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Le Combat N° 477 du 9/10/2012

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Nord-Mali : Les islamistes veulent négocier avec Bamako et accusent Alassane Ouattara, les Etats africains et les Occidentaux
Publié le mercredi 10 octobre 2012  |  Le Combat


Mali:
© AP par DR
Mali: Le groupe islamiste Ansar Dine libère l`otage suisse Béatrice Stockly
24 avril 2012.Tombouctou.Mali. A un point de rendez-vous dans le désert de Tombouctou,les combattants de Ansar Dine montent la garde au moment de la libération de Béatrice Stockly enlevée le 15 avril dernier dans le nord du Mali


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Alors que la CEDEAO s’active pour tenter d’intervenir au Nord-Mali, le représentant d’Ançardine à Tombouctou, Sanda Ould Boumama, répond aux questions de Point.fr. Il accuse les pays voisins de s’opposer à la recherche d’une solution négociée avec Bamako et rappelle ses objectifs : l’instauration de la charia au Nord du Mali, voire au-delà.

Aujourd’hui, toutes les preuves sont réunies : Ançardine (un mouvement d’obédience salafiste) s’est emparé du Nord en s’alliant d’abord avec les indépendantistes touaregs, puis avec des mouvements de la mouvance d’Al-Qaïda. Pendant ce temps, les islamistes se sont rendus coupables de nombreuses exactions et à la destruction de lieux de culte impurs à leurs yeux : des lieux pourtant musulmans. Depuis un certain temps, Bamako et la CEDEAO s’activent auprès de l’ONU pour lancer au plus vite une opération militaire de reconquête des régions occupées du Nord. Mais le représentant d’Ançardine, Sanda Ould Boumama, déclare que les islamistes sont prêts à combattre. « Nous n’avons jamais laissé les armes. Mais nous pensons que la solution ne doit pas être militaire. Notre vision, c’est qu’il doit y avoir une autre méthode pour régler ce conflit », a-t-il souligné. Selon lui, l’Etat malien est favorable à des négociations, mais ce sont les Etats voisins qui veulent faire la guerre. « Lors de son discours de célébration de l’indépendance, le Président Dioncounda Traoré l’a répété. Et à Bamako, beaucoup de gens sont opposés à toute intervention extérieure », a-t-il indiqué. Sanda Ould Boumama, lui, soutient que ce sont les pays de la CEDEAO qui imposent cette opération militaire au Mali. A l’en croire, certains Présidents veulent envoyer leurs officiers hors de chez eux, au Mali, pour éviter d’avoir eux-mêmes des problèmes. A titre d’exemple, il cite la Côte-d’Ivoire qui, selon lui, a des problèmes intérieurs. Il signale aussi que le Burkina Faso, l’Algérie et la Mauritanie ne veulent pas d’intervention militaire au Mali parce qu’ils savent que cela ne va pas résoudre les problèmes. Par contre cela risque d’aggraver la situation, surtout sur le plan sécuritaire. « Nous avons toujours eu de nombreux contacts avec les Maliens, cela n’a jamais cessé. Il y a notamment l’Imam Mahmoud Dicko (président du Haut Conseil islamique, Ndrl). Pour nous, c’est une personnalité de poids. Nous avons aussi des contacts avec des hommes politiques et des organisations de la société civile qui sont venues dans le Nord nous rencontrer. Le problème, ce n’est pas le contact avec le Mali, c’est plutôt l’agenda guerrier d’autres pays », déclare Sanda Ould Boumama tout en précisant qu’ils veulent l’application de la charia qui est leur premier objectif. « Les populations du Nord ont toujours été tenues à l’écart du développement, sur le plan social comme sur le plan économique. Nous voulons retrouver tous nos droits ! », a-t-il martelé. S’agissant de la question d’État indépendant au Nord, d’autonomie des régions du Nord pour y appliquer la charia et d’Etat islamique dans tout le Mali, le représentant d’Ançardine a indiqué que cela est à discuter. « Dans notre conquête, nous n’avons pas dépassé les régions du Nord. Si les autres régions veulent nous rejoindre pour l’application de la charia, nous y sommes favorables. L’application de la charia est de notre responsabilité à tous, dans le Sud comme dans le Nord. Mais en ce qui nous concerne, nos revendications s’arrêtent aux trois régions du Nord auxquelles nous nous sommes limités depuis plusieurs mois », a-t-il expliqué avant de préciser : « Ce qui nous concerne, c’est l’application de la charia. Notre position est très claire : nous n’avons jamais cessé de parler avec le MNLA, mais la seule chose qui peut nous réunir aujourd’hui, c’est l’Islam. Nous ne sommes pas venus arracher le drapeau d’un Etat laïque, celui du Mali, pour planter celui d’un autre Etat laïque qui s’appellerait l’Azawad. Pour nous, ce serait du pareil au même ».

Pourtant, cette application de la charia que prône les islamistes est dénoncée par des leaders religieux du monde entier, à commencer par les Imams maliens du Haut Conseil islamique. Ce qui veut dire que la vision d’Ançardine et de ses alliées de l’islam est rejetée par la communauté musulmane. Toutefois, Sanda Ould Boumama se dit prêt à discuter. « S’ils pensent que nous nous trompons, ils peuvent venir ici nous montrer ce qui ne va pas. Nous sommes ouverts. Si les Imams ont une autre vision qui ne correspond pas à ce qu’on dit, ils n’ont qu’à venir discuter avec nous », a-t-il souligné. En attendant, les pays occidentaux sont globalement favorables à une intervention armée dans le Nord du Mali, même s’il reste des points à préciser. Mais selon les islamistes, la CEDEAO et les pays occidentaux s’impliquent dans des conflits qui ne les concernent pas. « Les musulmans ont le droit de vivre conformément à leur religion et à leur civilisation. Vous apportez vos problèmes dans notre monde islamique, en Irak, en Afghanistan. Mais nous sommes et resterons différents de vous. Il faut nous respecter…», a averti le représentant d’Ançardine à Tombouctou, Sanda Ould Boumama,.

Jean Pierre James

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