L'accord pour la paix et la réconciliation nationale, paraphé le 1er mars dernier à Alger par le gouvernement malien et des groupes armés du nord du Mali est diversement apprécié par les Maliens.
Il a été salué par les organisations de la société civile, des partis politiques et l' armée, tandis que d' autres partis politiques rejettent le document.
Pour sa part, le gouvernement malien, par la voix de son Premier ministre, Modibo Keïta, a expliqué son adhésion à l' accord par le fait qu' il sauvegarde "des principes fondateurs de la nation, notamment le respect de l' intégrité territoriale, de la forme républicaine et du caractère laïc de l' Etat, et du rejet systématique de toute forme de fédéralisme, d' autonomie ou de statut particulier pour une ou plusieurs régions du Mali".
Le Premier ministre qui a donné ces indications en recevant jeudi une délégation de la société civile malienne, a ajouté que "la délimitation objective de l' épineuse question d' Azawad (appellation donnée aux régions du nord par la rébellion) et son renvoi à un débat national afin d' y trancher définitivement", constitue un autre point de satisfaction qui a motivé le paraphe.
Le chef du gouvernement a précisé que dans le document, "l' Azawad ne désigne aucune entité politique, juridique ou même géographique". Ce qui est selon lui "une précision de taille qui conforte l' unité et l' indivisibilité du Mali".
A la lumière de ces éclairages du Premier ministre, le président du Conseil national de la société civile, Boureima Allaye Touré, a manifesté son "adhésion au projet d' accord paraphé et sa détermination à jouer le rôle qui est la sienne dans sa mise en œuvre".
La Coordination des ONG et associations féminines du Mali (CAFO), présidée par Oumou Touré, a aussi salué le paraphe du même document, à l' image de plusieurs partis politiques, comme le Rassemblement pour le Mali, l' Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP), membres de la majorité présidentielle, a-t-on appris de sources officielles.
Le président de l' ASMA-CFP, l' ancien ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga, a souhaité que "cet accord ouvre la voie à un dialogue approfondi pour consolider l' unité nationale, préserver l' intégrité territoriale et la laïcité de l' Etat".
Il a souhaité également que cet accord "favorise une plus grande responsabilisation des citoyens dans la gestion des affaires locales".
Les forces armées maliennes ont affirmé "leur adhésion totale et entière au texte paraphé par le gouvernement" au cours d' une séance d' informations qui s' est tenue sous la présidence du ministre de la Défense, Tiéman Humbert Coulibaly, a indiqué à Xinhua le chargé de communication du ministère, le colonel Diarran Koné.
Au cours de la rencontre, poursuit le colonel Koné, "le ministre a invité les chefs d' état-major et directeurs de services à entamer sans délai une campagne d' information et de sensibilisation des troupes placées sous leurs ordres pour un meilleur accompagnement de cet accord dont les FAMa (Forces armées du Mali) sont parties prenantes au travers de leurs représentants à Alger".
En revanche, l' accord paraphé est rejeté par la Convention nationale pour une Afrique solidaire, un parti qui n' est ni de l' opposition, ni de la majorité.
Ce parti dirigé par l' ancien Premier ministre Soumana Sako, estime que le document "viole la Constitution de la République du Mali", indique un communiqué dont Xinhua a obtenu copie.
Le document, souligne-t-il, "remet en cause le caractère républicain, unitaire et indivisible de l' Etat en introduisant, sous le couvert délibérément trompeur de 'régionalisation', un système confédéral s' appuyant, tout comme sous l' ordre politique colonial, sur des 'autorités traditionnelles' dépourvues de toute légitimité historique".
Pour sa part, le président du PARENA, Tiébilé Dramé, un leader de l' opposition, s' est dit inquiet quant à certaines dispositions de l' accord paraphé.
Joint par un correspondant de Xinhua, M. Dramé a souligné qu' une fois entré en vigueur, "ce projet d' accord créera un autre Mali". Il s' agit selon lui, d' un Mali des "régions autonomes dirigées par des hyperprésidents élus au suffrage universel direct cumulant les fonctions de président d' Assemblée régionale, de chef de l' exécutif et de l' administration de la région".
L' accord n' a pas encore été paraphé par plusieurs groupes armées qui ont demandé un délai en vue de consulter leurs bases.