Le Mouvement National de Libération de l’ azawad ( MNLA), qui a proclamé l’indépendance du Nord Mali le 6 avril 2012, s’est dit pour la première fois prêt à négocier avec le gouvernement de Bamako et parle désormais d’autonomie au lieu d’indépendance.
La déclaration a été faite le 7 octobre dernier par Ibrahim Ag Salleh, le chef de la délégation de ce mouvement en visite chez Blaise Compaoré, le médiateur de la CEDEAO pour le Mali. La posture inédite du mouvement irrédentiste touareg, intervient à la veille d’une campagne militaire, visant à débarrasser le Nord du Mali des groupes djihadistes qui l’infestent.
La corde au coup Le renoncement par le MNLA à l’indépendance de l’Azawad, correspond d’abord à un aveu d’inconsistance de cette revendication, qui relevait plus de la surenchère politique que d’une réelle volonté de sécessions. L’Etat de l’Azawad n’est pas viable, parce qu’il n’a jamais été pensé pour exister comme tel, ni avant, ni pendant la parenthèse irrédentiste qui a encore cours. Personne n’y avait cru ni sérieusement fait allusion, depuis la déclaration d’indépendance, lu en avril dernier par Bilal Ag Cherif, au nom du comité exécutif du MNLA .
Ensuite , le changement de cap intervenu à Ouagadougou sonne comme la main tendue d’une organisation réduite à l’impuissance par Al-Quaida du Maghreb Islamique et ses affidés locaux, une organisation plus préoccupée à négocier sa survie politique, qu’à être l’interlocuteur de premier plan qu’elle était au début de la crise. Son influence militaire sur le terrain a maigri comme peau de chagrin et ne se résumerait plus qu’à quelques localités telles Tassiga à 45 km d’Ansogo ( leur dernier grand bastion), ou Amalawlaw vers la frontière nigérienne.
Ainsi, l’opération Tombouktou ( nom de code de l’opération militaire conjointement préparée par l’armée malienne et la force en attente de la CEDEAO), si elle venait à se mettre en branle come prévu, viendrait gommer toutes ses chances de peser de manière significative sur le future du Mali, dont les contours sont en train de se dessiner. La corde au coup, le MNLA ne peut plus miser que sur l’option de la négociation avant la guerre, de plus en plus évoquée par des pays comme l’Algérie, et même par Ban-Ki Moon, le secrétaire général des Nations Unies.
Négocier sur quoi et avec qui ?
Les raisons objectives pour justifier les rebellions à répétition des éléments ou des mouvements touaregs au fil des ans ne manquent pas. On pourrait les résumer par la pauvreté économique de l’espace considéré, et surtout, la non prise en compte par le gouvernement central de Bamako, des spécificités culturelles des touaregs.
Ainsi, une large autonomie de la région correspondant à l’Azawad, pourrait être un enjeu majeur dans la négociation qui mettraient en scène le gouvernement transitoire dirigé par Diouncounda Traoré, la CEDEAO et quelques interlocuteurs du Nord.
Si plusieurs groupes écument cette partie du pays, très peu d’interlocuteurs y sont valables ou crédibles, examinons les en procédant par élimination.
Abdelmalek Droukdel le patron d’Al-Quaida au Maghreb islamique (AQMI), Moktar Belmokhtar, chef du GIA, Abou Zeid tous algériens ou Hamada ould Mohamed Kheirou alias abou Ghoum Ghoum, citoyen mauritanien et chef du mujao qui, ensemble, contrôlent l’essentiel du Nord, ont en commun la volonté d’imposer la charia et l’organisation des trafics en tout genre. Les prisses d’otages occidentaux et les rançons qui en découlent, constituent pour eux une autre marque de fabrique, toute chose qui les excluent d’office d’un éventuel champ de négociation.
Restent les mouvements maliens parmi lesquels Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghali parait être plus crédible. Il dispose d’une force militaire conséquente et contrôle Gao. La présence dans ses rangs de Alghabass Al Intallah le prince héritier du chef des ifogas Intallah Ag Ataher , très influent dans la région et dans les monarchies du golf, est une caution morale et politique de poids. C’est lui la vitrine politique d’Ansar Dine qui participe aux tractations secrètes, organisées par Blaise Compaoré le médiateur de la CEDEAO .
La diplomatie du canon difficile, au niveau d’enlisement actuel de la crise de prédire, laquelle de l’option militaire ou de la négociation prendra le dessus. Si la première était privilégiée ce qui pourrait être le cas à l’allure où vont les choses, bien des écueils restent à surmonter. On pourrait évoquer l’état de délabrement avancé de l’armée malienne, la difficulté de mettre sur pied la force d’attente de la CEDEAO, ou le degré d’implication éventuel des puissance occidentales, la France notamment.
Sur le terrain par contre, le temps presse. Les mutilations succèdent aux exécution sommaires et la destruction en règle du patrimoine culturel se poursuit allègrement, au nom de la charia ou d’une certaine pureté de l’Islam.
En définitive, par la négociation ou par la force des armes, la restauration de l’intégrité territorial du Mali et de la dignité du peuple est un impératif catégorique qui incombe aux maliens et aux africains d’abord. C’est un devoir et une responsabilité collective que chacun des protagonistes doit assumer maintenant, pour mettre fin à la comédie et au règne de la barbarie qui n’ont que trop duré.