Bamako - Le gouvernement malien et la médiation internationale ont écarté mercredi toute discussion du contenu de l’accord de paix d’Alger, appelant de nouveau la rébellion à dominante touareg du nord du
Mali à le parapher en l’état.
Lors d’une rencontre mardi avec une délégation de diplomates occidentaux et africains accrédités à Bamako dans son fief de Kidal (nord-est), la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion) leur a présenté par écrit une série de "points essentiels à introduire" dans le texte, selon ce
document consulté par l’AFP.
Parmi les principales revendications, figurent la "reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique", en référence à l’appellation du nord du Mali par les rebelles, la création
d’une assemblée interrégionale couvrant cette zone, et un quota de "80% de ressortissants de l’Azawad" dans les forces de sécurité.
Mais la médiation internationale précise, dans un communiqué publié mercredi, que "la procédure du paraphe engagée à Alger le 1er mars signifie bien que la négociation est parachevée", soulignant que "l’accord n’a pas la prétention de résoudre à la fois et dans l’immédiat tous les problèmes posés".
Disant avoir pris "bonne note" des exigences présentées lors de la rencontre de Kidal mardi, elle ajoute que certaines observations pourraient être prises en compte "dans le cadre de la mise en oeuvre de l’accord",
paraphé le 1er mars par le camp gouvernemental.
De son côté, le gouvernement malien affirme "de manière solennelle que le paraphe du document, en attendant sa signature, exclut toute idée d’ouvrir de nouvelles négociations sur son contenu et appelle la médiation à ses responsabilités en tant que garant du processus de paix", selon une
déclaration lue par son porte-parole, Choguel Maïga.
Il "lance un appel solennel à tous les mouvements qui ne l’ont pas encore fait pour parapher sans délai l’accord de paix", a ajouté M. Maïga, qui est également ministre de la Communication.
"Le président de la République est ouvert à discuter avec des Maliens, y compris ceux des mouvements armés", a-t-il assuré, en réponse aux questions des journalistes.
"Le gouvernement est ouvert à des discussions dans le cadre de l’application de l’accord", a-t-il précisé.
Un représentant de la CMA avait indiqué mardi qu’une prochaine rencontre avec les médiateurs serait "décisive pour la signature de l’accord", sans évoquer de date ni de lieu.
La pression déjà forte sur les rebelles pour signer s’est intensifiée à la suite de l’attentat anti-occidental du 7 mars à Bamako, revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui a fait cinq morts: trois Maliens, un Français et un Belge.
Le nord du Mali est tombé à la fin du premier trimestre 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent toujours au contrôle de Bamako.
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