La lutte sans merci que se sont livrés jusque là, pro-putschistes et anti putschs, depuis le lendemain du renversement du président Amadou Toumani Touré, le 22 mars 2012 a connu un tournant remarquable ce jeudi 11 Octobre. Cette bataille des enfants du Mali pouvait se résumer à une conquête de légitimité, les uns justifiant le coup de force par la mal gouvernance et la gestion solitaire qui ont caractérisé la gestion du pays en amont des évènements de février er mars, les autres jugeant injustifiables toutes prises de pouvoir par la force. Les esprits échauffés ont mis les nerfs en avant, conséquence, les anti-putschs regroupés à la bourse du travail ont été proprement chassés à coups de pierres, d’autres copieusement molestés par les pro-putschistes. Les chefs d’Etat de la Cedeao qui devaient se rendre à Bamako pour prendre langue avec les fils d’un même pays ne pourront jamais atterrir à l’aéroport international de Sénou, empêché par une manifestation des pro-putschistes. L’antagonisme atteint le summum avec la tentative d’assassinat du président de la République par intérim Dioncounda Traoré, récusé par les pro-putschistes.
Cette confrontation qui aurait pu connaitre un dénouement, s’est malheureusement sclérosée, a conduit à la formation de nombreux regroupements politiques, les uns soutenant la junte dirigée par le Capitaine Amadou Haya Sanogo, le tombeur du président ATT (la Copam, notamment), les autres revendiquant l’ordre constitutionnel et démocratique, et appelant la Cedeao à laquelle le Mali est partie prenante, au secours (le FDR, notamment) et d’autres affichant des positions intermédiaires.
Ces regroupements post-putschs du 22 mars justifient leur existence par la recherche d’une solution à la crise malienne et ont dégagé des « solutions de sorties de crise ». Il y a donc nécessité d’une convergence pour une synergie de toutes ses énergies maliennes dispersées et dilapidées. La raideur des rapports de force a été telle que les enfants du Mali du Général Moussa Traoré sont allés chercher la solution à leurs propres problèmes au Burkina Faso du Capitaine Thomas Sankara.
Cependant l’enseignement à tirer est que le Mali garde encore son ressort social d’antan, l’affrontement tant redouté entre les forces populaires et patriotiques fidèles à la Copam et les militants démocrates du FDR n’a jamais eu lieu grâce à un arbitrage du Haut Conseil islamique. Par finir, le FDR a battu le pavé avec le Coren mobilisant des milliers de militants, obtenant un écho favorable dans l’opinion nationale et internationale pour le retour proche de la paix au Mali. Un tournant traduisant l’adhésion massive des masses maliennes à l’initiative du président de la République par intérim et du premier ministre de demander à la Cedeao, à l’Union africaine et aux Nations-Unies, l’intervention des forces internationales au Mali. Cette adhésion populaire a été saluée hier par le président français François Hollande, invité de France 24 et de Rfi en prélude à sa visite algérienne. Un tournant de légitimité !