L’intervention du Directeur général de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP-SA), lors du débat du 30 septembre dernier sur le plateau de l’ORTM et dans la parution du journal « 26 Mars » du lundi 8 octobre dernier, a provoqué un vent de panique chez de nombreux consommateurs d’eau de robinet.
Même si le débat n’est pas nouveau, le constat est plutôt alarmant ou peut être alarmiste. Certaines conduites d’eau sont vétustes ou obsolètes. Au même moment, la pollution affectent l’eau de robinet. Et tout cela semble minimisé : est-ce pour ne pas affoler les populations ?
Sommes-nous tous en danger ?
« Nous souffrons d’un déficit de production. A cela s’ajoutent le sous-dimensionnement et la vétusté de certaines de nos canalisations qui font que certains de nos clients sont souvent privés d’eau. Et quand les impuretés s’entassent au niveau de la station, nous sommes obligés de fermer les vannes… ». C’est en ces termes que le D.G de la SOMAGEP-SA intervenait sur le plateau de l’ORTM. L’eau du robinet est-elle potable ? Au cours de son intervention télévisée, le Directeur général de la SOMAGEP a levé un coin du voile sur cet état de fait que les consommateurs qualifient « d’empoisonnement ». Les preuves de la contamination de l’eau de robinet étant établies, les autorités sont donc averties, voire interpellées. A Bamako gauche tout comme ailleurs au Mali, l’eau de robinet regorge de pesticide ou de nitrate : des traitements chimiques qui sont soupçonnés d’être à l’origine du cancer. Nos autorités le savent-elles ? En tout cas, elles délivrent régulièrement des dérogations qui permettent de distribuer une eau qui dépasse les normes pesticides ou nitrates. Sans le savoir, des millions de Français boivent une eau trop chargée en aluminium, nitrate, pesticide, médicaments et bien d’autres choses. Dans certains cas, l’eau n’est même pas conforme aux normes de précaution sanitaires. Ce danger invisible menace les foyers et la santé des Français. Dans la capitale et dans d’autres localités du pays, les populations boivent une eau blanchie avec de la poudre d’aluminium qui pourrait déclencher la maladie « d’Alzheimer », dit-on. Les doses dépassent largement le seuil de risque fixé par certains scientifiques. Les autorités sanitaires ignorent-elles les dangers de ce neurotoxique ? L’aluminium est utilisé dans les stations de traitement pour faciliter la décantation de l’eau afin qu’il n’y ait pas de résidus boueux dans le robinet. Or il pourrait amplifier le risque de développer la maladie « d’Alzheimer ». D’autres procédés de traitement aussi efficaces et pas plus coûteux existent : le fer par exemple. Mais il faudra revoir les installations existantes. Par ailleurs, la règlementation fait l’impasse sur le « dieltrine », ce pesticide hautement nuisible présent dans l’eau potable de nos villes, surtout dans les zones agricoles. Résultat : des gens boivent une eau chargée en « dieltrine » sans en être informés. Depuis quelques années, des citoyens et des scientifiques isolés tirent la sonnette d’alarme sur ces toxiques qui coulent de nos robinets. Partout au Mali, l’eau potable charrie désormais des résidus industriels et médicamenteux : antiépileptique, aspirine, antidiabétique. Personne ne connaît leur impact réel sur la santé des populations qui ont ainsi exposées. Pour décontaminer l’eau potable, il faudra bâtir des usines pour éliminer nitrates et pesticides, investir pour filtrer les molécules de médicaments, protéger les réserves d’eau des pollutions… Mais notre source soutient que la SOMAGEP-SA ne souhaite pas que de nouvelles règles viennent compromettre ses affaires. Et si les Maliens en trinquaient pour leur santé ?
Y a-t-il des risques de maladies liés à l’eau de robinet ?
L’étude des experts de « Nature Environnement 17 » est claire : «Le risque entraîné par les pesticides est celui de l’exposition, à long terme, à des doses très faibles mais répétitives, avec des interactions possibles entre les différents pesticides. Les risques suspectés pourraient être des cancers (leucémies, notamment), des troubles du système nerveux ainsi que des troubles de la reproduction ». Le danger réel des pesticides est bien plus grand que ne l’indiquent les experts de « Nature Environnement 17 ». Pour beaucoup de pesticides présents dans l’environnement, seuls 10 % du produit se trouve sous sa forme moléculaire d’origine. 90 % du produit a plus ou moins été dégradé par les UV (Ultra violets) et les bactéries de l’environnement. Ces molécules dégradées ne sont plus aisément détectables par les méthodes physico-chimiques conventionnelles. Pourtant, ces résidus possèdent très fréquemment une toxicité similaire aux molécules d’origine. C’est pourquoi l’effet biologique réel des pesticides est très mal évalué par les méthodes physico-chimiques conventionnelles. Seuls des tests biologiques (test d’inhibition de la synthèse d’ARN, test d’ancrage cellulaire…) permettent d’en mesurer directement la toxicité. Bien que normalisés depuis 10 ans, ces tests biologiques ne sont, hélas, pas pris en compte par les normes règlementaires mesurant la qualité de l’eau dans notre pays. Selon le Directeur général de la SOMAGEP-SA (que nous avons joint au téléphone), par vétusté des canalisations, il ne faut pas entendre la contamination de l’eau de robinet. « Avec les produits qui rentrent dans le traitement de l’eau, il n’y a pas de risque de contamination de l’eau de robinet », rassure-t-il, mais sans fournir MAGEP de détails sur les effets de ces produits sur la santé des consommateurs. Mais au sujet de la bactériologie de l’eau de robinet, le DG de la SOMAGEP-SA monsieur Diallo a expliqué que les défauts de traitement de potabilisation (chloration) et des canalisations endommagées dans le réseau peuvent entraîner la présence de bactéries responsables de troubles intestinaux par exemple. Toutefois, les analyses du Laboratoire national de la santé (LNS) ignorent les différents dangers microbiens transmis par « l’eau potable » de la SOMAGEP-SA, notamment les Rota virus et les Norovirus résistants à une chloration ordinaire et à l’origine de nombreuses épidémies de gastroentérites virales hivernales. S’y ajoutent les fréquentes parasitoses transmises par l’eau de robinet ; la transmission par l’eau potable de gènes de résistance aux antibiotiques situés sur des éléments génétiques mobiles et transmis par des bactéries non pathogènes (germes banals de l’eau). Ces bactéries sont directement transmises aux consommateurs par l’élevage animal qui consomme une partie des antibiotiques. Selon les explications du DG de la SOMAGEP, les produits qui entrent dans le traitement de l’eau au niveau des stations sont: le sulfate d’alumine, l’eau de Javel, la chaux et le charbon actif. « Tous ces produits rendent potable l’eau du robinet », a-t-il expliqué. Sur la question, les chimistes sont formels : l’aluminium est utilisé sous forme de sels pour rendre limpides des eaux naturellement troubles. Sur la question, l’étude épidémiologique menée par le Pr Jean-François Dartigues, neurologue et spécialiste de santé publique à l’Université de Bordeaux est sans appel : « Les consommateurs, dont l’eau du robinet contient plus de 0,1 mg d’aluminium par litre, courent plus de risques de développer la maladie d’Alzheimer que les autres. Le risque est encore plus important pour les personnes buvant uniquement de l’eau du robinet ». Mais les chimistes sont formels : « L’aluminium est utilisé sous forme de sels pour rendre limpides des eaux naturellement troubles ». Ils ajoutent : « Les sels d’aluminium peuvent être remplacés en tant que floculant pour la potabilisation de l’eau par des sels de fer, en toute innocuité. Pourquoi cette bonne pratique tarde-t-elle à se diffuser ? » Au regard de toutes ces situations, la qualité de l’eau distribuée des réseaux et services de la SOMAGEP-SA aux robinets des consommateurs constitue l’un des aspects de l’alimentation en eau potable auquel les clients sont sensibles et qui doit constituer l’une des importantes priorités du producteur d’eau et des autorités sanitaires. La SOMAGEP-SA doit alors prendre les dispositions idoines pour que l’eau livrée satisfasse non seulement les exigences en matière de normes légales de potabilité, mais aussi pour un suivi rigoureux de la qualité. Malgré ces précautions, plusieurs phénomènes peuvent être à l’origine de l’altération de la qualité de l’eau au cours de sa distribution et qui échappent complètement au contrôle du producteur. Il s’agit notamment de l’introduction d’eau sale dans les réseaux au cours de travaux de réparation, de casse, d’entretien ou de pose de nouvelles conduites ; le retour d’eau suspecte provenant des réservoirs privés mal entretenus ; les fuites non maîtrisées qui engendrent l’infiltration d’eaux souillées en cas de dépression, etc.