Le régime déchu croyait-il avoir découvert la recette miracle en ignorant que le bonheur d’un groupuscule (lancé dans une course frénétique à l’enrichissement), au détriment de la paupérisation croissante du peuple, fera long feu !
Suite à la mesure difficile des autorités du Mali, par décision n°2012-001308/MFPRA-DNFPP, d’annulation de l’acte d’intégration de près de trois cents cadres et agents - pour non-conformité aux dispositions du décret n°2011-051/P-RM du 10 février 2011 fixant les conditions d’emploi du personnel de l’administration relevant du code du travail – recrutés sous le régime populiste et erratique défunt, nous sommes partagés entre deux sentiments, en partant du postulat selon lequel la fraude corrompt tout :
1. Compassion pour les pauvres victimes d’un système de dépravation intellectuelle et d’incurie pour le prestige d’un homme
Humainement, et en tant que Maliens, nous ne pouvons qu’être, profondément, peinés par le sort terrible qui vient de frapper ces Maliens (ceux d’entre eux pouvant, bien entendu, justifier d’un diplôme), qui souvent, en proie au désespoir, ont cédé à la tentation de la facilité et du raccourci – peut-être aussi parce qu’aucune alternative ne s’offrait à eux – instaurée et entretenue par le régime déchu d’ATT.
En effet, ce régime assurait la promotion des médiocres et des hommes liges malléables et corvéables à souhait – ce genre d’individus partisans du moindre effort, possédés par les démons de l’ignorance ne peuvent qu’exécuter, à plat ventre, les ordres éructés par le prince du jour – au détriment des plus méritants qui se soucient généralement de leur honneur et de leur dignité, et n’acceptent pas d’avaler des couleuvres à tout bout de champ.
Ainsi, pendant près d’une décennie, bon nombre de cadres maliens, dès fois bien formés, avaient tout simplement pris le parti stratégique et indécent de s’accrocher à des postes de responsabilité quel que soit le prix à payer ; différents réseaux étaient mis à contribution (réseau de l’épouse, de la fille et/ou des gendres du prince… selon l’aptitude et la perspicacité de tout un chacun ; seul le résultat devrait compter, la personnalité et l’honneur au diable !)
La théorie éculée du prince de Machiavel ne pouvait trouver meilleure illustration : »… Le prince se présente comme un être calculateur et égoïste. Il vise avant tout le succès que, seuls, justifient les moyens utilisés… la ruse et l’hypocrisie qu’il doit arriver à rallier à sa cause car ce que l’on considère, c’est le résultat… »
Cette pratique s’est d’autant ancrée dans les habitudes que les « incompétents » qui parvenaient à se hisser au sommet et à manipuler, non sans surprise, de hauts cadres finissaient par avoir l’impression, voire la conviction que les études, l’instruction, l’effort et le mérite étaient vains ; que seules l’allégeance, la courbette et la courtisanerie comptaient, cette tendance continue du reste, malheureusement.
2. Du mépris pour les vrais faux fonctionnaires : les faussaires
Mon autre sentiment est qu’il faille nécessairement engager des poursuites pénales contre ceux qui ont eu l’outrecuidance et l’ignominie de fabriquer des diplômes pour accéder à la fonction publique ; ceux-ci ne sont que des hors-la-loi n’ayant cure de leur propre image a fortiori de celle de notre pays, qu’ils soient couverts d’opprobre, le Mali s’en portera mieux.
De telles mauvaises graines ne peuvent que propager des pratiques malsaines au sein de l’administration d’Etat. Saurait-il en être autrement, ils ne savent pas ce qu’ils font !
Dans cette affaire scandaleuse, il y a donc lieu de distinguer le bon grain de l’ivraie.
Que Dieu préserve notre pays de l’usage de ces faux fonctionnaires intégrés au forceps, au moyen du faux et usage de faux (infraction prévue et punie par le code pénal du Mali).
La découverte de telles énormités, dignes d’un véritable conte de fée, nous en dit long sur tout le mal que le régime déchu souhaitait à notre pays : « après moi le déluge » !
Il devient, dès lors, aisé de comprendre que la déliquescence de l’Etat et la crise profonde que notre pays traverse s’expliquent, en partie, par la forte dégradation de la qualité des ressources humaines, à tous les échelons et au niveau de toutes les corporations socioprofessionnelles.
Aussi est-il impératif que l’exemplarité des sanctions pénales, à prendre à l’encontre de cette bande de faussaires (avec leurs complices), serve à dissuader la jeune génération qui se trouve, malheureusement, en manque de repère. Nous appelons à la poursuite des investigations afin de démasquer tous les autres faussaires.
Au-delà des sentiments personnels, il convient de féliciter les autorités pour la preuve de responsabilité dont elles viennent de faire montre, à une période de balbutiement où dissimulation, adoption et annulation subreptices de décrets se succèdent au sommet de l’Etat, comme si le pouvoir cherchait ses marques ; pourtant feu Boubacar Sada Sy, alors ministre de la Défense du Mali déclarait : »Un responsable, c’est fait pour prendre des décisions difficiles » lorsque l’Etat s’était résolu à radier, en son temps, la mort dans l’âme, de jeunes recrues gendarmes.
Cependant, pour tenir compte de la situation de ceux de ces fonctionnaires radiés, justifiant de diplômes valides, qui n’ont peut-être pas eu d’autre choix – face à un système mafieux impitoyable – que de payer leur intégration rubis sur ongle, nous proposons qu’on leur donne une ultime chance en les mettant en compétition, sous la condition qu’ils acceptent de révéler les dessous scabreux de leur intégration, avec la dénonciation de toute la chaîne de complicité.
Par ailleurs, n’a-t-on pas coutume d’entendre que la jeunesse est le fer de lance d’un pays ; cela sous-entend une jeunesse bien formée, responsable et consciente de son rôle dans la construction de la nation.
Quel repère pour la jeunesse malienne ?
Il est temps que la jeunesse malienne reprenne confiance aux vertus de l’effort et du travail ; qu’elle consacre plutôt l’énergie et l’intelligence déployées à faire la courbette et le lèche-botte, à se remettre à niveau, à se perfectionner, sans quoi elle n’aura d’autre choix (avec son corollaire de mépris et de déconsidération) que de faire, successivement, le tour de tous les états-majors politiques (partout où le pré est vert), en fonction de la direction du vent.
Peut-on raisonnablement espérer construire un Etat, une nation, une République avec une telle jeunesse ?
Néanmoins, il faut reconnaître à la vérité, qu’une telle horde de cadres sans foi ni loi, une fois appelés à la soupe, sont capables de se battre contre vents et marées pour assurer à leur mentor le nombre de mandats présidentiels (de 3 à l’éligibilité à vie), la durée de mandat législatif qu’il souhaiterait… le régime déchu croyait-il avoir découvert la recette miracle en ignorant que le bonheur d’un groupuscule (lancé dans une course frénétique à l’enrichissement), au détriment de la paupérisation croissante du peuple, fera long feu !
En nota bene, ces mêmes cadres dévoyés (fidèles parmi les fidèles du prince du jour) sont des stratèges en retournement de veste ; ils sont d’une versatilité extraordinaire.
Alors, changez pendant qu’il est temps, sinon vous serez changés, le verdict du Tribunal de l’Histoire est implacable et sans appel ; cela n’arrive pas qu’aux autres.
Dieu bénisse le Mali !