Bamako - Près d’une semaine après l’attentat jihadiste de Bamako, un des auteurs présumés a été tué vendredi dans la capitale malienne et "beaucoup d’armes" saisies par les services du renseignement, lancés dans la traque d’une dizaine de suspects.
Au même moment, la rébellion à dominante touareg du nord du pays
poursuivait ses discussions entamées mercredi à Kidal (nord-est) sur l’accord de paix d’Alger, sous intense pression internationale pour le signer afin d’isoler définitivement les jihadistes, tels ceux qui ont revendiqué l’attentat. Le gouvernement avait déjà paraphé le texte le 1er mars.
"Lors d’un assaut lancé ce vendredi, l’un des auteurs du crime terroriste de samedi dernier a été tué. Il n’a pas voulu se rendre. Il a piégé une porte" du bâtiment où il se cachait, a déclaré le numéro 2 des forces spéciales maliennes relevant de la sécurité d’Etat (SE, services du renseignement).
Localisé entre les quartiers populaires de Banankabougou et Sokorodji, dans la périphérie sud-est de Bamako, ce suspect était "originaire du Nord", a indiqué un autre responsable des forces spéciales, précisant que le suspect avait la peau claire et qu’il était un des auteurs de l’attentat de la semaine dernière.
Dans la nuit du 6 au 7 mars, cet attentat à la grenade et à l’arme
automatique, le premier à frapper des Occidentaux à Bamako, avait fait cinq morts - trois Maliens, un Français et un Belge - et huit blessés, dont deux Suisses, au bar-restaurant La Terrasse et aux alentours de ce haut lieu de la vie nocturne de la capitale.
Il a été revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
Selon des sources au sein des forces spéciales, une carte d’identité a été retrouvée sur le suspect tué vendredi, indiquant qu’il est né en 1993 dans une localité proche de Bourem (nord). Il pourrait cependant s’agit d’un faux document, selon elles.
Une dizaine de personnes ont été interpellées dans le bâtiment. Trois membres des forces spéciales ont été légèrement blessés, selon des sources hospitalières.
- Forces de sécurité "largement mobilisées" -
Vendredi soir, le ministre malien de la Communication Choguel Maïga, porte-parole du gouvernement, a indiqué que l’auteur présumé de la fusillade était toujours recherché.
"Nous avons bon espoir que les forces de sécurité, qui sont largement mobilisées aujourd’hui, mettront la main sur lui et sur d’autres" complices impliqués dans l’attentat, a déclaré M. Maïga lors d’une conférence de presse.
Dans l’appartement du suspect abattu, "beaucoup d’armes, beaucoup de munitions ont été trouvées (...). Et les premières analyses indiquent très clairement que c’est des balles de même nature que celles qui ont été utilisées" pour l’attentat, a-t-il dit.
Selon lui, il s’agit également des "mêmes types de balles" que celles retrouvées lors d’une récente opération policière à Samanko, près de Bamako.
Selon la presse locale, le 3 mars, des hommes de la SE y ont découvert une cache d’armes abandonnée par plusieurs hommes ayant pris la fuite.
Un responsable au ministère malien de la Défense et une source sécuritaire ont indiqué à l’AFP que l’auteur de la fusillade et le suspect tué vendredi ont habité ensemble avant l’attentat. Selon la source sécuritaire, ils avaient loué l’appartement "depuis trois semaines" et depuis la fusillade, le tireur "n’est plus retourné habiter avec son complice tué vendredi".
Elle a aussi confirmé la découverte dans l’appartement d’"armes et
munitions".
Appuyées par des policiers de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et des enquêteurs français et belges arrivés en renfort, les investigations sur l’attentat de Bamako ciblent une dizaine de "véritables terroristes organisés", selon des sources proches du dossier.
Parmi eux figurent un binational russo-malien, qui n’a pu être localisé, et le chauffeur présumé, qui serait handicapé.
Après l’attentat, le gouvernement malien et la communauté internationale ont intensifié les pressions sur la rébellion à dominante touareg, pour faire la paix afin de priver les jihadistes de soutiens dans le Nord.
Cette région était tombée au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été partiellement chassés par l’opération militaire "Serval", lancée à l’initiative de la France en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l’opération "Barkhane", dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la région sahélo-saharienne. Mais des zones entières échappent toujours au contrôle de Bamako.
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