Moussa Peut Revenir, avait insinué le MPR. Alors ouvrons grandement les yeux et rendons-nous à l’évidence. Moussa n’est-il pas revenu partout au pouvoir, à l’exception de la présidence de la République par intérim ? Le Mali n’est-il pas dirigé aujourd’hui par les militaires et un gouvernement aux couleurs de la famille politique et sociale de Moussa Traoré ?
L’acharnement à faire partir Dioncounda Traoré rentrerait dans cette logique, sinon cet homme, Président du parti majoritaire et de l’Assemblée nationale et connu pour ses qualités de rassembleur et d’homme intègre, est plus indiqué que quiconque à ce poste symbolique, surtout que la réalité du pouvoir est ailleurs : entre les mains du CNRDRE et du Premier ministre avec les pleins pouvoir. Mais non, Dioncounda a une responsabilité dans la chute de Moussa Traoré, il faut qu’il quitte.
Maintenant une chose est à craindre. C’est que ce Dioncounda là est difficile à détruire par quelque dossier administratif compromettant. Craignons qu’on ne monte contre lui un dossier indiquant qu’il en veut au CNDR, si ce n’est déjà fait avec l’arrestation de Dramane Dembélé suite à un message téléphonique qu’il a reçu d’une personne qui serait même débile. L’on se demande comment nos autorités vont jusqu’à enfreindre aux droits humains les plus élémentaires. On porte atteinte à la vie privée des gens, on rentre dans leur intimité, on décrédibilise les sociétés de téléphonie mobile en les rendant coupables d’intelligence avec le pouvoir pour séquestrer les citoyens. Cette affaire nous dira s’il y a une justice dans ce pays, et si nos avocats sont à hauteur d’estime.
Enfin, tenez-vous bien, selon des observateurs avertis, la réalité de la guerre des bérets tirerait son origine de la haine viscérale que voue Moussa Traoré au régiment para, car c’est ce régiment qui l’a arrêté le 26 mars 1991, mettant fin à 23 ans de règne. Il aurait juré la perte de ce régiment ; et les bérets verts, son corps d’origine, sont l’instrument de ce règlement de compte. La prise de position précipitée du Premier ministre pour un camp de soldats maliens contre l’autre est en tout cas un indice troublant.
Peut-être que le Capitaine Sanogo, qui serait copté aux dires des initiateurs autoproclamés du putsch du 22 mars 2012, n’est pas au parfum de ces réalités. Lui qui vient d’annoncer sur Africable que l’arrestation et la séquestration de Soumaïla Cissé, ce n’est pas lui, et qu’il s’agirait d’un règlement de compte. Il est en tout cas clair qu’un de ses proches collaborateurs, originaire de Diré, et initiateur du coup d’Etat du 22 mars, était à l’aéroport le jour de son évacuation, et a refusé d’intervenir pour permettre cette évacuation.
L’arrestation de Malamine Alpha Oumar Konaré en ajoute à la suspicion. Et lorsque le gouvernement a été constitué sans même consulter les Oumar Mariko et Mountaga Tall qui ont accouru pour soutenir la junte, des questionnements ont surgi.
A y voir de près, tous les acteurs du 26 mars doivent s’attendre à payer d’une manière ou l’autre le retour à l’ordre ancien. A ce titre, qu’ils se rappellent du pacte germano-soviétique signé par Hitler pour avoir les mains libres contre l’Europe de l’Ouest. Quand il eut accompli cette tâche, il se retourna contre son partenaire soviétique. On connaît la suite.
Au Capitaine Sanogo, nous disons qu’il s’est retrouvé sur un chantier de règlements de comptes. Ce coup d’Etat ne montre aucun changement au delà de la priorité des priorités : le retour de l’ordre ancien. Ce n’est que lorsque ce retour sera effectif, que l’on pensera à libérer le Nord, et à organiser des élections.
D’ici là, veut-on que les Maliens du Nord et du Sud payent le prix de leur insurrection contre le régime de Moussa Traoré ? La question demeure jusqu’à preuve du contraire. On dirait que ce coup d’Etat ne pouvait pas attendre les élections, car Att ne devait pas échapper à la punition. Et depuis le coup d’Etat, on ne cesse de nous dire d’un côté que tout le monde regardait ATT faire comme s’il n’y avait pas d’homme au Mali, et d’autre part on nous dit qu’il y aurait une guerre civile après les élections comme si alors il y aurait des hommes au Mali. Mais jamais on ne nous montre de dossier confirmant les allégations, nous devons croire aux allégations d’hommes que nous n’avons connus qu’au soir d’un 22 mars. Que font-ils avec les preuves ? Le peuple n’a-t-il pas le droit de savoir ce qui lui a été volé ou détruit