Suivie avec autant d’intérêt que d’impatience par les observateurs de la scène politique, la session budgétaire de l’Assemblée Nationale du Mali est partie sous de bons auspices avec un cérémonial riche en couleurs, dans l’après-midi du 01 Octobre dernier : accueil convivial au chef du gouvernement et son équipe quoique redevables d’une DPG selon les exigences républicaines, forte présence d’une hiérarchie militaire en porte-à-faux avec l’essentiel de la classe politique, etc. Le début de la session n’a été par ailleurs émaillé d’aucune hostilité sur fond de convoitise de postes, en dépit des précédents soubresauts et polémiques consécutifs à l’investiture du Pr. Dioncounda Traoré comme président de la République par intérim.
Les velléités successorales afférentes à cette donne ont été déclenchées aussitôt après la restauration de l’ordre constitutionnel. Le désormais ancien porte-parole du FDR, non moins influent élu parlementaire, Me Kassoum Tapo, argument pris des allusions de la Cour constitutionnelle à l’incompatibilité du statut de président de la République avec les fonctions parlementaires, en a sorti des déductions qui auraient sans doute jurisprudence dans le mécanisme institutionnel malien. En effet, aux yeux du célèbre juriste, de surcroit ancien bâtonnier de l’Ordre des Avocats, l’arrêt de la haute juridiction, interprétable par ailleurs comme une vacance de poste, devrait par conséquent consacrer une ouverture de succession et légitimer toutes les convoitises.
Quoique reposant sur des arguments plus ou moins solides, le schéma ne fit malheureusement pas le plein d’adeptes dans la famille politique de Me Tapo, l’Adéma-PASJ, où une écrasante majorité penchait plutôt pour un renoncement à au perchoir, la préservation des rapports conviviaux avec l’URD, un allié héritier de la présidence intérimaire de l’hémicycle à travers son président Younoussi Touré, premier vice-président de l’institution parlementaire depuis le début de la législature.
Cependant, la question n’a pas manqué de susciter son lot de polémiques et de litige pour lequel un recours à l’arbitrage de la Cour constitutionnelle a dû être nécessaire en son temps. Celle-ci a tranché dans le sens d’une présidence intérimaire et non d’une vacance de poste, mais sans lever la totalité des équivoques. Et tout annonçait – jusqu’à une date encore récente – un début de session sur fond de foire d’empoignes, à la faveur du renouvellement du bureau de l’Assemblée Nationale.
Mais, contre toute attente, les divergences ont été surmontées pour de bon, au prix de longues tractations et négociations entre les forces politiques dominantes de l’AN. Les nombreux épisodes de pourparlers autour du président intérimaire Younoussi Touré ont en effet débouché sur des résultats qui s’imposent aux groupes satellitaires, tant ils confortent la position des principaux protagonistes. En clair, en vertu de l’avis de la Cour constitutionnel sur un constant de non-vacance du poste de président de l’AN, le président de l’URD conserve ainsi systématiquement le perchoir en lieu et place du Pr. Dioncounda Traoré appelé aux tâches de président de la République.
Cette nouvelle donne entraîne naturellement la perte d’une confortable position par le Groupe parlementaire du PASJ, lequel s’accommode néanmoins d’une compensation quantitative avec la récupération de nombreuses positions abandonnées au nom d’une stabilité de l’institution parlementaire.
Ainsi, en plus de contrôler la questure, poste stratégique au sein du Bureau de l’AN, le PASJ en profite pour récupérer la quatrième vice-présidence vacante depuis le décès de Baba Oumar Boré et dont le parti majoritaire s’est servi pour consoler son influent membre naguère prétendant au perchoir, Me Kassoum Tapo.
Ce n’est pas tout. Le Groupe parlementaire des Abeilles en a profité, par la même occasion, pour positionner nombr de ses élus Adéma ayant longtemps attendu une consécration au cours de la législature. C’est le cas du député élu à Keniéba, Fily Keïta, qui assure désormais la dixième vice-présidence, puis du jeune parlementaire de Bla, Loukman Tangara, devenu dixième secrétaire parlementaire à la faveur du renouvellement de vendredi dernier. Idem pour les commissions permanentes de l’AN où le Parti de l’Abeille a réussi à conforter la position de nombreux autres éléments de sa famille parlementaire.
Le renouvellement des instances parlementaire a par ailleurs consacré la promotion du président de la CODEM, Housseïn Guindo au poste de septième vice-président, ainsi que le retour du Dr. Ousmane Bah du PDES comme 3ème vice-président de l’AN en lieu et place de Hammadaou Sylla. Idem à l’ACM où le député UDD, Kalifa Doumbia, assure désormais la 6ème vice-présidence en remplacement de son collègue de L’UM-RDA, Elhaj Baba Haïdara selon un système rotatif instauré en leur sein depuis le début de la législature.
A.Keïta