Trois maliens et trois Européens (un Français, un Belge et un autre dont l’identité n’a pas été établie au moment où nous mettions sous presse) ont été abattus dans la nuit de vendredi à samedi au restaurant «La Terrasse ».
La piste terroriste est évoquée par les enquêteurs qui auraient arrêté deux suspects. Samedi soir, le mouvement islamiste Al Murabitoune, dont le leader est Mocthar Belmockhtar, alias Khaled Abou, a revendiqué l’attentat dans une vidéo envoyée à l’agence mauritanienne Alakhbar.
Selon la police, un homme armé est entré peu après minuit dans le bar-restaurant « La Terrasse », un établissement en étage apprécié des expatriés, dans une rue très animée de la capitale, et a ouvert le feu. Sans même avoir plus de précisions, les enquêteurs ont évoqué la piste terroriste. « La Terrace » est située dans la rue Princesse du quartier Hippodromes, mais dans une rue voisine, se trouvaient le corps d’un policier malien et celui du gardien d’un domicile privé.
Dans la même rue gisait le corps d’un ressortissant belge. Rapidement, des dizaines de policiers ont bouclé le secteur, et les rares témoins directs de l’événement refusaient de témoigner par peur de représailles. En plus des deux Occidentaux morts sur place, un troisième, dont la nationalité n’a pas pu être établie immédiatement, était mort samedi lors de son admission à l’hôpital Gabriel Touré. A notre passage sur les lieux, le samedi, la police était toujours là. La rue était bouclée par un cordon sécuritaire. Quelques badauds s’attroupaient et échangeaient sur l’attentat. Une première dans la capitale.
Par ailleurs, huit personnes ont été blessées, dont deux grièvement, selon des sources hospitalières. Le même jour, Paris a confirmé la probabilité du décès d’un de ses ressortissants. La présidence française avait indiqué qu’il y avait « très vraisemblablement un Français, en cours d’identification », parmi les victimes ayant trouvé la mort. Par contre, il n’y avait pas de Français parmi les blessés.
Le chef de l’Etat français, François Hollande, a dénoncé « avec la plus grande force le lâche attentat » commis à Bamako. Il a aussi offert l’aide de la France au Mali, selon un communiqué du gouvernement français. Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a condamné cette terreur lâche, ignoble qui a frappé à Bamako. Bruxelles a également confirmé peu après la mort d’un citoyen belge.
Federica Mogherini, la Haute représentante pour les Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), a indiqué que l’une des victimes travaillait pour l’UE au Mali. Les enquêteurs ont indiqué que deux suspects ont été arrêtés samedi, mais rien n’a filtré sur leur identité, encore moins leur la nationalité. Ces suspects qui ont subit un interrogatoire auraient fournit aux enquêteurs des informations intéressantes.
L’attentat se produit dans un contexte d’insécurité grandissante au Mali. Un camp de présumés terroriste aurait été démantelé récemment dans les environs de Bamako. Mais le drame arrive aussi au moment où les groupes armés touareg de Kidal sont sous forte pression internationale pour parapher d’ici la fin du mois un accord pour la paix. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon, souhaite que les séparatistes signent ce document comme l’a déjà fait le gouvernement malien le 1er mars à Alger.
Au Nord, la situation est plus calme. Les milices d’autodéfense ne cherchent pas à étendre leur contrôle sur des zones occupées par les séparatistes. Pourtant, les affrontements entre elles et les mouvements séparatistes ont continué pendant les négociations qui viennent de prendre fin dans la capitale algérienne. Une cellule de crise a été instaurée par l’Ambassade de France au Mali. Elle a pour tache d’avertir les Français et de renforcer leur sécurité en liaison avec les autorités maliennes, selon la présidence française.
Soumaïla T. Diarra