Près d'une semaine après l'attentat jihadiste de Bamako, l'un des auteurs présumés a été tué vendredi dans la capitale malienne par les services de renseignements lancés dans la traque d'une dizaine de suspects.
Au même moment, la rébellion à dominante touareg du nord du pays poursuivait ses discussions sur l'accord de paix d'Alger, déjà paraphé par le gouvernement, sous intense pression internationale pour signer à son tour afin d'isoler définitivement les jihadistes comme ceux qui ont revendiqué l'attentat.
Cette réunion qui a débuté jeudi à Kidal, bastion de la rébellion à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako, devrait se prolonger jusqu'à samedi, selon une source proche de l'organisation.
"Lors d'un assaut lancé ce vendredi, l'un des auteurs du crime terroriste de samedi dernier a été tué. Il n'a pas voulu se rendre. Il a piégé une porte" du bâtiment où il se cachait, a déclaré à l'AFP le numéro 2 des forces spéciales, communément appelées sécurité d'Etat.
Localisé dans un quartier populaire de la périphérie, ce suspect était "originaire du nord. Il s'était rasé la tête", a indiqué un autre responsable des forces spéciales, précisant que le suspect avait la peau claire.
"C'est l'un des assaillants de samedi. C'est lui qui, à moto, avait lancé
une grenade dans la rue du bar-restaurant La Terrasse", a-t-il assuré, en
référence à l'un des suspects repérés lors de l'attentat, dont un
portrait-robot a été diffusé.
Un carte d'identité a été retrouvée sur lui portant comme date de naissance
1993 et comme lieu une localité proche de Bourem, dans le nord du pays, selon
les mêmes sources, précisant qu'il pourrait s'agir d'un faux document.
Une dizaine de personnes ont été interpellées dans le bâtiment, a-t-on
indiqué.
Trois membres des forces spéciales ont été légèrement blessés dans
l'assaut, selon des sources hospitalières.
- Isoler les jihadistes -
Dans le quartier où s'est déroulée l'opération, des groupes de curieux se
sont formés, ont constaté les correspondants de l'AFP.
Un habitant du rez-de-chaussée de ce bâtiment de deux étages, Jean Salif
Tigana, a dit avoir été réveillé au milieu de la nuit par des "bruits en
haut", croyant d'abord que "quelqu'un tapait la porte".
Après s'être décidé à sortir, cet habitant a vu des policiers dans la rue
et entendu des détonations.
Appuyées par des policiers de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) et des
enquêteurs français et belges arrivés en renfort, les investigations ciblent
une dizaine de "véritables terroristes organisés", selon des sources proches
du dossier.
Parmi eux figurent un binational russo-malien, qui n'a pu être localisé, et
le chauffeur présumé, qui serait handicapé, a-t-on précisé.
Cet attentat à la grenade et à l'arme automatique, le premier à frapper des
Occidentaux à Bamako, a fait cinq morts: trois Maliens, un Français et un
Belge, et huit blessés, dont deux Suisses, au bar-restaurant La Terrasse et
aux alentours de ce haut lieu de la vie nocturne dans la capitale.
L'attentat a été revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de
l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui a dit vouloir venger le prophète de l'islam
"insulté et moqué par l'Occident mécréant", ainsi qu'un de ses chefs tué par
l'armée française en décembre dans le nord du Mali.
A la suite de l'attentat, le gouvernement malien et la communauté
internationale ont intensifié les pressions sur la rébellion pour faire la
paix afin de priver les jihadistes de tout soutien ou sanctuaire dans le nord
du pays.
Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion du
Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), d'abord alliée à ces
groupes qui l'ont ensuite évincée.
Les jihadistes en ont été partiellement chassés par l'opération militaire
"Serval", lancée à l'initiative de la France en janvier 2013, à laquelle a
succédé en août 2014 l'opération "Barkhane", dont le rayon d'action s'étend à
l'ensemble de la région sahélo-saharienne. Mais des zones entières échappent
toujours au contrôle de Bamako.
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