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Présidence de l’APCAM et Coopératives des producteurs de coton : Bakary Togola vomi par les organisations paysannes
Publié le mardi 17 mars 2015  |  Le Tjikan




Le président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, a cette vilaine manie de faire parler de lui. Et de la plus mauvaise manière. Après ses déboires avec les populations de Marakodogou autour d’une affaire de spéculation foncière, il est aujourd’hui vomi par l’ensemble des organisations paysannes qui ne demandent plus que son départ pur et simple, à commencer par la grande famille des contonculteurs dont il est lui-même issu.

L’actuelle guéguerre entre les contonculteurs et le président de l’APCAM, Bakary Togola n’est que la face cachée d’un profond désaveu de ces organisations paysannes à son endroit. Une histoire qui remonte au moment de la privatisation de la CMDT. En effet, les organisations paysannes, particulièrement les contonculteurs n’ont toujours pas pu pardonner à Bakary Togola, sa trahison lors de la privatisation de la CMDT. Une privatisation lors de laquelle, ils ont assisté à un retournement spectaculaire de leur président. En effet, celui qui, comme les organisations de cotonculteurs, était farouchement opposé à la privatisation de la CMDT, va devenir du jour au lendemain son plus fervent défenseur. Une privatisation qu’il avait rejetée haut et fort quelques temps auparavant.

Pour rappel, à la faveur de la privatisation de la CMDT, la Commission des Finances, de l’Economie, du Plan et de la Promotion du Secteur privé de l’Assemblée nationale à l’époque avait entamé une série d’écoutes des acteurs de la filière coton dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la privatisation de la CMDT.

Fort de ses liens avec le président Amadou Toumani Touré, Bakary Togola qui était farouchement opposé à toute privatisation de la CMDT va tourner casaque. Mieux, il va s’illustrer comme le plus grand défenseur de ce projet auprès des organisations paysannes qu’il sera ensuite chargé de convaincre pour qu’elles acceptent cette privatisation.

Celles-ci avaient du mal à comprendre qu’après avoir clamé haut et fort que les producteurs sont contre la privatisation de la CMDT, Bakary Togola allait tourner casaque pour défendre le contraire.

A l’époque, Bakary Togola aurait utilisé des moyens financiers mis à sa disposition pour « acheter » l’adhésion des responsables de nombreuses associations. Cependant, dans le cercle des leaders syndicaux paysans devant rencontrer les députés, seul Djanguiné Tounkara du Syndicat des Producteurs de Coton de Kita (SPCK) avait porté la contradiction au président de l’APCAM en indiquant qu’il n’est pas question de trahir la base qui rejette toute idée de privatisation de la CMDT. Les autres leaders syndicaux tels que Soloba Mady Kéïta (SPCK), Seydou Coulibaly (OHVN), Thiassé Coulibaly (AOPP) avaient appuyé Bakary Togola dans sa campagne pour la privatisation de la CMDT au grand dam de l’opinion des producteurs de coton.

Des sources bien introduites avaient indiqué que dans les campagnes, certains responsables syndicaux avaient été dotés de véhicules flambants neufs pour mener à bien cette campagne.

Toujours empêtré dans des sales affaires

En plus de cette affaire qui l’a totalement discrédité aux yeux du monde paysan, Bakary Togola sera encore plus enfoncé par deux affaires de surfacturation portant sur les intrants agricoles.

Des affaires intervenues après que la CMDT ait transféré l’approvisionnement des paysans en intrants, céréales, herbicides et appareils de traitement au Groupement des Syndicats Cotonniers et vivriers du Mali (GSCVM) dirigé par Bakary Togola.
Pour preuve, lors de la campagne 2005/2006, l’herbicide « Kallach» qui était cédé aux producteurs à 3100 FCFA le litre a été surfacturé à 10 500 FCFA. Ce contrat a été signé par Bakary Togola avec les sociétés Karagnara et BTC. L’incidence financière de cette surfacturation s’élève à la somme de 592.000.000 FCFA. Une somme qui ne pouvait être supportée ni par la CMDT, ni par les producteurs. Les évolutions judiciaires de cette affaire ont conduit à la saisie des comptes de la CMDT.

En plus, lors de la campagne 2006-2007 la société Inter Africaine de Distribution (IAD) a assigné la CMDT en justice. C’est le Groupement des syndicats cotonniers et vivriers dirigé par Bakary Togola qui avait contracté avec elle un marché pour la fourniture d’herbicide d’une valeur de plus de 3 milliards de francs CFA. Un autre marché où il y a eu de la surfacturation et conclu de gré à gré.

Créer la division entre les cotonculteurs

Alors que les organisations paysannes attendent Bakary Togola au tournant, le voilà qui refait parler de lui dans une autre affaire.

Réuni à Bamako il y a quelques semaines, le Collectif des Producteurs de Coton du Mali, composé des délégués des quatre filiales de la CMDT, a interpellé les plus hautes autorités du pays par rapport aux agissements de Bakary Togola visant à créer un conflit au sein des acteurs du secteur coton.

Les membres du collectif lui reprochent la mise en place d’une Confédération Nationale des Producteurs de Coton, en violation des dispositions réglementaires.

En effet, depuis le mois de novembre 2014, les membres du collectif avaient attiré l’attention sur l’illégalité de cette confédération mise en place par les membres du bureau de l’Union Nationale des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton du Mali (UN-SCPC).

Selon eux, à cause des revendications du collectif, la CMDT refuse d’évacuer le coton des Organisations Paysannes de Kita. Une manière toute trouvée d’affaiblir le collectif qui ne demande que la mise en place d’un bureau dans le strict respect des règles. A commencer par les coopératives, puis les Unions de coopératives, la fédération avant d’arriver au bureau de la confédération.

« Nous n’avons aucune intention belliqueuse contre le Gouvernement, encore moins contre le ministère du Développement Rural. Mais nous tenons tout simplement à ce que soient appliquées les règles qui régissent notre organisation. Sans quoi, pas une seule graine de coton ne sera semée au Mali cette année», prévient le collectif.

Mieux, le collectif réclame le départ pur et simple de Bakary Togola, artisan de cette situation, de la direction de l’Union des Sociétés Coopératives de Producteurs de Coton du Mali. Car selon ce collectif, le bureau qu’il dirige est dans l’illégalité totale depuis plus d’une année. Cela est dû à l’expiration de ces deux mandats de 3 ans commencés en 2007.

« La loi au Mali, en matière de coopératives des Producteurs de Coton, stipule que le Président de l’UNC-PC est élu pour un mandat de 3 ans, renouvelable une seule fois, mais le bureau existant a dépassé ce cadre. Il en est à sa 7ème année» a un responsable de collectif lors d’une conférence de presse. Qui poursuit que les élections organisées par Bakary Togola n’ont pas les principes directeurs des textes régissant les sociétés coopératives au Mali. Mieux, qu’elles sont contraires aux textes de l’OHADA que le Mali a ratifiés comme conclu par une commission de 3 conseillers mise en place au ministère du Développement Rural pour étudier ce dossier.

Dans une conférence de presse qu’il a lui-même animée le 11 mars dernier, Bakary Togola a tenté de se justifier en indiquant que c’est l’autre camp qui végète dans l’illégalité. Car il n’a fait qu’appliquer les textes de l’OHADA.

Nous y reviendrons

G. Diarra
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