Sécurité - En attendant la position définitive de la CMA, des inquiétudes planent sur l'Accord d'Alger. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a exprimé l'espoir de voir les parties et les responsables de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) accorder une attention 'à ce qui a été réalisé à Alger avec un esprit de responsabilité, tout en ayant confiance en eux-mêmes, en leurs frères, dans la médiation et dans la Communauté internationale afin que s'ouvre de nouveaux horizons pour toutes les parties de la République du Mali'.
Des groupes, dont la majorité est composée de Touaregs, se sont réunis à Kidal, au nord du Mali, pour prendre une décision par rapport à l'accord de paix auquel les parties en conflit sont parvenus à Alger, à la suite du 5éme round du dialogue inter-malien et signé par le gouvernement malien, rappelle-t-on.
La réunion de Kidal, organisée par la CMA, a pris fin dimanche, mais la publication du communiqué final a été reportée en attendant l'arrivée, mardi, sur place des représentants de la médiation internationale et du Conseil de sécurité, a indiqué le Secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l'Azawad et président du Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad, Bilal Ag Acherif.
La CMA va tenir en compte les décisions du peuple de l'Azawad qui doit prendre ses responsabilités en œuvrant pour parvenir à son objectif, a ajouté M. Acherif.
Auparavant, le porte-parole officiel de la CMA, Mohamed Mawloud Ramadan avait précisé que la position définitive et le communiqué officiel par rapport à l'accord d'Alger seront rendus publics après l'arrivée de la délégation onusienne avec laquelle, la CMA doit discuter.
Selon lui, le peuple de l'Azawad a rejeté la formulation actuelle de l'accord proposé et si des modifications ne sont apportées après les discussions attendues avec la délégation onusienne, le communiqué de la CMA et sa position définitive seront conformes au choix du peuple.
Les consultations populaires avaient débuté le 11 mars dernier à Kidal, en présence des chefs des tribus et des dirigeants des parties de l'Azawad, pour étudier la réponse définitive au document de la réconciliation proposé par la médiation algérienne, rappelle-t-on.
Selon les observateurs, l'appel du chef de la diplomatie algérienne invitant les parties de la CMA 'à faire confiance à elles-mêmes, en leurs frères et en la Communauté internationale', porte en lui un signe de l'existence de difficultés liées aux doutes chez les parties de l'Azawad, ce qui est la principale cause de la retenue de la coordination à prendre le temps nécessaire pour davantage étudier des articles de l'accord d'Alger.
Parlant de ces doutes et hésitations de la CMA, son porte-parole a signalé des 'difficultés de la position de la Coordination qui a mis ses dirigeants entre le marteau des pressions internationales et l'enclume de l'intérêt supérieur du peuple de l'Azawad', soulignant leur déception des 'médiateurs qui tiennent au projet de l'accord, malgré la conviction de la CMA de l'absence dans le texte des articles sans lesquels, il est impossible d'exécuter l'accord.
En marge de ces consultations, des séances ont été organisées pour prendre les conseils des politiques et des experts internationaux, coïncidant avec la sortie en masse des manifestations contre le projet d'accord d'Alger.
Il a affirmé que le peuple de l'Azawad n'avait rien à perdre et que ses souffrances étaient dues à la négligence de la Communauté internationale à l'égard de ses demandes justes, insistant sur le fait que les intérêts du peuple de l'Azawad sont la première priorité pour la CMA qui ne fera pas de concessions par rapport à ces intérêts, quel qu'en soit le prix.
Pour sa part, le chef de la branche armée du Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad, Cheikh Ag Ouassa, qui a pris part aux consultations de Kidal, a affirmé que la CMA était ouverte à de nouvelles négociations sans tenir compte de la signature et du rejet du projet d'accord d'Alger, affirmant que la CMA préférait un dialogue direct sans médiateur, ce qui, selon les observateurs, est un autre signe de manque de confiance dans la médiation actuelle.
Pourtant de nombreux observateurs de la situation du Mali croient savoir que l'accord a largement pris en compte les demandes du peuple de l'Azawad en accordant un statut particulier au nord du Mali et à d'autres régions du pays.
Le directeur du Centre des études de Tombouctou, Ali al-Ansari, a bien résumé la situation politique actuelle en affirmant que les mouvements de l'Azawad étaient 'dans une position très critique', car a-t-il expliqué, 's'ils acceptent l'accord ils vont faire concession à tout pour rien et s'ils ne signent pas l'accord, les pressions internationales vont s'exercer plus encore sur eux et ils seront obligés de mener une guerre contre les forces internationales, voire entraîner dans une guerre interne entre les mouvements, alors qu’ils ont grandement besoin d’unité'.
Pana 18/03/2015
Source: PANA