Echaudé par le succès diplomatique de la médiation marocaine dans le conflit inter-libyen, le ministre Ramtane Lamamra tente de se rattraper sur le dossier malien. En vain, puisque les mouvements de l’Azawad viennent d’exprimer leur opposition à l’Accord d’Alger. Eclairage.
Mais comment le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, peut-il encore prétendre que l’accord de paix et de réconciliation au Mali doit être «une source d’inspiration pour la recherche de solutions durables de paix en Libye? Il se moque de qui, ce monsieur Lamamra?"
Cette question, soulevée par les principaux titres de la presse malienne, résume parfaitement la défiance que l’offre algérienne de médiation continue de susciter à Bamako, comme partout ailleurs.
Et ce n’est surtout pas ce cinglant pied de nez que la Coordination des mouvements de l’Azawad a infligé au soi-disant «Accord d’Alger», pas plus tard que lundi 16 mars, qui va nous contredire.
«De l’avis exprimé par les différentes communautés de l’Azawad, il ressort que ledit projet d’accord n’a pas pris en compte les éléments essentiels des aspirations légitimes des populations de l’Azawad», a fait savoir la Coordination des mouvements de l’Azawad, dans une déclaration finale rendue publique à l’issue d’une large consultation tenue à Kidal dans le nord-est du Mali autour dudit projet.
Une position dictée par la méfiance historique qu’inspire Alger aux mouvements de l’Azawad, principale composante de la population malienne, eu égard au mépris qu’Alger a toujours affiché y compris à l’égard de ses propres Touaregs, dans le sud algérien, mais aussi et surtout par l’absence de crédibilité d’une démarche algérienne occupée plutôt à court-circuiter le leadership avéré du Maroc qu’à rechercher réellement une issue aux contentieux régionaux, dont celui du Mali et de la Libye.
Attentat anti-Bamako, la «main invisible» d’Alger?
Cette défiance à l’égard du rôle d’Alger dans la crise malienne s’est accrue au lendemain de l’attentat anti-occidental du 7 mars à Bamako, attentat revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui a fait cinq morts: trois Maliens, un Français et un Belge.
Un attentat qui porterait la signature du fameux Département algérien du renseignement et de la sécurité, le DRS du général-major Ahmed Medine, alias «Tawfik», relève-t-on à Bamako, en assurant que tous les indicateurs recueillis portent à le croire. Un, le timing: cet attentat survient alors que les consultations autour de l’Accord d’Alger, signé le 27 février dernier, battent leur plein. Deux, la finalité: faire pression sur les parties divergentes pour parapher cet accord.
Mais voilà, la position exprimée lundi par la Coordination des mouvements de l’Azawad vient montrer que cette Coordination n’accepterait par de se laisser intimider par de tels procédés. Mokhtar Belmokhtar est un agent du renseignement militaire algérien, autant que l’émir des soi-disant Ansar-Eddine, Lyad Ag Ghali, un Touareg algérien connu pour ses accointances avec le DRS et le chef des séparatistes Mohamed Abdelaziz.
C’est ce qui a porté ce site d’information digital malien, Maliactu, à dire: «Même le dernier accord d’Alger sur le Mali est rejeté par une grande partie des Maliens, dont des touaregs. Un rejet qui a conduit le groupe terroriste de l’Algérien Belmokhtar, un agent des services algériens, à perpétrer deux attentats, l’un à Bamako et l’autre à Kidal, pour semer la peur et contraindre les réfractaires à l’accepter».
Mais c’est compter sans la ténacité des mouvements de l’Azawad, rôdés et érodés par tant d’années de luttes pour affirmer leurs droits ethniques, politiques et sociaux.
Libye, l’autre défaite algérienne
Malgré tout le tapage médiatique orchestré par les dirigeants algériens pour affirmer à tort et à travers leur aptitude à régler "durablement" le conflit inter-libyen, force est de constater que les rivaux libyens, en préférant s’en remettre à la sagesse et à l’expertise incontestées du Maroc, ont infligé à Alger un cinglant camouflet. Les rounds des pourparlers, tenus du 5 au 7 mars à Skhirat, sous le parrainage de l’émissaire de l’ONU pour la Libye, soit Bernardino Leon, sont là pour le prouver.
Ces pourparlers, dont le but est de trouver un accord entre les protagonistes libyens sur la forme d’un gouvernement d’unité nationale et les modalités d’une cessation des hostilités intestines, ont d’ailleurs reçu un soutien unanime de la part de la communauté internationale, plongeant ainsi Alger dans un cafouillage total.
Le monde a vite compris que seule une médiation du Maroc était en mesure de donner des résultats concrets car son seul souci a toujours été celui de la préservation de l’unité de la Libye, de sa souveraineté et de sa dignité, alors qu’Alger est animée, outre sa légendaire inimitié anti-marocaine, par le seul souci de court-circuiter les efforts du Maroc et par ses visées maladivement égocentriques qui ne sont un secret pour personne.
Par Ziad Alami
Source: Le360.ma