• Opposition et syndicats méfiants • Majorité et gouvernement confiants Le Cicb a abrité le jeudi 19 mars 2015, les travaux de la table ronde des forces vives de la nation organisé par le gouvernement du Mali. L’objectif global de cette table ronde était de faire la restitution de l’accord paraphé à l’issue du processus d’Alger. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, en présence des partis politiques de la majorité présidentielle, de l’opposition démocratique et républicaine, des membres de la société civile et des syndicalistes. La position des uns et des autres était claire à l’issu des allocutions. Si, l’opposition et les syndicalistes critiquent vigoureusement le document issu d’Alger, la majorité présidentielle et le gouvernement restent optimistes.
« Pour l'opposition démocratique et républicaine, le Mali traverse une période critique de son histoire. Après trois années de crise profonde, c'est l'existence même de notre pays qui est menacée aujourd'hui. L'accord qui a été paraphé par le gouvernement, le 1er mars 2015, après plusieurs mois de réunions, ne résout en rien les questions fondamentales relatives à la stabilité du pays, à l'intégrité du territoire, à l'unité nationale et à la réconciliation nationale.
Pour nous, cet accord n'est pas un bon accord pour le Mali. Il contient les germes d'une désintégration rampante du pays que nous avons connu. Nous regrettons encore une fois qu'en vue des pourparlers d’Alger, les autorités n’aient pas cru devoir procéder à de véritables concertations sur les questions de fond », c’est en ces termes que le porte-parole de l’opposition, l’ancien premier ministre Modibo Sidibé a commencé son allocution. Avant de préciser que le document paraphé ne fait aucune référence à la constitution adoptée par le peuple souverain du Mali en janvier 1992.
Selon lui, l’appellation « Azawad » est une véritable imposture politique et est porteuse de germes réels de séparatisme qu’aucun Malien ne doit sous-estimer. « La disposition qui consiste à « assurer une meilleure représentation des populations du Nord du Mali dans les institutions et grands services publics, corps et administration de la République » est une violation de notre constitution, des règles et valeurs républicaines, qui ne sauraient admettre ni une administration partisane, ni une administration communautariste.
Le document paraphé conduit le Mali dans un nouveau système d'autonomie de fait des régions avec entre autres l’élection au suffrage universel direct du président de l’assemblée régionale qui cumule les fonctions de chef de l’exécutif et chef de l’administration de la région. Toutes choses qui seront sources de blocage dans le fonctionnement institutionnel de la région et de l’État. La création d’une police territoriale et la volonté de réserver aux ressortissants des régions du nord, la majorité des effectifs de la fonction publique territoriale sont porteurs de germes d’un régionalisme destructeur pour notre cohésion nationale », a déclaré le représentant de l’opposition.
Consciente de l’impérieuse nécessité pour notre pays de parvenir à une paix véritable, juste et durable, l'opposition demande à la communauté internationale et particulièrement aux Etats du Sahel et autres partenaires bilatéraux, d’entendre les inquiétudes et les angoisses du peuple malien. « L’opposition démocratique et républicaine ne comprend pas que la délégation gouvernementale ait paraphé un tel document. Le paraphe du document par le gouvernement sans qu'il le soit par les groupes de la Coordination ne cesse de susciter incompréhension et indignation à travers le pays.
La visite de la médiation à Kidal, le 17 mars, et le refus de la Coordination de parapher le document d'Alger ouvrent incontestablement une crise du processus d'Alger », a conclu Modibo Sidibé. Les syndicalistes, eux aussi, à l’image de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), n’apprécient pas l’accord d’Alger. Pour l’Untm, cet accord viole la constitution du Mali et institue la division du pays.
Majorité et gouvernement confiants
Lors de son speech, le porte-parole de la majorité présidentielle, Boulkassoum Haïdara a fait savoir que l’essentiel est acquit dans cet accord car préservant l’unité du Mali et le caractère laïc et républicain du pays. Pour sa part, le ministre Diop, rappelle qu’un accord ne règle jamais spontanément un conflit. « Le gouvernement poursuivra ses efforts pour aller dans les meilleurs délais vers la signature de l’accord avec les mouvements et les groupes désireux de le faire.
Chacun doit désormais s’assumer et faire face aux conséquences de ses actes. La Communauté Internationale doit dans ce contexte envisager des mesures fortes y compris des sanctions ciblées contre ceux qui constituent des obstacles à la paix et alimentent la violence », a-t-il dit. Avant d’ajouter que nulle part dans l’Accord, il n’apparaît une référence à la création d’une fédération ou d’un État dans l’État malien.
« ce qui serait fondamentalement contraire à notre Constitution et aux pertinentes résolutions des Nations Unies, contraire également aux décisions de l’Union africaine et de la CEDEAO, aux engagements pris dans l’Accord préliminaire de Ouagadougou et dans la Feuille de route du processus d’Alger. Je tiens à saluer ici le grand frère Tiébilé Dramé, principal négociateur de l’Accord préliminaire de Ouagadougou pour le travail accompli, en espérant que sa sagesse nous guide dans cette étape.», a conclu le ministre.
Aguibou Sogodogo
Source: Lerepublicainmali