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L'Essor N° 17288 du 10/10/2012

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Coopération monétaire avec la France : L’avenir du FCFA se déterminera en 2013
Publié le jeudi 11 octobre 2012  |  L'Essor




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Les pays africains partagent en commun le FCFA avec la France. Ils ont prôné la redéfinition de nouveaux paradigmes de coopération pour faire de la monnaie un meilleur outil d’intégration
Le franc CFA aura bientôt 70 ans. Les accords de coopération qui viennent d’être célébrés sont beaucoup plus récents. Les 4 et 5 octobre derniers, les 15 pays membres de la zone franc d’Afrique se sont réunis à Paris pour célébrer les 40 ans de coopération monétaire de la zone franc avec les autorités françaises. Un colloque a été consacré à ce quarantième anniversaire de la Convention de coopération monétaire signée entre la France et les pays d’Afrique centrale, puis d’Afrique de l’Ouest. Les premiers accords, ont été signés en novembre 1972 entre les Etats de l’Afrique centrale et la France. Un an plus tard, Paris signait avec les Etats de l’Union monétaire ouest – africaine . La Mauritanie a décidé de ne pas adhérer. Aujourd’hui, la zone franc regroupe 15 pays y compris les Comores. Cette rencontre de haut niveau a enregistré la participation de Makhtar Diop , vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, des gouverneurs des Banques centrales de la zone, du président de la Banque de France, du président de la Banque africaine de développement (BAD) et des présidents des Commissions des Unions monétaires de la zone franc. Le communiqué issu de la réunion indique que la célébration de l’événement a été un moment important d’échanges, centré sur la gestion des participations publiques, la surveillance multilatérale et les gains de l’intégration économique. Elle a permis de faire le point sur l’état de la coopération économique, sociale et financière entre les quinze pays de la Zone Franc et la France Au sortir de la rencontre, il est dit que l’avenir du CFA se déterminera en 2013. Les deux parties ont prôné la redéfinition de nouveaux paradigmes de coopération pour faire de la monnaie un meilleur outil d’intégration. Lors du colloque organisé pour la circonstance, le président Ivoirien, Alassane D. Ouattara, dira que les accords de coopération monétaire entre la France et les Etats africains membres de la Zone franc ont atteint leurs objectifs. Cet anniversaire a été l’occasion de relancer la polémique et le vieux débat sur l’arrimage du FCFA à l’Euro. Une situation contestée par de nombreux économistes pour lesquels cet arrimage profite plutôt à l’ancienne puissance coloniale et entrave nos exportations. En réalité, à qui profite cette coopération ? L’histoire du franc CFA est intimement liée à l’occupation coloniale. Le CFA était d’abord le franc des colonies françaises d’Afrique (CFA). Avec les indépendances, il cèdera la place au franc de la Communauté financière africaine, devenant ainsi la monnaie de plusieurs pays africains. Depuis 40 ans, les accords sont restés intacts et n’ont subi aucun changement. Avec le temps, les liens monétaires entre nos pays africains et l’ancienne puissance coloniale font souvent l’objet de contestation. Selon les spécialistes, malgré une bonne tenue des économies de la Zone franc, les indicateurs de performance montrent clairement que la majorité des pays est confrontée à une pauvreté galopante et à une insuffisance d’infrastructures socioéconomiques de qualité. Cette situation est aggravée par l’impact de la hausse des prix internationaux des denrées alimentaires et énergétiques. Dix pays, sur les 15, qui utilisent le CFA font partie des 10 derniers du classement africain en fonction de l’IDH (indice de développement humain soulignent-ils. évaluation rigoureuse. Selon le président Alassane Ouattara, la rude compétition à l’échelle planétaire commande à la Zone franc de procéder à une évaluation rigoureuse de la coopération monétaire, pour intégrer les nouvelles donnes dans les choix stratégiques en matière de prise de décisions. Et pour ce faire, nos pays doivent œuvrer solidairement à garantir la stabilité et la paix, à promouvoir les actions de développement dans un environnement de gouvernance assaini, transparent et rassurant avec l’appui des partenaires bilatéraux, multilatéraux et privés. Deux règles centrales régissent notre union monétaire : d’abord la stabilité du taux de change entre le CFA et le franc, puis l’Euro. Ensuite, la garantie par la Banque de France de la convertibilité illimitée du franc CFA. Cela permet aux pays concernés de payer leurs achats à l’international en Euro. En échange, ils doivent déposer sur les comptes du Trésor français la moitié de leurs réserves de change. Ce dispositif, selon certains économistes, a permis d’assurer la stabilité monétaire de la zone franc. Mais nombreux sont ceux qui considèrent que la force du franc CFA représente un handicap à la compétitivité des exportations, en particulier agricoles, des pays africains en question. Le vice-doyen de la Faculté d’économie de l’Université de Yaoundé 2, Désiré Avom, estime que le bilan de cette coopération est globalement satisfaisant. La zone franc, pour lui, a contribué à la stabilité monétaire et politique. De nombreux économistes persistent et signent que cette coopération traduit une dépendance économique de nos Etats vis – à – vis de la France et un manque de souveraineté. Ils soulignent que considérant que le CFA est arrimé à l’Euro, et reste garanti par le Trésor public français, la politique monétaire de nos pays est définie en accord avec la Banque de France, de sorte que la dépendance économique reste incontestable. Alors que pour un Etat, la monnaie représente un symbole de souveraineté. En conséquence : « la Banque centrale, doit élaborer en toute indépendance sa politique monétaire afin d’atteindre la croissance économique et la création d’emploi. En d’autres termes, les pays africains doivent garantir leur propre monnaie pour bâtir une économie soutenue ». L’enjeu consiste à sortir de cette dépendance soulignent-ils. Les arguments des défenseurs du CFA s’appuient sur la convertibilité avec les monnaies des autres pays africains et avec l’euro, assurée par la France. Mais cet atout comporte un inconvénient de taille, battent- ils en brèche, dans la mesure où, il favorise les évasions fiscales et la fuite des capitaux. Et joue de ce fait sur l’investissement. C’est avec l’investissement productif que le véritable processus de développement peut s’amorcer. En terme d’avantage, d’autres sont convaincus que la garantie assurée par la France est un moyen de stabilité pour la monnaie et l’économie de ces Etats. Sans oublier que le bénéfice, que ces pays africains ont tiré de cette coopération monétaire, est l’acquisition d’une expertise en matière de gestion d’une monnaie communautaire. Une troisième catégorie d’experts expliquent et soulignent que les réserves obligatoires à la Banque de France, et la présence de représentants de Paris au sein des Conseils d’administration des banques centrales africaines ont contribué à maintenir des taux relativement bas comparés à ceux qui sont observés sur le reste du continent. « Le franc CFA profite avant tout aux entreprises étrangères, et à celles déjà implantées en Afrique. Elles peuvent rapatrier leurs capitaux en Europe ou en Amérique et bénéficier de l’absence de risque de change, qu’à celles qui exportent en Afrique, où elles ont accès à un réservoir de consommateurs sans restriction aucune » soulignent-ils. Ces économistes sont convaincus que la surévaluation du franc CFA, par rapport aux autres monnaies du continent, pénalise en particulier les exportations. « Les avantages supposés du franc CFA sont limités, comparés à ses inconvénients. La politique monétaire qu’il impose aux pays africains serait même un véritable frein à leur développement », fait remarquer Dr. Etienne Oumar Sissoko, auteur d’une thèse sur la croissance économique ». D’où l’importance de redonner un nouveau souffle monétaire aux Etats de la zone CFA.
Synthèse F. MAÏGA

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