De l’artillerie lourde, des fusils d’assaut, des grenades offensives, et autres explosives… Des exemplaires de Coran… Un comité de crise désormais installé
Puisque située non loin du domicile du président de la République, la découverte de cette importante cache d’armes ce mardi 02 mars à Samanko, suscite désormais de nombreux commentaires.
Selon toute évidence, les services de renseignements maliens avaient le bon tuyau. Ce qui justifie l’assaut donné par les éléments des forces de l’ordre, en l’occurrence, ceux du bataillon des parachutistes de Samanko. C’était mardi dernier aux environs de 17 heures à Samanko, dans la commune du Mandé.
Les suspects (une trentaine) ont été surpris par les éléments des forces de l’ordre dépêchés sur les lieux. Ils abandonnèrent alors tout derrière eux, à savoir, une véritable armurerie soit plus de 200 kalachnikovs, des fusils d’assaut de gros calibres (12-7), des grenades offensives, des lance-roquettes, ainsi que des téléphones portables de dernières génération pouvant faire office d’ordinateur, etc.
La nature des arsenaux fait croire aux spécialistes que les éventuels assaillants s’avéraient en nombre important (plus de 200 kalachnikovs) et s’apprêtaient à lancer une opération d’envergure comme l’atteste la découverte des fusils d’assaut et des grenades offensives. Mais étaient-ils militairement préparés à une telle opération ? Le doute est permis dans la mesure où ils se sont retirés sans combattre.
En attendant, les spéculations vont bon train. Le lieu de la découverte (non loin de Sébénicoro, quartier résidentiel du président de la République) fait penser à certains que leur potentielle cible n’était pas loin. Non, rétorquent d’autres : l’endroit, soutiennent ceux-ci, est aussi le passage bien connu des trafiquants d’armes en provenance de la Guinée voisine. Bref, chacun y va désormais de ses commentaires.
La découverte d’exemplaires de Coran est, elle aussi, diversement interprétée. Des jihadistes? Eux, dit-on, ne fuient pas à la première occasion. Disposant d’explosives, ils les auraient certainement utilisées. Mais encore, faudra-il qu’ils en connaissent le mode d’emploi. En tout état de cause, la présence d’exemplaires du Saint Coran ne pourrait à elle rendre des islamistes responsables des faits. Assurément, une enquête a été ouverte; mais ne vous attendez pas à ce que ses conclusions soient rendues publiques.
En attendant, un comité de crise a été mis en place et des patrouilles d’envergure désormais lancées à travers la capitale.
B.S. Diarra
A quelque chose…
Selon toute évidence, c’est seulement maintenant que les autorités semblent prendre très au sérieux la crise sécuritaire dans la capitale. Mais tant qu’il s’agissait de soit-disants petits délinquants agressant quotidiennement les motocyclistes et autres citoyens ordinaires, il n’y avait rien à dire. Mais là, il s’agit d’arsenaux de guerre dont les éventuels utilisateurs auraient certainement traversé Sébénicoro pour rejoindre le reste de la cité. Ou pis !
Nous ne cesserons jamais de le dire: sont faux et archi-faux les rapports officiels adressés au président de la République laissant croire que la situation sécuritaire à Bamako s’avère sous contrôle. Il n’en est rien ! Absolument rien ! La preuve par la découverte de cette importante cache d’armes. Il est même à craindre que celle-ci ne soit, en fait, que la partie visible de l’iceberg. En clair, il y a de fortes probabilités qu’il en existe d’autres quelque part dans la capitale et environnants.
Par ailleurs, nos autorités en charge de la sécurité publique doivent désormais sortir de leurs petites logiques mesquines, voire ridicules et percevoir la crise sécuritaire sous un prisme plus large et déconcentré. Et pour cause. «Le petit délinquant» s’avère désormais et généralement le bras exécuteur des narcos, islamistes et autres bandits de grands chemins. Le cas de Wadoussène est là pour ne le rappeler. Lui, n’est «officiellement» qu’un vulgaire preneur d’otages. Mais il vend ses services et «produits» aux narcodjihadistes. En clair, derrière un prétendu petit délinquant, se trouvent désormais un sponsor d’envergure, souvent, de véritables monstres à plusieurs têtes.
Par ailleurs, les méthodes et actions par eux utilisées sont plus efficaces et mieux coordonnées que celles des services de sécurité manifestement engagés dans des querelles intestines et de bas niveaux.
Signalons surtout que ces délinquants sont superbement équipés et mieux outillés en termes de technologies de l’information et de la communication. Un secteur, malheureusement considéré comme le parent pauvre des services en charge de la sécurité publique au Mali dans un monde en plein essor technologique. Le paradoxe ! Retenez que des téléphones portables de dernière génération ont été retrouvés sur place à Samanko à la suite des suspects.
Et plus grave ! Au sein de nos forces de sécurité et de la police en particulier, la tendance consiste désormais à abattre les jeunes et les plus méritants au lieu de les encourager. Tout se passe comme si l’on s’appliquait consciencieusement à faire la promotion de la médiocrité. Rien d’étonnant alors que les marginaux prennent toujours le dessus. Hélas
Gageons que la découverte de cette importante cache d’armes à Samanko fera ouvrir les yeux sur la nature de la véritable menace et des dispositions adéquates à prendre.
B.S. Diarra