Les leaders de la Coordination des mouvements armés ont demandé hier mardi de renouer le dialogue avec le gouvernement et les médiateurs internationaux, au lendemain de leur rejet de l'accord d'Alger.
« Nous sommes convenus qu’il devait y avoir une autre rencontre avec les médiateurs et le gouvernement malien », a déclaré Moussa Ag Acharatoumane, porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), joint par téléphone à Kidal. La date et le lieu restent à définir, a-t-il ajouté.
Des diplomates se sont rendus mardi à Kidal pour rencontrer les représentants des Touaregs au lendemain de leur rejet de l’accord de paix préliminaire proposé le 1er mars à Alger, que seul le gouvernement malien a signé.
La réunion a duré trois heures, « avec des moments tendus », estime un membre de la coordination. Elle s’est tenue dans le camp de la Minusma pour garantir la sécurité des officiels présents.
Plusieurs centaines d’habitants ont défilé dans la ville derrière des banderoles clamant : « Nous ne signerons pas ! » et en agitant les drapeaux du Nord, qu’ils nomment Azawad, ont rapporté des témoins.
Dans un premier temps, Bilal Ag Achérif, secrétaire général du MNLA, a expliqué pourquoi la signature n’était pas possible. Les groupes du nord du Mali exigent des discussions sur les aspects politiques, sécuritaires, sur le développement économique et les conditions de vie quotidienne.
Ensuite, le responsable de la Minusma, le représentant spécial de l’Union africaine, le chargé Afrique du Quai d’Orsay et le représentant de la médiation algérienne se sont exprimés et ont rappelé l’importance de signer l’accord d’Alger pour aboutir à une paix durable.
« Nous avons demandé à la médiation de nous donner quelques jours et de décider où elle souhaite qu’on se rencontre. Il est important que nous puissions donner plus de place à nos militants et surtout faire raisonner nos responsables militaires qui ont une autre lecture de la situation », nous a confié hier un membre de la CMA sous le couvert de l’anonymat. Avant de nous faire cette confidence : « nous sommes en mesure de nous prononcer sur la décision à prendre pour parapher le document, mais il faut plus de garanties. Nous avons déclaré à la médiation notre volonté de trouver un terrain d’attente avec le pouvoir de Bamako. Nous avons aussi réitéré comme nous l’avons mentionné dans notre communiqué du 15 mars les efforts que Mali fait pour nous approcher. Mais la réalité du terrain fait qu’il nous faut plus de tact pour rapprocher les positions de l’ensemble de sensibilité ». À la question de savoir combien de temps il faut pour la coordination pour se décider, notre interlocuteur dira que probablement après la rencontre avec la médiation dont ni la date, ni le lieu n’ont été fixés. Aux dernières nouvelles, une réunion retreinte a eu lieu hier dans la nuit à Kidal entre certains poids lourds de la coordination des groupes de l’Azawad.
« Cette décision est entièrement la leur (de la Coordination des mouvements armés de l’Azawad) », a déclaré Pierre Buyoya, haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, au micro de Radio France Internationale (RFI), à Kidal. « Notre mission est de les encourager à prendre la bonne décision, qui est de signer. »
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui représente cinq groupes rebelles, a estimé lundi que l’accord d’Alger, rédigé après huit mois de discussions, constituait une bonne base pour la poursuite des discussions mais qu’il ne répondait pas en l’état aux aspirations du peuple touareg et devait être amélioré.
Un diplomate représentant la France, qui assume actuellement la présidence du Conseil de sécurité, a indiqué que des sanctions, comme par exemple une interdiction de voyager, pourraient être envisagées contre les rebelles s’ils persistaient à ne pas signer. Nous y reviendrons sur les conclusions dans nos prochaines éditions.
A. M. C Avec Reuters et RFI