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L’administration et les mairies sous contrôle militaire : une bombe à retardement entre les mains de Sinko
Publié le lundi 15 octobre 2012  |  Aurore




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Telle une traînée de poudre, la rumeur des nominations des militaires aux postes civils au niveau du ministère de l’administration territoriale a fait le tour de la ville. Ce n’est pas tout : des délégations spéciales seront mises en place pour suppléer les mairies sur l’ensemble du pays. Le ministre de l’administration territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, serait dans la logique de relever les gouverneurs de région et les préfets pour les remplacer par des officiers, les hommes à lui, dans le but d’assurer son pré-carré sur l’administration publique. Un pré-carré qui se poursuivrait dans la gestion des municipalités.

Des militaires sont déjà prêts à être bombardés aux postes de gouverneur et de préfet. Et des officiers supérieurs attendent d’être propulsés à la tête des mairies dans le cadre des délégations spéciales. Voilà la folle rumeur qui est relayée au sein de l’opinion, avec une telle ampleur qu’elle a alerté les différents syndicats de l’administration publique et des collectivités territoriales qui entendent donner la réplique.

Ce choix, controversé du ministre de tutelle, serait dicté par sa volonté de contrôler les régions, cercles et municipalités en faisant nommer à leur tête les gouverneurs, les préfets et les chefs de délégations spéciales au niveau de ces circonscriptions administratives du pays de manière à obtenir à l’échelle nationale des hommes parfaitement acquises à sa cause.

Pour l’instant, bien que l’information soit au stade des rumeurs, la valse de nominations des militaires au poste civil a déjà fait des vagues dans les milieux syndicaux qui estiment que le ministre de l’administration territoriale, par cette décision, pour le moins hasardeuse, ne laisse plus aucun choix que de s’armer pour faire barrière à cette nouvelle escalade. Cela est d’autant plus ressenti comme une provocation que le ministre Sinko vise également à étendre son contrôle sur les mairies.

Dans les milieux syndicaux, on estime que tout sera mis en œuvre pour faire reculer les autorités sur leur pas quant à l’application de cette mesure pour le moins impopulaire. Chez les mêmes syndicats, on reconnait que la procédure administrative ne prévoit pas la nomination des militaires au poste de préfet. Si jamais le pouvoir en place décide de passer outre, c’est qu’il est déterminé à faire face à une fronde sociale dont les conséquences pour une transition, comme c’est le cas présentement au Mali, ne seront autres que la régression et la démobilisation.

Les élus municipaux, de leur côté, ne démordent pas, car ils sont également dans la logique d’une fronde locale pour empêcher le ministre de faire main basse sur les collectivités.

Pourquoi le ministre veut-il imposer les militaires aux postes civils de l’administration publique ? Quid de sa volonté de contrôler les collectivités territoriales ? Le ministre Saint Cyrien Moussa Sinko Coulibaly a-t-il appréhendé toutes les conséquences de ce choix administratif controversé ?

En tout état de cause, ce qui a fait grincer les dents, au sein de l’opinion publique, c’est que le citoyen lambda, de plus en plus, n’est pas favorable à une main mise sur les postes civils par les militaires, à une époque où le pays est confronté au pire désastre de son histoire. L’impératif du moment n’est pas de se ruer sur les postes civils, comme un partage de gâteau, mais plutôt de se sacrifier pour le pays en vue d’obtenir sa libération, surtout pour un officier qui a la haute conscience de son serment d’officier.

En effet, depuis la chute de l’ancien président, ATT, une grande partie du territoire national est occupée par des islamistes extrémistes qui font régner la terreur dans les régions occupées du nord. Depuis cette occupation du pays, il y a près de six mois, les groupes armés salafistes sèment toutes sortes d’exactions sur les populations locales : viol, flagellation, amputation, destruction de biens culturels et religieux…Au point que le Tribunal pénal international, selon une déclaration de son procureur Fatou Bensouda, est désormais dans la logique de poursuivre, au Mali, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.

C’est dire que la situation, sécuritaire et même humanitaire, est explosive dans les régions nord du pays. Voilà pourquoi les citoyens ne comprennent pas pourquoi les militaires, ces hauts gradés, ne tentent pas d’envahir les régions occupées, pour engager l’assaut en faveur de la libération, mais veulent se lancer derrière des postes civils de l’administration, jugés par eux comme l’eldorado rêvé.

Le ministre de l’administration territoriale, qui n’a pas encore franchi la ligne rouge pour cette tentative de nominations tous azimuts des militaires au niveau des postes civils et des collectivités territoriales, est dans l’expectative. Histoire, rapporte-t-on, de prendre la mesure de sa décision sur le fonctionnement correct des structures administratives.

Si le ministre, comme on le dit, devrait passer outre le ressentiment de l’opinion publique sur de telles décisions, destinées carrément à mettre l’administration sous le giron militaire; et ce en contradiction flagrante de la loi en la matière, c’est qu’il est déjà prêt à affronter la foudre des syndicalistes qui ont déclaré, tout bas, avant que la mesure ne se précise, qu’ils sont déterminés à faire usage de tous les moyens légaux pour le respect de la norme administrative au sein de l’administration d’Etat.

F.M

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