Mardi 9 octobre, un site mauritanien d’information, Sahara Médias a mis en ligne la vidéo d’un jihadiste français vivant à Tombouctou qui met en garde la France et les Etats-Unis contre une intervention militaire dans le nord du Mali. C’est la première fois que l’on entend un islamiste d’origine française soutenir la cause du jihad international au Sahel. Cette vidéo est diffusée au moment où l’on parle de plus en plus de l’engagement de Français aux côtés des islamistes dans cette région.
La vidéo dure onze minutes. A l’image, un homme coiffé d’un cheich. Il porte la moustache et une barbe taillée Il est habillé d’une tunique couleur sable. L’homme d’un âge incertain a le visage fermé. Il est installé devant un drapeau noir avec des inscriptions blanches en arabe. A ces côtés, une kalachnikov.
A Tombouctou, l’homme se fait appeler Abdel Jalil et c’est en français qu’il s’exprime sur cette vidéo.
On apprend qu’Abdel Jalil a sillonné le monde pour « la connaissance d’Allah et pour son travail d’officier de marine marchande ». Qu’il a même travaillé pour Médecins sans frontières en Ethiopie.
Dans cette vidéo, le jihadiste français critique la position de la France et affirme que l’intervention dans le Sahel sera une catastrophe humanitaire certaine, affirmant qu’elle rendra la lutte des jihadistes légitimes comme celle des frères afghans ou de Palestine.
La Palestine et la lutte contre Israël revient durant tout son message comme un leitmotiv de son engagement islamiste.
D’après nos informations, ce Français converti à l’Islam dit être originaire de Bretagne. Il avoue avoir suivi des entraînements de moudjahidine en Afghanistan.
Selon des témoins qui l’ont rencontré sur place, il serait présent au Mali depuis au moins 2007 à Tombouctou et dans la région de Goundam.
Depuis la prise de Tombouctou par Aqmi et Ansar Dine, il s’est mis au service des islamistes qui le logent, lui et sa famille. Il est désormais un combattant au service d’Aqmi et Ansar Dine.
Violations des droits de l’homme au nord et au sud, constate l’ONU
De « profondes atteintes aux droits de l’homme » ont lieu dans tout le Mali, aussi bien dans le Nord occupé par les islamistes que dans le Sud par des hommes armés proches de la junte militaire, qui avait pris le pouvoir le 22 mars. Déclaration de Ivan Simonovic, secrétaire général adjoint des Nations unies aux droits de l’homme. Le diplomate vient d’achever une visite de quatre jours au Mali. Au cours de son séjour, il a rencontré les autorités maliennes, il s’est également rendu dans un camp de déplacés de Mopti (à 600 km au nord de Bamako) sous contrôle gouvernemental.
Enfants mutilés en manipulant des explosifs, des femmes en sursis parce qu’ayant eu des enfants hors mariage, application barbare de la charia : dans la ville de Mopti, située à 600 kilomètres au nord de Bamako, sous contrôle gouvernemental, les témoignages de personnes ayant fui le grand nord du pays sous contrôle des jihadistes sont nombreux.
Et le secrétaire général adjoint des Nations unies aux droits de l’homme, qui s’est rendu dans cette localité, les a entendus avant de vigoureusement dénoncer ces violations de droits de l’homme. Des exactions qui n’épargnent pas non plus le sud du pays.
Le diplomate onusien Ivan Simonovic cite deux cas précis : le coup d’Etat du 22 mars et l’opération qualifiée de « contre-coup d’Etat » d’avril. Le coup d’Etat du 22 mars dernier, c’est l’affaire des militaires bérets verts, et le « contre-coup d’Etat » d’avril dernier, est le fait d’une partie des militaires bérets rouges. Selon l’émissaire onusien, dans ce dernier dossier, les bérets rouges sont toujours arrêtés alors qu’aucune charge n’aurait été retenue contre eux.
Ivan Simonovic parle également de « cas de tortures et de cas de disparitions » qui restent à confirmer. Selon lui, le ministre malien de la Justice, Malick Coulibaly, a promis de mener rapidement des enquêtes appronfondies.