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L'Essor N° 17292 du 16/10/2012

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Intégration des Maliens au Togo : une expérience réussie
Publié le mercredi 17 octobre 2012  |  L'Essor




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Nos compatriotes résidant dans ce pays embrassent toutes les branches de l’activité économique. Le dernier récensement à vocation d’état civil (Ravec) a permis d’enrôler 5231 Maliens vivant au Togo, selon le président du Haut Conseil des Maliens de Togo, Abdrahamane Chérif Haïdara. Mais, a t-il précisé, ce chiffre ne prend en compte que les personnes qui ont réussi à effectuer le déplacement sur les points d’enrôlement, basé dans les préfectures de Lomé, Sokodé et Kara dans le centre du pays.

Nos compatriotes sont très nombreux au Togo, surtout dans les régions fortement arrosées et parcourues par d’énormes cours d’eau. Ils exercent dans la pêche fluviale, à Nankbto et Baguida au centre du pays. La région frontalière entre le Ghana et le Togo est occupée par les communautés Songhoï et Tamashek ressortissants du nord de notre pays. Beaucoup d’entre eux y ont fait fortune dans le négoce.

Dans la capitale Lomé, nos compatriotes exercent dans le négoce. Le compartiment réservé à la vente des chaussures au grand marché de Lomé est essentiellement occupé par des commerçants maliens. Ils fournissent des importateurs de plusieurs pays de la sous – région, notamment le Ghana, le Mali, le Niger et même la Côte d’Ivoire. G. B. Cissé, commerçant à l’établissement Youana et frères, est un gros importateur de chaussures. Après des études en journalisme au Caire en Egypte, il a rejoint ses parents à Lomé pour entreprendre des activités commerciales.

Le groupe auquel il appartient est propriétaire de plusieurs magasins de vente de chaussures. La gamme proposée aux clients, est de diverses qualités : chaussures fermées et sandales en cuir. Les prix sont très abordables et varient selon la qualité. Les prix des chaussures fermées de marque varient entre 12 000 et 25 000 Fcfa et les sandales entre 5000 et 6000 Fcfa.

Dans le secteur primaire, Mahamadou Kébé exploite une superficie totale d’environ 160 hectares dans la préfecture de Lomé. Cette immense ferme agricole est répartie en plusieurs exploitations. La première occupe une cinquantaine d’hectares, où il cultive en double culture le maïs et le riz. Il envisage de passer à trois, compte tenu du volume de pluie qu’enregistre le Togo. C’est une zone pré – équatoriale avec une forte densité de pluie. Le pays enregistre deux saisons de pluie par an. Le maïs et le riz issus de son exploitation, cultivés sous le label « Bio », sont écoulés sur le marché local. La deuxième partie de la propriété est réservée à la pratique de l’élevage. Son parc compte plus d’un millier de têtes. Il fournit à la population de Lomé du lait et de la viande de qualité. Selon lui, une bonne partie du personnel expatrié s’approvisionne en lait chez lui. Le litre est vendu à 400 Fcfa.

Le reste de l’étendue est réservé à la pisciculture. Il a aménagé un mini barrage d’une capacité de rétention d’environ 50.000 m3. L’ambition de Mama Kébé est de fournir du poisson frais à la population de Lomé. Le volume de son investissement est estimé à plusieurs centaines de millions de Fcfa. Il emploie en ce moment 100 à 150 personnes. Il souhaite accroître son personnel en misant sur la main d’œuvre malienne. « Avec une cinquantaine de mes compatriotes dans mon champ, je rivaliserai avec les grands propriétaires ghanéens et nigérians », a expliqué Mama Kébé. Son choix pour utiliser nos compatriotes se justifie par leur expérience dans l’agriculture et l’élevage (animal et halieutique).

Avant de se reconvertir en exploitant agricole, Mama Kébé était un homme d’affaires très expérimenté. Fils d’émigré malien, qui avait fait fortune dans le commerce à Monrovia au Libéria dans les années 50 et 60, Mama Kébé a lui aussi fait fortune d’abord dans le négoce. Il s’y maintient encore à ce jour. Mais, il a rompu avec l’informel. Il représente en ce moment les intérêts des grandes marques asiatiques évoluant dans l’alimentaire au Togo et dans la sous la région.
À son arrivée à Lomé vers la fin des années 70, il a commencé dans la vente des prêts-à-porter.

Il importait des pièces (chemises et pantalons en tissu en juin et des chaussures) de haute gamme d’Europe. Il a fait un passage aussi dans le commerce de la friperie et de l’électronique. Mais, depuis l’invasion du secteur du commerce par des concurrents chinois, Mama Kébé s’est orienté vers l’agriculture. Comme dit l’adage «la terre ne ment pas». Cette vérité historique est valable sous tous les cieux. En tout cas, notre compatriote est en train de réussir le pari de sa reconversion au Togo. Selon lui, l’intégration socioéconomique de nos compatriotes dans ce petit pays ouest africain, avec qui notre pays partage les deux Organisations d’intégration sous régionale (CEDEAO et Uemoa) est une réussite totale.

À la différence de certains pays du centre africain, nos compatriotes n’éprouvent aucune difficulté à envoyer leurs avoirs au pays. L’établissement des correspondances entre certaines banques maliennes et togolaises facilite le transfert d’argent entre nos deux pays. Abdrahamane Chérif Haïdara, est lui aussi propriétaire d’un grand magasin de quincaillerie. Il se félicite de la grande estime dont jouissent nos compatriotes de la part des autorités togolaises.
Elles ne ménagent aucun effort pour faciliter l’intégration des Maliens émigrés au Togo. La population autochtone manifeste beaucoup de respect à l’égard des maliens, a-t-il expliqué.

A.O. Diallo

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