Dans le cadre de la 3ème revue de l'accord au titre de la Facilité élargie de crédit -FEC), une mission du Fonds monétaire international (FMI) est attendue dans notre pays à la fin de ce mois de mars pour un séjour de deux semaines. Cette venue des experts de l'institution de Breton Woods s'inscrit dans le cadre de la coopération qu’elle entretient avec notre pays en vue de soutenir son programme économique. La mission rencontrera les plus hautes autorités ainsi que la société civile et doit dégager les voies et moyens pour la prise en compte dans le budget 2015 des nouvelles dépenses créées suite aux nouveaux engagements de l'Etat.
Depuis la première et seconde revues couplées en décembre 2014 de la FEC, qui est venue bouclée une période de brouille entre le Mali et le FMI suite à l’achat de l’avion présidentiel et des contrats d’équipements militaires, la coopération entre les deux entités se porte désormais bien. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le représentant-résident du FMI, Op de Beke Anton A. F. qui, dans la perspective de cette mission, a rencontré la presse, hier mardi 10 mars, dans ses locaux à la Dette publique.
Selon le conférencier, la coopération avec le FMI prévoit une revue semestrielle suivie d’approbation par le conseil d’administration des décaissements. Dans le cadre de la FEC, le Mali doit bénéficier en 3 ans, d’une enveloppe de 24 milliards de FCFA. « Au-delà de cette aide qui est faible de par son volume, la mission renforce la crédibilité du gouvernement malien auprès des PTF et même de la population » a-t-il indiqué.
Plusieurs sujets seront au cœur de cette mission. Il s’agit de l’impact de la chute du cours mondial du pétrole sur l’économie malienne, la décentralisation qui est très importante dans le contexte actuel pour une meilleure appropriation des politiques au niveau local. Autres sujets importants au cœur des discussions, les nouvelles dépenses occasionnées pour les nouveaux projets et engagements de l’Etat.
Selon le représentant du FMI, l’accord conclu entre le gouvernement et l’UNTM, qui a des répercussions financières, l’adoption de la loi de programmation devant entraîner une augmentation des dépenses destinées aux forces armées et de sécurité ainsi que l’accord d’Alger paraphé avec certains groupes armés, toutes ces nouvelles donnes n’étaient pas prévues dans le budget 2015.
Donc, au cours de la mission, les deux parties doivent s’accorder sur un niveau de dépenses qui maintient l’équilibre macro-économique.
Cette rencontre avec la presse a été l’occasion aussi pour M. Op de Beke de souligner que le taux de croissance économique du Mali, attendu en 2014 était de 6,1%, mais le taux réel sera déterminé à la suite de cette mission. Pour 2015, les prévisions se situent entre 6 et 7%.
S’agissant de l’application des engagements pris par le Mali lors des revues de décembre 2014 par rapport aux sanctions des cadres impliqués dans les dossiers de l’avion présidentiel et des contrats d’équipements, il dira que son institution n’est pas un organisme judiciaire et, à cet titre, il ne va ni mettre la pression sur le gouvernement, ni donner un délai pour ces éventuelles sanctions judiciaires. Il a précisé que ces sanctions ne conditionnent pas la suite de l’appui du FMI au Mali.
Donc, la latitude est au gouvernement de mettre en œuvre toutes les recommandations prises en décembre, principalement l’application rigoureuse des règles budgétaires et de passation de marché pour rétablir la confiance des entreprises, des consommateurs et des bailleurs de fonds ; la préservation de la stabilité macroéconomique en maintenant le solde budgétaire de base proche de zéro et le solde budgétaire global à un niveau compatible avec la viabilité de la dette.
Il y a aussi l’accroissement des recettes fiscales de près de 0,5% du PIB par an, l’amélioration de la gestion des finances publiques et l’accélération des reformes pour améliorer le climat des affaires.
Youssouf CAMARA