaders politiques qui, aujourd’hui, sont embarrassés par le plaidoyer en faveur de la réhabilitation du président Amadou Toumani Touré, sont ceux-là mêmes qui ont le plus profité de son régime ? Auront-ils le courage de regarder ATT dans les yeux lorsqu’il sera de retour à Bamako, accueilli avec les éloges mérités pour avoir présidé presque dix ans aux destinées du Maliba ? Rien n’est moins sûr.
Justement, à propos de ce retour sur ses terres natales, « pour aller au champ à Mopti et retrouver son »soudou baba » (la case paternelle) « , comme il le disait lui-même, Amadou Koïta du PS Yelen Kura, que nous avons joint, rappelle que le président ATT avait quitté le Mali sur sollicitation conjointe des présidents Macky Sall du Sénégal et François Hollande, avec l’implication des dirigeants de la CEDEAO. Ceux-ci, poursuit-il, avaient, au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012, exercé des pressions pour qu’une transition pacifique soit menée à la tête d’un Mali dont les deux tiers du territoire étaient tombés sous le contrôle des terroristes et des rebelles. Ce qui avait alors poussé ATT à remettre sa démission en avril 2012 pour permettre que ce plan de sauvetage du pays puisse être mis en œuvre. Et, ajoute-t-il, il avait été décidé, du reste, avec l’accord du président de la transition, devenu président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré, que dès la fin de la transition, après l’élection d’un nouveau président de la République, le président ATT doit pouvoir rentrer au bercail avec les honneurs et privilèges dûs à son rang.
» Ni réfugié politique ni exilé «
Pour M. Koïta, c’est la volonté malsaine, affichée un moment par le pouvoir IBK de lancer une poursuite judiciaire contre le président ATT, qui a semé un doute dans la conscience de certains Maliens. « Il faut reconnaître qu’ATT n’est ni un réfugié politique, ni un exilé « , a-t-il souligné. Mais, analysent certains juristes, depuis que le pouvoir s’est rendu compte que cette poursuite ne peut prospérer et qu’elle se révèle finalement n’être que du vent, un silence flou est entretenu autour de la situation de l’ancien locataire de Koulouba.
Il faut signaler, par ailleurs, que la gouvernance IBK n’a encore prouvé aucune rupture par rapport à la gestion ATT. Ainsi, sur la question du Nord, le candidat IBK avait laissé penser que c’est par la fermeté que la situation allait être réglée. Mais, la réalité du pouvoir a permis de donner raison à ATT avec la mobilisation internationale pour faire face au terrorisme. Discours que le président Touré a longtemps tenu sans un écho favorable.
En outre, l’on a vu le pouvoir IBK composer avec les rebelles allant jusqu’à faire élire députés certains d’entre eux sur des listes RPM dans les régions nord du pays. Sans compter la renonciation à des poursuites contres des criminels, terroristes et jihadistes et même la libération de terroristes de renom tels que Wadoussène… Des crimes que certains esprits malintentionnés voulaient mettre à la charge de… l’Homme du 26 mars 1991. Il est donc clair qu’aujourd’hui le régime IBK reconnaît que le pouvoir ATT n’avait pas démérité.
C’est dans ce sens que le président de l’ACS-ATT, Hamane Touré dit Serpent, le porte-parole, N’Pa Sylla précisent qu’il y a aujourd’hui un impérieux devoir pour le Mali d’accueillir l’ancien président, qui a toute sa place dans le processus de réconciliation nationale.
Bruno D SEGBEDJI