La Maison de la Femme et de l’Enfant sise à Sabalibougou en commune V du District de Bamako, a abrité le mardi 9 octobre dernier une cérémonie de remise de kits aux femmes déplacées du nord du Mali. Organisée par l’Association des juristes maliennes (AJM) avec l’appui financier de l’ONU femme, la cérémonie rentrait dans le cadre de la mise en œuvre du projet ‘‘prise en charge psycho sociale et légale des femmes et protection des enfants victimes des violences du fait du conflit au nord du Mali’’.
Depuis près de sept mois, le Mali est frappé par une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent qui touche les régions de Gao, Tombouctou et Kidal en raison de l’occupation illicite de ces zones par des islamistes armés et des rebelles Touaregs, qui commettent encore des exactions et violences de tous genres dont les femmes sont les premières victimes ou subissent leurs effets collatéraux. Les kidnapping de jeunes filles, les viols (dont certains ont occasionné des grossesses non désirées), les lapidations, les amputations, les flagellations, les destructions de mausolées et les règles vestimentaires moyenâgeuses (les femmes et les jeunes filles sont obligées de sortir voilées et de porter des chaussettes pour cacher leurs pieds) sont autant de pratiques qui ont précipité le départ forcé de nombreuses femmes.
Selon Amnesty international, en fin avril 2012, plus de 300.000 personnes avaient quitté le nord du Mali parmi lesquelles180.000 avaient trouvé refuge dans les pays voisins (62.000 en Mauritanie, 56.000 au Burkina Faso, 40.000 au Niger et 30.000 en Algérie) et quelque 130.000 avaient fui dans d’autres régions du Mali dont plus de 25.000 à Bamako.
Aussi en ce mois d’octobre, mois de solidarité, de communion et de partage, l’Association des Juristes Maliennes a saisi l’occasion pour offrir cinq cents kits de ‘dignité’ à leurs sœurs déplacées suite à la crise qui sévit dans le septentrion du pays. La cérémonie, soulignera Mme Dembélé Fatoumata Doumbia, présidente de l’AJM, s’inscrit dans la protection et la prise en charge holistique des victimes de violence basée sur le genre. Puis d’ajouter que parmi tous les projets de son association, celui-ci a quelque chose de particulier, car il a pour objectif d’apporter une aide psychosociale, juridique et médicale aux femmes et enfants déplacés. D’une valeur totale de 9.250.000 FCFA, les kits distribués sont composés de seaux, de pagnes, de savons, de serviettes hygiéniques, de sandales, de tee-shirts, d’eau de javel, de crème de corps, de paracétamol et de moustiquaires, répartis comme suit, 225 kits pour Bamako, 175 kits pour Mopti et 100 kits pour Kati.
Selon toujours Mme Dembelé, l’Association des juristes maliennes met également à la disposition des déplacées une équipe pluridisciplinaire composée d’un juriste, d’un psychologue, d’un médecin dans les maisons des femmes des rives droite et gauche de Bamako, à l’hôtel des chauffeurs à Sevaré et à l’unité de prise en charge basée à l’hôpital de Kati.
Prenant la parole en sa qualité de la directrice de la Maison de la femme et de l’enfant de la rive droite à Sabalibougou, Me Djourte Fatoumata Dembélé dira que les kits vont servir de recouvrir la dignité des bénéficiaires. Puis d’insister que le mieux serait que cela n’arriva jamais. Profitant de l’occasion, Me Djourte informera que sa structure est disposée à leur apporter de l’appui juridique en cas de besoin. Et d’émettre le vœu de permettre aux femmes déplacées de pouvoir mener des activités génératrices de revenus en vue d’une certaine autonomisation.
Notons que l’Association des Juristes Maliennes (AJM) a été créée le 13 janvier 1988. Elle est composée de femmes magistrats, avocates, notaires, huissiers de justice, juristes d’Entreprise, et commissaires priseurs. L’AJM œuvre pour la défense et la promotion des droits des femmes et de l’enfant et a, entre autres objectifs, d’assurer l’éducation juridique et civique des populations en milieu rural et urbain, de lutter contre les violences faites aux femmes à travers des volets de sensibilisation pour l’éradication des mutilations génitales et des mariages forcés et précoces, d’apporter une assistance juridique et judiciaire aux femmes démunies et détenues et de vulgariser les droits de la femme et de l’enfant