Un accord de paix a été paraphé, dimanche à Alger, après des mois de négociations, par des parties maliennes, la Coordination des mouvements de l’Azawad ayant, quant à elle, demandé «une pause afin de mobiliser le maximum de soutien à cet acte fondateur» pour le rétablissement définitif de la paix au Mali.
Ce qui n’a pas empêché qu’il soit salué, car il est l’aboutissement d’un processus auquel ont adhéré toutes les parties maliennes ; il est considéré comme un pas important, puisqu’il ne faut perdre de vue les accords précédents, tous remis en cause. Ce qui explique alors la précaution affichée au moins par l’équipe de médiation.
C’est donc, devrait-on rappeler, un nouvel accord, car il n’est pas le premier du genre et s’attelle, lui aussi, à restaurer la paix dans le Nord malien. Toutefois, devrait-on ajouter sinon espérer, il pourrait en être différent non pas dans ce qu’il énonce, mais dans ce qui le porte. Il s’agit bien entendu du contexte international sans le moindre rapport avec ce qu’il était il n’y a pas si longtemps. A commencer par la médiation qui n’est plus celle d’un seul pays, mais internationale, une équipe dit-on, l’Algérie en assurant la présidence. Une forte équipe puisqu’elle représente l’ensemble des institutions internationales, notamment africaines.
Ce qui a valeur d’engagement, en réalité réciproque aussi bien des parties signataires que de celles qui y ont contribué. Ou encore de celles qui étaient présentes, dimanche, lors de la cérémonie de signature, une présence qui, dans un tel cas de figure, n’aurait absolument rien de protocolaire, le Mali étant, depuis une année, le théâtre d’une action internationale pour combattre et chasser des mouvements extrémistes et même, devrait-on ajouter, ce qui relève de la simple criminalité.
Parce que la situation a pris des proportions bien plus grandes et tout aussi dangereuses, y compris pour les puissances extra-africaines, à supposer bien entendu que cela n’a jamais été le cas, ce qui est franchement incertain. De tels conflits inquiètent fortement et leur règlement est alors considéré comme une urgence, avec l’implication du plus grand nombre.
Afin d’affronter d’autres dangers sans rapport avec ce qu’on appelait, jusque-là, les crises africaines perdues de vue quant à elles. La médiation internationale a d’ailleurs souligné qu’«au-delà de la stabilisation du Mali, la conclusion de cet accord contribuera assurément à la consolidation de l’effort que mène la communauté internationale pour éradiquer le fléau du terrorisme et ses connexions dans la région du Sahel». L’on apprend aussi que le document consacre – ce qui serait unique – une place à l’accompagnement international, sans dire sous quelle forme.
Une garantie aux parties signataires et de quelle nature ? Autant de questions, mais le fait est là, et c’est cette nouveauté qui suscite plus qu’un simple intérêt, de l’espoir.
Un premier engagement, avant cet accord global, faisait déjà référence à la force de l’ONU, en recommandant «la mise en œuvre rapide» avec l’appui de la Minusma et en étroite collaboration avec elle, de «toutes les mesures de confiance adoptées, notamment le mécanisme visant à faciliter le cessez-le-feu». Il a donc fallu beaucoup d’efforts et de détermination pour arriver à un accord «dans le plein respect de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale et du caractère laïque et de la forme républicaine du Mali».
Ce qui apparaît comme le fondement de cet accord, ou encore son point de départ qui permet d’envisager ses autres aspects sans difficulté majeure. Comme la prise en charge des préoccupations des populations du Nord, l’accord en question consacrant «une nouvelle gouvernance politique» basée sur la «libre administration». L’on se veut néanmoins prudent en indiquant que ce nouvel accord n’a pas la prétention de résoudre à la fois et dans l’immédiat tous les problèmes posés par une crise cyclique, profonde et multiforme. Il faudra du temps, mais surtout beaucoup de détermination.
Mohammed Larbi
Source: El Watan