Bamako - Le Mali a promis de ne pas céder à la peur et de punir les auteurs de l’attentat de Bamako où enquêteurs maliens et étrangers joignaient lundi leurs forces après cette première tuerie à frapper des Occidentaux dans la capitale malienne.
Une magistrate de la section antiterroriste du parquet de Paris, accompagnée de dix policiers français, est arrivée dans la nuit de dimanche à lundi à Bamako pour participer à l’enquête sur l’attentat qui a fait cinq morts, trois Maliens, un Français et un Belge, ce weekend, a appris l’AFP de sources concordantes.
"Nous sommes debout", a déclaré le président Ibrahim Boubacar Keïta dimanche soir, dans une première réaction publique après s’être rendu la veille sur les lieux de l’attentat et au chevet des blessés à l’hôpital.
L’attentat perpétré au coeur de la capitale dans la nuit de vendredi à samedi dans un restaurant et aux alentours, a aussi fait huit blessés, dont deux Suisses.
Les auteurs "ont échoué et ils échoueront" à créer la peur, a dit le président Keïta, promettant que "ceux qui ont osé revendiquer cet attentat le paieront très cher".
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Choguel Maïga a renchéri lundi, assurant que le peuple malien ne se laisserait "ni impressionner ni intimider par les actes terroristes".
"La panique ne gagnera pas le rang des Maliens", a-t-il insisté.
Il a pressé par ailleurs la rébellion à dominante touareg du nord du pays de parapher l’accord de paix déjà signé le 1er mars à Alger par le camp gouvernemental, afin qu’il "constitue une base réelle pour la stabilisation de notre pays".
Au lendemain de l’attentat, revendiqué par Al-Mourabitoune, le groupe jihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, deux enfants et un Casque bleu tchadien ont été tués, et une dizaine de personnes blessées dimanche par des tirs de roquettes à Kidal, bastion de la rébellion dans le nord-est du Mali.
L’attaque contre la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), qui n’a pas été revendiquée, a suscité les condamnations du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et du Conseil de sécurité.
"Cette tentative flagrante d’entraver les progrès réalisés dans un moment crucial du processus de paix au Mali est répréhensible", a protesté M. Ban.
- Rapatriement des corps -
Le corps du Français tué dans l’attentat de Bamako, Fabien Guyomard, 30 ans devait être rapatrié lundi soir. Le Belge, le lieutenant-colonel Ronny Piens, 44 ans était depuis février responsable de la sécurité pour la délégation de l’Union européenne (UE).
La tension restait palpable, surtout parmi la communauté expatriée, comme en témoigne la décision du lycée français de Bamako de reporter de deux jours la rentrée scolaire, prévue lundi après des vacances, pour renforcer sa sécurité.
Un ami malien du Français tué, lui-même rescapé de l’attentat, Zakaria Maïga, s’est dit "surpris" de la facilité avec laquelle les assaillants ont pu "avec des grenades - ils étaient bien équipés - venir au centre ville, là où il y a la police malienne, l’armée malienne et la Minusma".
Le goupe Al-Mourabitoune a dit vouloir venger non seulement un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l’armée française en décembre, mais surtout son prophète, "de l’Occident mécréant qui l’a insulté et moqué".
Il faisait allusion aux caricatures du prophète Mahomet publiées par l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, dont une partie de la rédaction avait été massacrée deux mois auparavant, jour pour jour, par deux jihadistes à Paris.
Une magistrate de la section antiterroriste du parquet de Paris est arrivée
"dans la nuit de dimanche avec "dix policiers français à Bamako en provenance de Paris pour participer à l’enquête sur les tueries de samedi", a indiqué à l’AFP une source aéroportuaire.
Cette information a été confirmée par une source de sécurité selon laquelle la magistrate et les policiers "vont travailler main dans la main avec leurs collègues maliens".
Le nord du Mali était tombé début 2012 sous la coupe de groupes jihadistes
liés à Al-Qaïda, dont les forces de Belmokhtar.
Ils en ont été partiellement chassés par l’opération militaire "Serval", lancée à l’initiative de la France en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l’opération "Barkhane", dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la région sahélo-saharienne, mais des zones entières du pays échappent toujours au contrôle de Bamako.
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