On en sait davantage sur les conclusions partielles de la mission d'enquête diligentée par l'ONU pour faire la lumière sur la répression violente des manifestants à Gao. Rappelons que ces derniers étaient sortis massivement, le 27 janvier dernier, pour protester contre la signature entre le chef d'Etat-major des forces onusiennes, le général Christian Thibault et le MNLA d'un accord partisan prévoyant l'établissement d'une " zone temporaire de sécurité " incluant Tabankort.
Ces jeunes, qui s’étaient regroupés devant la représentation de l’ONU à Gao, ont reproché à la MINUSMA d’appliquer une » politique de deux poids et deux mesures » en faveur des séparatistes, leur ouvrant la voie d’attaquer comme ils le souhaitent les positions des séparatistes sans que le contraire ne soit possible.
Au moins trois personnes avaient été tuées et une dizaine d’autres blessées au cours de la manifestation. Dans le rapport des enquêteurs dépêchés par l’ONU, il ressort que les évènements tragiques survenus à Gao sont qualifiés de » bavure « . Faux, rétorquent les jeunes patrouilleurs de Gao. Ils s’étonnent de l’utilisation de ce terme pour décrire la tuerie provoquée par la MINUSMA. Et s’interrogent : » Comment parler de bavure alors que les casques bleus ont braqué leurs armes et ouvert le feu en direction des manifestants pacifiques ? « . C’est ainsi qu’ils ont demandé une enquête plus indépendante où l’Etat malien et les populations de Gao seront impliqués pour faire toute la lumière sur ces évènements. Ils se disent surpris de voir d’un côté que la MINUSMA avait reconnu que ses forces ont tiré sur les manifestants et d’un autre elle parle de » bavure « .
Ils se sont indignés du fait que la mission onusienne n’a pas fait de compensation aux familles des victimes ni pris en charge les blessés. Rappelons que c’est une équipe médicale du CICR qui offre des soins à ces derniers. Signalons que suite à ces évènements, deux casques bleus, en l’occurrence un Sénégalais et un Nigérien, avaient été suspendus de leurs fonctions. Pour les jeunes patrouilleurs, cette sanction n’est pas suffisante. Ils ont réclamé que la liste s’allonge et que les auteurs de cette tuerie soient traduits devant les tribunaux.
Rappelons que le mardi dernier, une plainte a été déposée par la population de Gao contre la MINUSMA pour » meurtres et complicité de meurtres « . Précisons qu’une réunion est prévue demain entre les jeunes patrouilleurs de Gao et des cadres de la MINUSMA sur cette affaire. En tous cas, de plus en plus l’on assiste à une levée de boucliers contre la mission onusienne dont la présence est très critiquée.
Massiré Diop