Le projet de transformation des sous-produits d’abattage (PTSPA), dont le Comité de pilotage se tient ce jeudi 5 mars, ambitionne de se faire mieux connaître et de développer ses activités pendant l’année 2015.
Le Mali est le premier pays d’élevage de la zone UEMOA et le deuxième de l’espace CEDEAO, après le Nigéria. Le potentiel exploitable du cheptel est exporté sur pied ou transformé en viande dans 335 aires d’abattage, 7 abattoirs de type régional, 2 abattoirs frigorifiques et 14 centres d’abattage de volailles (rapport annuel 2013 DNPIA).
Tous ces centres génèrent d’importantes quantités de sous-produits d’abattage. Les chiffres d’abattage en 2013 s’élevaient à 303 000 bovins, 274 camelins, 314 970 ovins, 547 817 caprins et 4 765 600 volailles. On peut constater que le potentiel national en sous-produits d’abattage est donc énorme, en raison du nombre des centres d’abattages et du nombre d’animaux abattus.
Selon les spécialistes, la production des sous-produits d’abattage, soit 21 500 tonnes en 2013, augmente avec l’accroissement démographique, le changement des habitudes alimentaires et la volonté du Mali d’exporter de la viande au lieu du bétail sur pied.
L’essentiel de ces sous-produits est, cependant, soit jeté dans la nature, soit stocké pour être ensuite détruit. Cette situation constitue un manque à gagner pour les centres d’abattage et pour l’économie du Mali. C’est aussi une source de nuisances et la cause la plus importante de la pollution de l’environnement
Or, les sous-produits d’abattage sont susceptibles de récupération et de transformation par des technologies appropriées. Par exemple, le sang, les os, les viandes saisies, exemptes de maladies transmissibles, transformés, donnent des farines de sang, d’os ou de viande et des graisses pour l’alimentation de la volaille et des poissons. Les cornes et onglons broyés sont utilisés comme engrais et les matières stercoraires entrent dans la production de biogaz ou sont utilisés par épandage comme fumier
Dans le souci d’accroître la contribution du secteur de l’élevage à la croissance économique, en 1996, le Mali a, à travers l’Office Malien du Bétail et de la Viande (ex OMBEVI), initié le projet de transformation des sous-produits d’abattage (PTSPA), sur financement de la BADEA, voulant implanter deux complexes de transformation des sous-produits d’abattage à Bamako et à Ségou.
Face à l’ampleur de la pollution des centres d’abattage, la BADEA a proposé au Mali d’annuler le prêt initial et de mener une étude de valorisation des sous-produits d’abattage à l’échelle nationale. Le financement a été acquis, sous forme de don, par la signature de la Lettre d’Accord du 3 juillet 2014. Le projet de transformation a pour objectif la valorisation des sous-produits d’abattage par leur transformation en farines animales, pour l’alimentation de la volaille et des poissons, et en engrais et en biogaz. Il vise aussi l’amélioration et la protection de l’environnement des centres d’abattage.
Des résultats intéressants …
Érigé en Coordination en 2009, le projet a obtenu des résultats intéressants, même si ceux-ci ne sont pas assez connus. Il s’agit, entre autres, de la dotation de 18 centres d’abattage en équipements de récupération, de collecte et de transport des sous-produits d’abattage, pour la mise en place d’une amorce de système de récupération et de collecte des sous-produits d’abattage.
On peut aussi noter le réaménagement du bassin de décantation des eaux usées et du silo de stockage des matières stercoraires de l’abattoir frigorifique de Sabalibougou, l’étude technique et environnementale de l’implantation d’une station d’épuration à l’Abattoir frigorifique de Sabalibougou et les études de réaménagement des bassins de décantation des aires d’abattage de Kati et du Mandé.
Parmi les difficultés majeures que le projet rencontre, on peut citer la non sécurisation des sites d’implantation de la station d’épuration et des infrastructures de transformation des sous-produits d’abattage et l’absence d’étude de faisabilité de la valorisation des sous-produits d’abattage à l’échelle nationale.
Yaya Samaké avec la CCom/MDR