En attendant les séances de restitution qu’elle entend organiser sur l’étendue du territoire national, la délégation gouvernementale aux pourparlers inter-Maliens a rencontré la presse lundi dernier, soit le lendemain du paraphe du préaccord de paix et de réconciliation nationale
Paix et sécurité au MaliPour l’occasion, le ministre en charge des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, était entouré de ses homologues de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadoun Konaté, et de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed. Il s’agissait pour ces membres du Gouvernement de répondre à une demande d’information de la presse, selon le ministre Diop. Ce, afin que chacun puisse saisir la portée de l’acte posé par le gouvernement à travers le paraphe du préaccord. Ainsi, le patron de la diplomatie malienne, non moins chef de file de la délégation gouvernementale aux négociations, avait d’emblée salué le rôle positif de l’ensemble des membres de l’équipe de médiation, particulièrement l’Algérie, pour parvenir à ce résultat qu’il a jugé appréciable. Et Abdoulaye Diop de souligner qu’au regard du mandat qui leur avait été confié par le chef de l’Etat, le préaccord de paix et de réconciliation préserve les principes fondateurs de notre pays et de la nation malienne, à savoir l’intégrité territoriale, l’unité nationale ainsi que les caractères laïc et républicain du Mali. «Nous ne sommes pas partis à Alger avec l’état d’esprit de tout rafler.
L’essentiel, c’était de voir comment tourner cette page, faire revenir nos frères dans la République et nous consacrer à l’essentiel [Ndlr: entendez le développement du Mali]», a rappelé l’orateur, jugeant le document relativement équilibré. Quoi qu’il en soit, M. Diop se dit conscient d’une chose. C’est qu’un accord est certes indispensable, mais pas suffisant pour faire la paix. A l’en croire, ce document de « compromis », qui devrait être signé d’ici à la fin de ce mois, n’est susceptible d’aucune modification. A la question de savoir ce qui adviendra si par malheur la Coordination des mouvements de l’Azawad -elle qui a demandé un délai supplémentaire de 72 heures à 2 semaines pour un éventuel paraphe- ne signait l’Accord, le ministre de l’Action humanitaire s’est montré nuancé. En effet, s’il ne peut affirmer avec certitude que la CMA apposera sa signature au bas du document, le ministre Konaté note qu’il n’y a pas non plus de raison qui autorise à dire que la Coordination ne le paraphera pas. Surtout quand on sait qu’elle s’est engagée à rester dans le processus de paix. «En tout cas, soutient-il, le Gouvernement ne doute pas de la bonne foi des autres parties».
Se fondant sur la forte mobilisation de la communauté internationale, notamment dans le cadre de la Conférence de Bruxelles, mais surtout la bonne conduite de la médiation, Hamadoun Konaté estime que le gouvernement malien peut, à juste raison, espérer que les engagements pris d’accompagner le Mali pour la mise en œuvre de cet accord de paix seront tenus. Toutefois, a-t-il souligné, la certitude n’est jamais à 100% sur ce genre de question. Le ministre Zahabi a, lui, estimé que le document qui fut paraphé à Alger le 1er mars dernier se différencie à bien des égards des accords précédents. Il s’agit notamment de l’Accord pour la restauration de la paix, de la sécurité pour le développement de la région de Kidal (2006), le Pacte national (1992) et les accords de Tamanrasset (1991). Selon lui, en plus du fait que tous les partenaires du Mali ont été associés aux récentes négociations, celles-ci ont été précédées de rencontres exploratoires pour trouver un médiateur. L’autre particularité du document que Zahabi Ould Sidi Mohamed a notée, c’est le fait que, par rapport au processus, des rencontres préparatoires furent organisées, notamment avec la société civile. Mieux, cette fois-ci, ajoute-t-il, le Gouvernement s’était prémuni à travers l’organisation des états généraux de la décentralisation et des assises sur les régions du Nord.
A en croire le ministre de la Réconciliation nationale, la question relative à l’Azawad sera tranchée au terme du débat national qui devra être organisé conformément à l’esprit du présent préaccord. Aucune des parties n’ayant lâché du lest sur ce point précis. Si le document renvoie l’examen de plusieurs autres questions à plus tard, c’est, dit-il, avec la méthode de les régler. En tout état de cause, le préaccord permet, selon lui, d’établir la confiance entre les Maliens.
Bakary SOGODOGO