Le Républicain : Son excellence comment se portent les Maliens en Guinée équatoriale ?
Les Maliens en Guinée équatoriale se portent assez bien. Lorsqu’on arrivait en 2008, il était quasiment impossible pour les ouest-Africains d’avoir une carte de séjour. Nous avons pu, avec la bénédiction des autorités du pays d’accueil, négocier des conditions favorables. Le ministre des Maliens de l’extérieur, en nous rendant visite, nous a beaucoup aidés en cela. Nous avons obtenu des autorités équato-guinéennes que les Maliens résidant là-bas puissent se procurer la carte de séjour contre le payement de 500 000 FCFA par an. Depuis lors, tous les Maliens qui ont voulu prendre une carte de séjour ont pu l’acquérir. Il faut reconnaître qu’avec le temps beaucoup de Maliens sont retombés dans la clandestinité. C’est-à-dire vivre là-bas sans prendre la carte de séjour. Nous sommes en train de vivre les conséquences de cela aujourd’hui.
Y-a t-il beaucoup de Maliens qui vivent dans la clandestinité sans les papiers qu’il faut ?
Oui. Sur les 20 000 Maliens qu’on a pu recenser comme vivant sur le territoire de la Guinée équatoriale, il faut reconnaître que nous avons les deux tiers qui sont dans une situation irrégulière.
Arrivent-ils en situation irrégulière ou ne renouvellent-ils pas leurs papiers périmés ?
Il y a les deux cas. Il y a ceux qui ont les papiers périmés et n’ayant pas de situation fixe au point de vue emploi, ils rechignent à mettre 500 000 FCFA pour renouveler leur titre de séjour. Il y a aussi ceux qui préfèrent refuser de prendre la carte de séjour en se disant qu’ils peuvent continuer à se cacher et travailler dans le noir. Donc les deux cas de figures existent.
Est ce qu’il arrive qu’ils soient appréhendés ?
Ah oui. Depuis un certain temps, la Guinée équatoriale a changé un peu de statut concernant l’emploi des étrangers. Ils ont même fait un séminaire sur le travail fait par les étrangers en territoire équato-guinéen. Ceci a fait qu’ils ont multiplié les contrôles et les patrouilles au cours desquels ils arrêtent naturellement beaucoup d’ouest africains surtout ceux qui sont en situation irrégulière. Ils les mettent à des endroits et les isolent pour plus tard essayer de voir comment ils peuvent les expulser.
Donc, il y a des cas d’expulsions ?
Oui. On venait de vivre un second cas d’expulsion hier [dimanche 14 Octobre]. Sur les 300 ouest africains arrêtés et gardés au niveau de leurs prisons, on a pu compter 56 Maliens arrêtés pour défaut de papiers. On a pu faire quelque chose pour 29 d’entre eux. Le restant au nombre de 27 ont été malheureusement reconduits à la frontière. En les emmenant par Royal air Maroc à Casablanca, et de là-bas on les a conduits à Bamako, dimanche matin.
Quel appel avez-vous à lancer aux Maliens qui souhaitent s’expatrier en Guinée équatoriale ?
Pour ceux qui y sont déjà, nous leur demandons de voir comment se mettre en règle quel que soit le coût assez élevé de la carte de séjour. Pour ceux qui sont en train d’entrer sur le territoire équato-guinéen et c’est le plus important, on leur demande de ne pas se laisser abuser par des marchands d’illusions qu’on appelle les passeurs illégaux. Ces passeurs illégaux leur font miroiter des logeurs, du travail en leurs établissant de faux visas et les embarquent dans des conditions extrêmement dangereuses et périlleuses pour eux. Ils les envoient à la mort. Nous comptons vraiment sur tous les medias au Mali pour qu’on dise aux Maliens d’arrêter d’aller se jeter dans les bras de ces passeurs-là, qui sont tantôt à Cotonou, à Douala, à Lomé, ou sont installés à Bamako. C’est tout un réseau. Ils leur donnent des faux visas, les font embarquer dans des avions avec la complicité de certaines autorités et les envoient à la mort.
C’est un réseau organisé ?
C’est un réseau très organisé qui a sa base à Bamako et qui a des ramifications dans toutes les villes que je viens de citer. C’est vraiment eux qui nous créent tous les problèmes du monde en prenant de l’argent avec ces jeunes gens et en les jetant vers les différentes frontières.
Quelle est la procédure normale pour éviter toute ces tracasseries?
Pour éviter ces tracasseries et rentrer en Guinée équatoriale, il faut se munir d’un visa en bonne et due forme. On peut obtenir ce visa à Cotonou auprès des services consulaires de la Guinée équatoriale. On peut aussi l’obtenir à partir de Douala en passant par les services consulaires contre payement d’argent. Il est préférable de payer de l’argent à ceux qui délivrent le visa plutôt que de passer par les intermédiaires, qui taxent deux fois plus et qui délivrent parfois des faux visas. Lesquels faux visas peuvent vous amener à la prison et à la mort.
Excellence quel est l’itinéraire pris par cette expulsion pour arriver à Bamako ?
Pour ceux qui ont été expulsés dimanche, ils étaient à bord d’une Compagnie africaine. Ils ont fait Malabo-Casablanca. C’est dans cette ville marocaine qu’ils ont fait une longue escale. Ils ont eu beaucoup de problèmes parce qu’ils étaient dépourvus de tout papier et n’eut été l’intervention énergique de notre Ambassadeur du Mali à Rabat, son Excellence Toumani Djimé Diallo, ils n’auraient même pas pu continuer le voyage sur Bamako parce qu’ils n’avaient aucun papier sur eux. Et, les autorités marocaines ont été vraiment très attentives à l’appel que leur a lancé Son Excellence Toumani Djimé Diallo pour accepter qu’ils viennent à Bamako sans papier. Et, nous profitons de l’occasion pour le remercier.
Est-ce à leur arrivée à Casablanca que l’ambassadeur a été alerté ?
On l’a informé avant qu’ils n’arrivent là-bas pour l’avertir qu’ils transitaient. Quand ils sont arrivés, il a quitté Rabat pour venir jusqu’à Casablanca et il les a assistés jusqu’à leur embarquement dans l’avion. Et c’est lui qui nous a signalé qu’ils ont décollé et nous sommes allés les accueillir à l’aéroport de Bamako.