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Le Combat N° 477 du 9/10/2012

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La présidente de la Cafo : « les hommes peuvent arrêter la guerre, mais sans les femmes, ils ne peuvent pas ramener la paix»
Publié le mardi 9 octobre 2012  |  Le Combat




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Dans un entretien qu’elle nous a accordé, la Présidente de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali (CAFO), Mme Oumou Touré évoque l’évolution de la situation actuelle du pays. Elle soutient l’envoi des troupes de la CEDEAO au Mali tout en précisant que notre pays a besoin d’assistance.

-Le Combat : Que pensez-vous de l’évolution de la situation actuelle du pays ?

-Mme Oumou Touré : C’est une situation qui donne à réfléchir. Les situations sécuritaire et politique ne sont pas enviables par rapport à ce que nous souhaitons. Rien n’est clair. Nous ne sommes pas aux instances de prise de décisions pour savoir exactement ce qui ne va pas. Il y a trop de rumeurs. Quand un pays est dirigé par des rumeurs, cela veut dire que ça ne va pas. Dans un Etat où tout marche, tout doit être clairement posé sur la table. Le citoyen a droit à une information appropriée parce que c’est cela le devoir des dirigeants. Normalement, c’est quand les gens ont confiance en vous, que vous êtes une autorité. Et vous devez donner la confiance aux gens surtout en ces moments de crise. Je pense que c’est à travers des informations que les médias collectent à gauche et à droite, que les gens essaient de s’informer en fonction de cela. Mais les vraies décisions se prennent trois ou quatre jours ; après, on voit des contre-décisions. Nous sommes inquiets en tant que société civile et populations, et jusqu’à présent nous ne savons pas la vérité.

-Pourquoi les gens ont l’impression que tout va bien et chacun vaque chaque jour à ses occupations, comme si rien ne se passe ?

-Les deux tiers du pays sont sous occupation. Cela veut dire que rien ne va. Aussi, chaque jour, on entend des exactions, des viols, des coupures de bras. Ce sont des pratiques humiliantes et dégradantes. On ne peut pas faire comme si tout va bien, même si les gens font semblant, alors que chacun a peur de l’autre, surtout la peur de parler car les gens sont en insécurité.

-Quel commentaire pouvez-vous faire sur l’arrivée des troupes de la CEDEAO au Mali?

-Je parle en tant que la citoyenne malienne. Je pense que quand un pays s’engage dans une communauté internationale ou sous-régionale, c’est pour une assistance quelconque, pas seulement en situation de guerre. C’est parce que le pays sait qu’il ne se suffit pas seul et qu’en cas de problème ou de bonheur, il faut le partager avec les autres. Si c’est l’aspect économique, par exemple si le Mali produit de l’arachide, il peut l’importer au Sénégal ou l’amener en France. C’est donc donner et recevoir dans un espace pour lequel les gens s’engagent à signer des traités et des conventions. Aujourd’hui, il ne faut pas se voiler la face : il y a un problème d’insécurité au Nord et une incapacité quelque part. Cela fait huit (8) mois que les rebelles ont occupé le Nord. Quand tu téléphones au Nord, les populations demandent : quand est-ce que l’armée va venir, quand est ce que la CEDEAO va venir (au Nord) ? A force de nourrir l’espoir d’être assistés, les gens du Nord n’ont plus d’espoir. A force d’avoir peur des rebelles, ils n’ont plus peur et vaquent à leurs préoccupations. Même dans l’indignité, ils essaient de faire comme tout va bien. Ici au Sud, tout le monde veut avoir un territoire unique. Tout le monde a peur de tout le monde sans compter sur le temps. Dès que tu parles ou que tu t’agites, tu reçois des visites de gens inconnus. Jusqu’à présent, les gens ne savent pas ceux qui sont à l’origine des arrestations. Il y a une insécurité.

-En tant que femme et militante de la paix, que vous pouvez-vous proposer comme solutions pour sortir de cette crise ?

-Cette crise nous dépasse. Ce n’est pas une affaire de maintenant. Si c’était une affaire ponctuelle, les femmes ont une solution : c’est une affaire de gouvernance. Quand les femmes ont commencé à parler de ce constat, c’était depuis très longtemps. On a avisé le pouvoir central qui n’a pas voulu nous écouter. Nous ne sommes pas aux instances de décisions pour que nous puissions donner des solutions. Il faut donc qu’on soit là où on prend les décisions. Nous sommes des femmes, nous allons utiliser tout ce que nous avons parce que nous n’avons aucun intérêt dans la guerre, parce que la crise, c’est sur nous les femmes. Nous sommes en train de nous organiser individuellement et collectivement en mettant toutes nos forces ensemble. Aujourd’hui, la solution est politique, militaire et d’accepter qu’on est un Etat qui a besoin d’assistance. Il ne faut pas avoir honte de dire qu’on est faible aujourd’hui car le faible d’aujourd’hui, c’est le fort de demain. Je dis aux hommes qu’ils peuvent arrêter la guerre, mais ils ne peuvent pas ramener la paix sans les femmes.

Entretien réalisé par Salimata Fofana

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